Les utilisateurs de Facebook condamnent le Vietnam qui bloque l’accès au site

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Par Giang Nguyen, CNN

Le 30 décembre 2009 – Mis à jour à 23:39 GMT (07:39 HKT)

(CNN) – Une amie de nationalité américaine et faisant ses études au Vietnam a été la première personne à me parler de ses problèmes pour accéder au site de Facebook, cela remonte à novembre.

Très vite, les témoignages émanant du Vietnam sur ce problème se sont multipliés sur le net. Aujourd’hui, les utilisateurs de Facebook au Vietnam condamnent leur gouvernement qui a bloqué l’accès au site de réseau social.

Ma famille a toujours gardé des liens avec le Vietnam après avoir émigré depuis près de trois décennies. Avec internet et Facebook, c’était encore plus facile.

Avec quelques connections en ligne et un peu de Vietnamien, j’ai pris sur moi de discuter aux parties impliquées.

Parmi mes premiers contacts, il y a eu un blogueur vietnamien qui se fait appeler Diesebemol. A 50 ans, il gagne sa vie en tant que chauffeur pour des hommes d’affaires étrangers. Il n’a pas voulu me donner son vrai nom par crainte des représailles.

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Il m’a dit qu’il utilisait Facebook pour partager et débattre des questions sociales et politiques.

“Cela relève de la circulation d’information. Tout le monde peut s’exprimer (sur Facebook)”, dit-il. “Le gouvernement ne peut pas contrôler Facebook, donc il s’y oppose.”

Le gouvernement vietnamien réfute l’accusation.

M. Dang Anh Tuan, du Ministère de l’Information et des Communications, a déclaré à CNN : “Nous n’avons pas l’intention de bloquer l’accès au site Facebook.” Il a cependant reconnu que l’agence s’inquiète des activités de Facebook et que son utilisation par les internautes du Vietnam est contrôlée.

Les fournisseurs d’accès internet vietnamiens donnent à leur tour une série de raisons qui expliquerait ces problèmes d’accès au réseau, du problème technique au problème généré par le site Facebook lui-même.

Debbie Frost, un porte-parole de Facebook, situé à Palo Alto en Californie, a déclaré à CNN que le problème ne relevait pas de Facebook.

“Nous n’avons pas changé notre service ; nous ne l’avons pas rendu plus difficile d’accès ou n’avons pas fait de changement qui puisse affecter son service.”

Facebook ne fera aucun commentaire sur qui ou quoi est à blâmer concernant les problèmes d’accès que subissent de nombreux utilisateurs de Facebook au Vietnam.

Bien qu’il semble qu’aucun rapport public ne puisse valider la thèse que le gouvernement a donné l’ordre de bloquer le site, certains utilisateurs croient toujours que le gouvernement est responsable de leur problème.

Le Département d’État américain a soulevé la question auprès de ses homologues à l’ambassade vietnamienne à Washington et à Hanoï.

Une personne du Département d’État a déclaré à CNN : “Le département estime que la censure de Facebook au Vietnam est une menace à la liberté internet.”

“Nous sommes particulièrement déçus de constater que Facebook est constamment bloqué au Vietnam si tôt après ce dialogue,” écrit cette personne dans un courrier électronique, se référant au Dialogue de Droits de l’Homme au Vietnam tenu par l’agence et le Ministère des Affaires Etrangères du Vietnam en novembre.

L’accès irrégulier au site populaire avait d’abord été annoncé au même moment.

“Ils [le gouvernement vietnamien] ont peur du dialogue et Facebook, c’est du dialogue. Ils sont paranoïdes, qu’est-ce que je peux dire de plus.”
Blogueur bolsavik.com

Les fournisseurs d’accès à internet bloquent tour à tour l’accès au site, explique le blogueur Diesebemol, et le problème s’étend petit à petit aux autres fournisseurs. Le jour où je lui ai parlé, Diesebemol me disait qu’il ne pouvait pas avoir accès à Facebook par son fournisseur d’accès internet.

“J’utilise Netn@m et, eux, ils ont complètement bloqué l’accès à la page d’accueil de Facebook,” m’a-t-il dit. J’ai joint un technicien chez Netn@m qui m’a confirmé que la société rencontrait justement des problèmes de fourniture d’accès à Facebook.

Pham Phuong Lien, une étudiante de 22 ans en gestion d’affaires à Hanoï, a également reçu le redouté message “Accès Refusé” quand elle a essayé de se connecter.

Elle et d’autres amis utilisant Facebook ont cherché des façons alternatives d’accéder au site.

“Nous échangeons des adresses internet par email ou via messenger. En classe, nos profs nous les envoient ! Des fois ça marche, des fois non.”

Si blocage il y a, il peut être surmonté par des internautes hyper calés et ayant un peu de savoir-faire.

Sur Twitter, les blogs et même le concurrent vietnamien de Facebook, Zing Me, les utilisateurs ont partagé leur frustration, mais aussi les instructions utiles sur la façon de détourner le pare-feu.

Huy Zing, ex-pat américain et développeur de logiciels à Saigon, a posté sur son blog : “Il suffit d’un blocage partiel pour empêcher l’utilisation massive de Facebook.”

“Nous savons que c’est un travail en demi-pointe. Techniquement, le blocage n’est pas un blocage de haute qualité.” Explique-t-il. “Vous n’avez pas besoin d’avoir un blocage absolu pour étouffer l’opinion.”

Cependant, les obstacles mis en place en agacent plus d’un, les drogués de Facebook et les utilisateurs occasionnels, surtout parmi les ex-pat.

Leur première réaction a été : “Ca craint ! je ne vais pas rester dans ce pays !” a dit Zing. Alors pourquoi le gouvernement devrait-il s’inquiéter de Facebook ?

La porte-parole du gouvernement, Nguyen Phuong Nga, a déclaré lors d’une conférence de presse tenue le 3 décembre : “On a abusé de certains sites web sociaux pour transmettre des informations dont le contenu est contraire aux idées de la République Socialiste Démocratique du Vietnam,” a-t-elle dit. “… menaçant ainsi la sécurité de l’information et causant une mauvaise influence sur les utilisateurs d’internet.”

Mais pour certains vietnamiens, cela ne relève pas de la protection de l’Etat mais de la censure.

Nguyen Thanh Phong, un designer graphique à Hanoï, dit : “Peut-être que le gouvernement a peur de la nature expansive de Facebook et de la vitesse à laquelle les informations sont répandues ? Si elles vont trop loin, ils ne peuvent pas les contrôler.”

Alors que la communauté internet du Vietnam se méfie toujours de l’utilisation d’internet à plein régime, le gouvernement se trouve lui-même en plein dilemme, entre intérêts commerciaux et contrôle de l’information, pense le rédacteur de presse Vu Hao Nhien.

Le Gouvernement vietnamien a créé l’Agence de Gestion de la Radio, de la TV et des Informations Électroniques en 2008. Elle a pour fonction de surveiller toutes les activités sur internet.

En septembre 2009, huit blogueurs ont été jugés pour “propagande anti-gouvernementale”. L’organisation pour la liberté de presse Reporters Sans Frontières a annoncé qu’ils avaient été reconnus coupables et condamnés à des peines allant de deux à six ans de prison. La communauté des blogueurs pense qu’ils ont été pris pour cible parce qu’ils avaient commencé à s’organiser en dehors de leur temps de connexion.

Plus sophistiqué que des blogs, Facebook offre les dernières technologies en ligne en matière d’outils organisationnels, du groupe en passant par les pages de fans aux applications.

“Facebook, même s’il n’est pas un site politique, est un outil pratique et ludique qui permet aux gens qui l’utilisent de s’organiser et de se réunir,” dit Vu, le directeur de la rédaction de Nguoi Viet, le plus grand journal de langue vietnamienne publié à l’extérieur du Vietnam.

Vu, qui publie aussi le blog bolsavik.com, a créé la page de Facebook “Libérez Nguyen Tien Trung” réclamant la libération du militant pour la démocratie.

Mais les pages contraires à la politique gouvernementale sont rares sur Facebook.

Vu dit que les motifs de Hanoï sont beaucoup plus simples que cela. “Ils ont peur du dialogue et Facebook, c’est du dialogue. Ils sont paranoïdes, qu’est-ce que je peux dire de plus.”

Le blogueur Diesebemol est bien trop familier à cette réalité. “Les vietnamiens sont comme moi, c’est comment ça que je vis. Je parle quand ils me laissent parler. Je n’ai pas le droit de m’exprimer.”

Pas complètement résigné, il ajoute : “Pourtant, de temps en temps, je trouve un moyen de me connecter et je parle derrière leur dos.”

http://edition.cnn.com/2009/WORLD/asiapcf/12/25/vietnam.facebook/

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