Maître Huynh Van Dong s’exprime à propos des sept militants de Ben Tre jugés pour « tentative de renversement du gouvernement populaire »

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31 mai 2011

Me Huynh Van Dong : A mon avis, j’estime depuis le début, que ce procès a commis des infractions graves et manifestes à la loi. Nous [NDT les avocats de la défense] n’avons pas eu accès aux dossiers, ni le droit de faire des copies, encore moins d’en prendre connaissance selon les dispositions pourtant clairement régies par la loi, car le tribunal nous a empêché de suivre la procédure d’avant procès. Et devant la Cour, chacune de mes prises de parole ont été coupées par la Cour, ainsi qu’il l’avait été dans les autres procès. Vers la fin du procès, j’ai dû quitter la salle d’audience. J’ai été évacué par la sécurité publique hors du tribunal.

En tant qu’avocat de la défense, je voulais seulement démontrer à la Cour que les documents que l’état Vietnamien considère comme « réactionnaires » et « anti-étatiques » ne le sont pas. Ce sont des documents que l’organisation Viet Tan a remis aux accusés et qui contiennent les six lettres HS-TS-VN signifiant Hoang Sa [Paracel] – Truong Sa [Spratly] – Vietnam. La Cour et le Parquet considèrent que ces documents sont réactionnaires et moi je voulais simplement clarifier les choses et ré-affirmer notre souveraineté sur les archipels Paracel et Spratly.

Mais lorsque j’ai abordé la question des archipels, la Cour n’a pas voulu que je présente mes arguments. En tant qu’avocat de la défense, j’ai insisté et c’est alors qu’ils m’ont expulsé de la salle d’audience. Sur ce point, je veux bien qu’on me demande de quitter la salle, mais dans les faits, la Cour a demandé à la sécurité publique de me faire sortir manu militari. Je trouve l’attitude de la Cour extrêmement anormale.

BBC : Maître, des informations ont circulé comme quoi les prévenus n’ont pas reçu l’assistance juridique dont ils avaient droit. Confirmez-vous ces informations ?

Me Huynh Van Dong : Tout à fait. Parce que depuis le jour de leur arrestation jusqu’à hier, jour de leur procès, nous les avocats, étions les seuls autorisés à les rencontrer en prison. Mais durant tout le temps de l’enquête où ils ont été placés en détention provisoire, les prévenus n’ont pas été autorisés à rencontrer leurs familles ou leurs avocats [19].

Au niveau de la défense, lorsque les prévenus avouent les crimes portés contre eux et demandent l’indulgence de la Cour, le procès se déroule de manière un peu plus ouverte, avec un peu plus de possibilité pour s’exprimer durant l’audience. Mes clients, tous comme ceux de Me Cang [l’autre avocat de la défense], n’ont pas voulu reconnaître leur culpabilité et considèrent que leurs actions n’enfreignent aucunement la loi. C’est pourquoi la Cour ne les a pas autorisés à s’exprimer durant l’audience.

“Le verdict rendu par la Cour ne repose pas sur la loi vietnamienne.”
Me Huynh Van Dong

BBC : Que pensez-vous du verdict prononcé par la Cour ?

Me Huynh Van Dong : Le verdict rendu par la Cour ne repose pas sur la loi vietnamienne. Comme vous le savez, il y a dans ce verdict des peines sévères et d’autres plus légères. Les peines reflètent l’attitude de repentance ou non des prévenus. Etre poursuivi en justice pour ses actes ou être poursuivi pour ses opinions sont deux infractions totalement différentes. Le verdict prononcé ne repose pas sur des faits convaincants. Hier à l’audience, les prévenus n’ont reconnu que trois faits : premièrement, avoir adhéré à Viet Tan, deuxièmement, avoir participé à des sessions de formations sur la lutte non violente organisées par Viet Tan, et troisièmement, avoir reçu et distribué des documents comportant les lettres HS-TS-VN ainsi je vous l’ai dit tout à l’heure.

Utiliser ces trois faits pour prouver que les prévenus ont fomenté un complot pour renverser le régime, c’est vraiment faire porter le chapeau aux prévenus et lancer des allégations extrêmement lourdes contre eux. A mon sens, même devant la Cour, mes clients ne réalisent pas encore ce que cela implique de vouloir « renverser le régime ». Mes clients sont des agriculteurs, des maçons, des petits commerçants… comment pourraient-ils renverser l’état ?

Cette accusation est extrêmement lourde et injuste pour les prévenus.

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