Un blogueur emprisonné critique le gouvernement

Radio Free Asia

6 février 2013

Une note critique adressée au gouvernement émanant d’un blogueur vietnamien célèbre a pu sortir de prison.

Dans une requête sortie clandestinement de prison, le blogueur emprisonné le plus en vue du Vietnam critique les autorités communistes pour lui avoir imposé une peine sévère et s’interroge sur la pertinence des articles de loi sur lesquels il a été condamné. Nguyen Van Hai, l’un des membres fondateurs du site internet interdit, le ‘Club des Journalistes Indépendants’, dit également dans sa requête qu’il espère que l’Article 88 du Code pénal, qui est utilisé par le gouvernement communiste pour museler toute opposition, sera supprimé avant qu’il ne sorte de prison.

Une copie de la requête de Hai faisant appel de sa condamnation à 12 ans de prison en septembre de l’année dernière a été remise au Service vietnamien de RFA par le militant pour la démocratie Nguyen Quoc Quan. Américain d’origine vietnamienne, il a été libéré la semaine dernière par Hanoï après avoir passé neuf mois en prison pour subversion.

Hai, très connu sous son pseudonyme Dieu Cay (Pipe à eau), a confié sa pétition à Quan alors que, pendant deux semaines l’année dernière, ils étaient dans le même bloc de cellules.

Quan, craignant que les gardiens de prison ne s’emparent de la requête, a demandé à une autre personne de la faire sortir. Celle-ci a été remise à Quan à sa libération la semaine dernière.

Quan dit que les responsables de la prison avaient refusé de soumettre la requête en appel de Hai aux autorités et qu’il avait dû en reprendre les termes.

“Les termes employés pour la requête sont très forts et c’est pourquoi les autorités pénitentiaires n’ont pas voulu l’accepter”, a déclaré Quan à RFA au cours d’une interview suivant son retour en Californie.

“Ils lui ont dit d’en reprendre les termes. Il s’est alors disputé avec eux. Ils lui ont dit que s’il ne récrivait pas sa requête, ils ne la déposeraient pas [aux autorités supérieures]. C’est pourquoi il a récrit sa requête” dit Quan. “J’étais bouleversé quand je l’ai lu”.

‘Echec dans la construction d’une démocratie’

Dans sa requête, Hai dit que son procès “est la preuve évidente de l’échec de la construction d’une démocratie au Vietnam”.

Selon la requête, “la création du Club des Journalistes Indépendants fait de son mieux pour exercer la liberté de la Presse et la liberté d’expression, d’association et de réunion et ne viole pas la loi”.

Hai a rédigé sa requête un jour après avoir été condamné le 24 septembre pour avoir rédigé des articles politiques, dont des centaines d’articles postés en ligne. Sa requête a finalement été rejetée en décembre de l’année dernière.

Hai, qui, depuis 2008, est emprisonné sous diverses accusations, figure parmi les journalistes mentionnés par le Président américain Barack Obama lors d’un discours prononcé le jour de la Journée Mondiale de la liberté de presse en mai dernier.

Obama avait déclaré que la première arrestation du blogueur en 2008 avait “coïncidé avec la vague de répression massive sur le journalisme citoyen au Vietnam”.

Dans sa requête, Hai dit que l’Article 88, en vertu duquel il a été reconnu coupable pour “propagande contre l’état”, “disparaitra avant qu’il ne soit libéré”.

“Je pense qu’est le principal message” [de la requête], dit Quan, ajoutant que Hai avait voulu que l’original de sa requête soit rendue publique de sorte que les autorités vietnamiennes puissent subir des pressions et adopter des réformes politiques.

Hai voulait que l’Article 88 et plusieurs autres articles utilisés par le gouvernement vietnamien pour faire taire toute opposition soient “éliminés” du Code pénal, dit Quan.

Les articles de Hai avant son arrestation avaient critiqué les violations des droits de l’homme, la corruption et la politique étrangère au Vietnam.

Les autorités vietnamiennes ont emprisonné des dizaines de dissidents politiques depuis le lancement d’une vague de répression envers la liberté d’expression fin 2009. Beaucoup d’entre eux ont été accusés “de tentative de renversement du gouvernement”.

Source : Radio Free Asia