Q&R : Nguyen Quoc Quan d’Elk Grove nous parle de ses objectifs et grèves de la faim dans les prisons vietnamiennes

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1er février 2013

Par Stephen Magagnini (smagagnini@sacbee.com)

Nguyen Quoc Quan est heureux de goûter à la liberté après neuf mois dans une prison vietnamienne. Mais l’activiste pour la démocratie d’Elk Grove jure qu’il n’aura aucun repos tant que les citoyens du Vietnam communiste ne pourront s’exprimer librement.

“Pour le moment, je lutterai d’ici. Si je dois retourner au Vietnam, je le ferai”, a-t-il dit jeudi.

Nguyen a retrouvé sa famille mercredi soir à Los Angeles après avoir été expulsé par le gouvernement vietnamien, qui affirme que celui-ci aurait avoué les charges qui pesaient contre lui en vertu de l’Article 79, “activités visant à renverser l’administration du peuple”.

Champion de la lutte non violente dans l’esprit de Mahatma Gandhi et du Révérend Martin Luther King Jr., Nguyen nie avoir tenté de renverser le gouvernement. Pour lui, ses trois grèves de la faim en prison et sa libération sans procès reflètent le pouvoir de la protestation pacifique.

Il y a cinq ans, Nguyen avait été arrêté au Vietnam pour avoir essayé de distribuer 7.000 tracts pour la démocratie. Il avait passé six mois en prison, avait été reconnu coupable et avait été expulsé en 2008.

Comment avez-vous entendu parler de Gandhi et King ?

J’avais environ 12 ans au Vietnam quand mon beau-père m’a parlé d’eux et de ce qu’ils avaient essayé de faire. Quand je suis arrivé du Vietnam en Amérique en 1990, beaucoup de pays étaient passés de la dictature à la démocratie en se basant sur les préceptes de King et Gandhi. Alors j’ai lu encore plus sur eux et me suis dit que ce serait peut être une solution pacifique pour le Vietnam.

Quand ma femme et moi marchons dans Sacramento le Jour de Martin Luther King, je ressens la joie du pouvoir du peuple. Je pensais que je devais retourner au Vietnam, en les utilisant comme modèle.

Pourquoi y retourner alors que vous y avez déjà été arrêté ?

Après mon procès, je suis allé directement voir le juge et lui ai demandé quand je pourrais revenir. Il m’a répondu dans un an ou deux – qu’il me suffisait d’écrire une lettre et qu’il déciderait.

Ainsi, en 2010, j’ai légalement changé mon nom en Richard Nguyen, en référence à mon professeur de mathématiques en Caroline du Nord, Richard Chandler.

Muni de mon nouveau passeport américain, j’ai passé six semaines au Vietnam en 2011, à rechercher comment faire pour que les gens deviennent de bons citoyens dans un environnement démocratique. En avril 2012, j’y suis retourné.

Je savais que ce que je faisais n’avait rien d’illégal, mais je savais aussi que je pourrais être arrêté. J’avais prévu de devenir un témoin contre la détention arbitraire.

J’ai atterri à 11 heures du matin, ai été arrêté avant midi et on m’a demandé si j’étais bien Quan Nguyen. J’ai répondu “oui” et ils m’ont directement conduit en prison.

Qu’avez-vous fait en prison ?

Ils m’ont servi la même nourriture qu’avant – un bol de riz, un bouillon clair avec quelques légumes et un petit morceau de poisson ou de viande. Mais je pouvais survivre.

Je faisais 150 pompes par jour. Puis j’ai entamé une grève de la faim et ne demandais que trois choses : je voulais qu’on me donne les livres que ma femme avait confiés au Consulat américain pour moi. Deuxièmement, je voulais qu’on me rende les documents et les quelques livres que j’avais rapportés avec moi des Etats-Unis. Troisièmement, je devais voir mes avocats parce que la procédure d’investigation était terminée. J’avais un avocat officiel. J’en ai demandé deux d’autres qui eux aussi ont été envoyés en prison du fait de leurs opinions. La loi dit que j’ai droit à un avocat en qui j’ai confiance, mais ils ne m’ont laissé voir personne.

Les grèves de la faim ont-elles marché ?

J’ai adressé une lettre au chef de la prison lui rappelant mes droits et l’informant de mes intentions. En octobre, je ne buvais que de l’eau et le quatrième jour ils m’ont donné les livres du consulat.

J’ai ensuite entamé une seconde grève de la faim qui a duré 12 jours. Le troisième jour, ils m’ont rendu mes livres et mes papiers, mais j’ai continué à ne pas m’alimenter.

Le 12ème jour, j’ai déposé une requête juridique auprès du tribunal demandant pourquoi ils ne m’avaient pas fourni d’avocat. Ils avaient 15 jours pour répondre et, comme ils ne l’ont pas fait, j’ai entamé une troisième grève de la faim le jour de mon anniversaire. Cette fois-là, je n’ai ni mangé ni bu pendant huit jours et ai presque abandonné. J’ai pensé que je terminerais à l’hôpital. Heureusement, le huitième jour j’ai enfin rencontré mon avocat.

Qu’espériez-vous prouver ?

Je voulais être un exemple, montrer à la cour et dire au juge que je n’avais pas l’intention de renverser quoi que ce soit, et démontrer que la lutte non violente est la bonne manière de faire bien les choses pour les peuples de tous les pays. Ils ont arrêté mon procès au 22 janvier, puis l’ont ensuite reporté parce que les trois témoins à charge était jugés à Hanoï. Ils faisaient partie des 17 personnes que j’allais former pour être les leaders de demain.

Je ne voulais avouer aucune subversion. J’ai effectivement signé une lettre disant que je voulais être avec ma famille et mes amis et ils m’ont libéré le 30 janvier. Je sais que le gouvernement américain a fait beaucoup de pression et que les Vietnamiens du monde entier en ont parlé. C’est ce qui m’a donné de la force.

Votre libération signifie-t-elle un nouveau jour pour le Vietnam ?

J’espère que c’est le signe que quelque chose a changé, que les procès injustes seront reconsidérés. Quand des citoyens vietnamiens font ce que j’ai fait, la loi vietnamienne les traite différemment. Il n’est pas normal qu’une personne soit libérée pour avoir fait la même chose qu’une autre personne qui doit passer 12 ou 13 ans en prison.

Comment avez-vous survécu en prison ?

J’ai beaucoup pensé à ma femme. Quand vous vous mariez, vous pensez que vous devez renoncer à votre liberté, mais avec ma femme, j’ai la liberté d’aller en prison. Elle me comprend. Elle connaît mon rêve.

Nous pensons gagner beaucoup quand nous choisissons de perdre. J’ai choisi de renoncer à ma liberté pour avoir plus de liberté. Je ne me vois pas en héros. J’ai toujours agi comme une personne ordinaire qui de par ses actions veut faire les choses bien.

Je suis épris de démocratie et de liberté parce que je vis en Amérique. Je n’en comprenais pas la valeur avant de venir ici. Maintenant, je veux rembourser ma dette. Si je peux le faire, je pense que je me sentirai vivant.

Source : The Sacramento Bee

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