Retard dans le calendrier des réunions : signe d’un refroidissement des relations entre le Vietnam et les Etats-Unis

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11 décembre 2012

HANOI, Vietnam — Les États-Unis et le Vietnam, anciens ennemis partageant les mêmes inquiétudes concernant le développement de la Chine, se rendent compte qu’un point — celui des droits de l’homme — les empêche de devenir plus proches.

La tension entre les états est reflétée par le retard pris dans l’organisation de la réunion annuelle entre Washington et Hanoï sur les questions des droits de l’homme. Cette rencontre avait lieu chaque année depuis 2006, mais la dernière qui s’était tenue en novembre 2011 n’avait guère abouti, et un représentant du Département d’Etat a déclaré que les deux parties se « paramétraient » afin de pouvoir progresser lors de leurs prochaines discussions.

Les États-Unis sont exaspérés par les récentes mesures de répression du Vietnam sur les blogueurs, les activistes et les groupes religieux qu’il considère comme une menace sur son emprise et son pouvoir et par la détention pour subversion d’un citoyen américain qui est passible de la peine de mort.

« Nous ne voyons pas les améliorations que nous aimerions voir » a indiqué le représentant du Département d’État la semaine dernière sous couvert d’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à faire de déclaration. « Nous aimerions voir des actes concrets. »

Le retard dans la tenue de la conférence, qui se tiendra à Hanoï, ne pourrait être qu’une question de semaines. Mais il souligne le fait que la dégradation du traitement des dissidents ces deux dernières années au Vietnam a rendu difficile tout effort pour renforcer les liens avec les États-Unis.

La porte-parole du Ministère vietnamien des affaires étrangères Luong Thanh Nghi a indiqué que les dialogues concernant les droits de l’homme avaient « contribué à renforcé la confiance » entre les deux pays et que les deux parties étaient en pourparlers sur le calendrier de la prochaine réunion. Un porte-parole de l’’Ambassade des Etats-Unis a également déclaré que leurs pays discutaient du calendrier.

Tout comme Washington, le Vietnam souhaite consolider leurs relations commerciales et de défense, mais les États-Unis disent que le Vietnam doit apporter des améliorations en matière de droits de l’homme. Certains membres influents du Congrès font également pression sur l’administration Obama pour être plus sévère vis-à-vis de Hanoï s’agissant de la répression envers le dissentiment et la liberté de religion.

Les relations entre le Vietnam et les Etats-Unis se sont nettement améliorées ces dernières années, en grande partie du fait que tous deux partagent les mêmes inquiétudes concernant la croissance insolente de la Chine en Asie du Sud-Est. Leurs intérêts stratégiques communs sont clairement reflétés par la politique américaine en Mer de Chine méridionale, où les revendications territoriales de Pékin se heurtent à celles du Vietnam et de quatre autres pays de la région. Depuis la chute de l’Union Soviétique, le Vietnam a ouvert son économie, mais n’a pas accordé de liberté religieuse ou politique à ses 87 millions de citoyens. Les États-Unis et le Vietnam ont rétabli leurs relations diplomatiques en 1995, soit 20 ans après la fin de la Guerre du Vietnam et ce rapprochement s’est accéléré lorsque le Président Barack Obama a donné la priorité au renforcement des liens avec l’Asie du Sud-Est.

Les mesures de répression au Vietnam ont fait suite au ralentissement de leur économie autrefois solide. Les analystes disent que les autorités de Hanoï sont sur la défensive et n’acceptent aucune critique interne concernant sa politique économique, les scandales de corruption et les luttes intestines, qui ont été répandus sur le net, hors de leur contrôle.

L’année dernière, le Vietnam a arrêté plus de 30 activistes pacifiques, blogueurs et dissidents, selon Human Rights Watch. Cette année, 12 activistes ont été condamnés au cours de procès très courts, généralement des procès d’une demi-journée, et condamnés à des peines de prison exceptionnellement longues. Sept autres sont en attente de procès. Le pays prépare également des lois pour réprimer les libertés sur internet.

« Les luttes intestines du Parti ont remporté sur le tout » a déclaré Carl Thayer, un expert sur le Vietnam de l’Université de New South Wales. « Ils sont tellement obsédés par la critique qu’ils ne se soucient même pas des États-Unis. »

La détention et le procès imminent de l’activiste américain pour la démocratie Nguyen Quoc Quan démontrent clairement qu’Hanoï refuse d’écouter les préoccupations américaines concernant les droits de l’homme.

Quan, 59 ans, a été arrêté à l’aéroport de Hô Chi Minh-Ville en avril alors qu’il arrivait des États-Unis, où il vivait après avoir fui le Vietnam en bateau quand il était jeune. La famille et les amis de Quan disent qu’il est membre dirigeant du Viet Tan, un groupe pro-démocratie non violent considéré comme terroriste par les autorités vietnamiennes. Il avait déjà été détenu au Vietnam pendant six mois en 2007.

Les autorités ont d’abord accusé Quan de terrorisme, mais il est maintenant accusé de subversion contre l’Etat, qui est passible d’une peine allant de 12 ans de prison à la peine de mort.

Maintenant que l’instruction est terminée, son procès devrait être imminent. Les dates d’audience ne sont généralement divulguées que quelques jours à l’avance.

Selon une copie de l’acte d’accusation obtenu par Associated Press, Quan aurait rencontré des activistes vietnamiens sympathisants en Thaïlande et en Malaisie entre 2009 et 2010 et discuté de sécurité internet et de résistance non violente. L’acte d’accusation indique qu’il s’est rendu au Vietnam en 2011 sous un passeport au nom de Richard Nguyen, et qu’il y a recruté quatre autres membres de Viet Tan. Sa femme ne nie aucunement que Quan veut changer le système politique du Vietnam.

« Il voulait parler aux jeunes et leur faire intégrer l’idée d’une démocratie au Vietnam » a indiqué Huong Mai Ngo lors d’un entretien téléphonique en direct de Sacramento avec Associated Press. « Il a vécu aux États-Unis. Ici, il a pu jouir de toutes les libertés. Il voulait que eux aussi connaissent ça. »

Les membres du congrès ayant de grandes circonscriptions électorales vietnamiennes-américaines font pression sur l’administration Obama. Frank Wolf, membre de la chambre des représentants des États-Unis et éminent critique, affirme que le gouvernement a négligé les droits de l’homme tout en cherchant à nouer des relations économiques et de sécurité. Avec trois collègues Républicains, le représentant de la Virginie a exigé le renvoi de l’Ambassadeur américain David Shear, l’accusant de ne pas avoir invité les militants pour la démocratie et les droits de l’homme lors des cérémonies du 4 juillet à l’Ambassade américaine à Hanoï alors qu’il avait assuré qu’il le ferait.

« L’approche de l’administration a été un désastre. Tout ce dont ils se soucient concerne l’économie ou la défense » a déclaré Wolf, qui a aussi pris Shear pour cible parce qu’il n’avait pas rendu visite à Quan en prison. « Les Droits de l’homme et la liberté religieuse devraient être notre priorité numéro un. »

Les représentants américains ont rendu cinq fois visite à Quan en prison, surtout récemment fin septembre.

« Nous pensons que personne ne devrait être emprisonné pour avoir exprimé pacifiquement ses opinions ou ses aspirations politiques pour un avenir plus libre, plus démocratique et plus prospère » a indiqué le porte-parole de l’’ambassade Christopher Hodges. « Nous continuons à interpeller le gouvernement vietnamien afin que cette affaire soir résolue rapidement et de manière transparente. »

Wolf et les autres législateurs intéressés par le Vietnam n’ont guère de mot à dire dans l’établissement des négociations, mais peuvent rendre la vie difficile à l’administration Obama. Wolf a laissé comprendre qu’il pourrait proposer des amendements pour budgétiser la législation et mettre plus de pression sur l’administration concernant sa politique au Vietnam. Wolf est un membre éminent de la toute puissante Commission des Finances, qui supervise l’essentiel du budget fédéral.

Les États-Unis ont une certaine influence s’ils voulaient essayer d’obtenir une amélioration du Vietnam en matière de droits de l’homme : le Vietnam est l’un des principaux bénéficiaires de l’’aide américaine en Asie et négocie actuellement un accord de libre-échange avec Washington et sept autres pays.

Le gouvernement vietnamien a refusé de faire des commentaires sur les accusations portées contre Quan, mais Hanoï est conscient des sensibilités américaines dans cette affaire. Beaucoup d’observateurs disent que Quan va probablement être reconnu coupable, mais condamné au temps qu’il aura déjà passé en prison et qu’il sera rapidement expulsé, mais même cela peut être de nature à augmenter la pression du Congrès sur la Maison Blanche afin de conditionner l’accord commercial et l’aide américaine à l’amélioration des droits de l’homme au Vietnam.

Selon Linda Malone, professeur à l’école de droit William and Mary qui conseille le conseil local de Quan sur sa défense : « Ce serait un désastre pour le Vietnam s’ils condamnaient sévèrement un citoyen américain pour avoir défendu les droits de l’homme de manière pacifique. » « Ils perdront du terrain sur ce qu’ils cherchent à promouvoir. »


Matthew Pennington de Washington.

Source : Washington Post

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