Un Vietnam Pas Si Moderne

Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print
Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print

30 mars 2007

JPEG - 32.6 ko

Le mouvement pour la démocratie au Vietnam marquera bientôt l’anniversaire d’un manifeste et la naissance d’un nouveau mouvement de défense des droits de l’homme. Très naturellement, Hà Nôi marque l’événement en arrêtant des militants, dont cinq doivent comparaître devant le tribunal aujourd’hui. L’ouverture économique du Vietnam tant annoncée peut bien se poursuivre rapidement, dans le domaine politique rien n’a changé chez les chefs du parti communiste.

Cette histoire commence voici un an, alors que le Vietnam était sur le point d’accéder à l’Organisation Mondiale du Commerce et se préparait à accueillir en novembre le sommet de la Coopération Économique Asie-Pacifique (APEC en anglais, NDLR). Pour améliorer son image internationale avant la visite du Président Bush et d’autres personnalités du monde entier pour la réunion de l’APEC, le gouvernement relâcha doucement son étreinte sur ses opposants politiques.

Les dissidents ne tardèrent pas à en tirer avantage. Le 6 avril, 116 personnes signèrent une lettre ouverte exigeant la fin du parti unique et encourageant les partis clandestins à se montrer en pleine lumière. Puis, le 8 avril, fut publié un manifeste exigeant des libertés fondamentales pour les vietnamiens. Nous en réimprimons des extraits.

L’année dernière, la lettre et le manifeste suscitèrent un grand mouvement pour la démocratie, connu sous le nom de « Bloc 8406 ». Le message au gouvernement communiste était clair : Le Viêt Nam peut bien avoir encore un gouvernement à parti unique, ce n’est plus un pays à parti unique.

Une fois acquise l’accession à l’OMC, une fois repartis chez eux les participants étrangers à l’APEC, la répression s’abattit le 16 février, à la veille des vacances du Têt. Le harcèlement du gouvernement frappa des membres de groupes tels que l’Alliance pour les Droits de l’Homme et la Démocratie au Viêt Nam, du Parti Populaire Démocrate et du Comité pour les Droits de l’Homme au Viêt Nam. On dit qu’un pasteur protestant, Nguyen Cong Chinh, et son épouse furent battus par la police avant qu’il fût arrêté. Dans certains cas les dissidents ne furent tenus et interrogés que durant quelques heures. D’autres furent emprisonnés et le restent encore. Certains sont assignés à résidence. Beaucoup furent « seulement » menacés de poursuites. Plusieurs disparurent, dont on ignore le sort.

JPEG - 2.8 ko
L’avocat Le Quoc Quan est emprisonné depuis le 8 mars 2007, moins d’une semaine après son retour des Etats-Unis.

Le comportement indigne de Hà Nôi a même ému les États-Unis. Le Quoc Quan fut arrêté le 8 mars, quatre jours après son retour au Viêt Nam, alors qu’il venait de la Fondation Nationale pour la Démocratie (National Endowment for Democracy – N.E.D.) à Washington, où il avait effectué une recherche sur le rôle de la société civile dans les démocraties naissantes. Le Président Carl Gershman a déclaré sur le site Web de la N.E.D. « C’est une insulte profonde faite aux États-Unis que le régime vietnamien harcelle quelqu’un de cette façon alors qu’il a juste participé à un programme de discussions entre citoyens soutenu par le Congrès des États-Unis et le Département de l’État. »

L’église catholique est également frappée. Lors de la répression de février, la cure d’un prêtre catholique a été mise à sac, celle du père Nguyen Van Ly, 60 ans, un des fondateurs du Bloc 8406. Le père Ly fut transféré dans une paroisse rurale distante en attendant son procès ; il fait partie des cinq accusés qui feront face à la « justice » vietnamienne aujourd’hui. Parmi les autres, dont les noms figurent ci-après, se trouve une femme de 21 ans, un professeur et un électricien.

JPEG - 72 ko
Procès du 30 mars 2006 : un policier empêche le père Nguyen Van Ly de crier.

La répression politique est une vieille manie pour le gouvernement vietnamien. Mais la dernière vague d’arrestations est différente parce qu’elle suit une année où Hà Nôi essaya de présenter le « nouveau » Viêt Nam au monde extérieur. Et là réside peut-être le côté positif de cette histoire : puisque Hà Nôi est de plus en plus sensible à son image vis à vis de l’étranger — et parce qu’elle recherche l’investissement étranger — le monde libre dispose d’un moyen de pression considérable. L’histoire récente montre que Hà Nôi est sensible à la pression internationale.

En 2004, Hà Nôi fut embarrassée que Washington inscrivît le Viêt Nam sur la liste des « pays particulièrement préoccupants » pour non respect des libertés religieuses. Le gouvernement atténua ses attaques les plus choquantes contre la religion telles que le renoncement à la foi imposé à des croyants et l’interdiction de maison-églises ; il alla même jusqu’à signer un accord avec les États-Unis en mai 2005 dans lequel il promit de bien se comporter. Comme récompense, le Viêt Nam fut retiré de la liste peu avant le sommet de l’APEC de l’année dernière.

Les leaders du monde s’intéressent à nouveau activement à la situation difficile des dissidents du Viêt Nam. La Secrétaire d’État Condoleezza Rice souleva la question au cours des réunions récentes à Washington avec le ministre des Affaires étrangères du Viêt Nam. Un groupe de membres du Congrès des États-Unis appartenant aux deux partis présenta une résolution conditionnant les liens avec le Viêt Nam à son « adhésion à la règle de la loi et à son respect des libertés religieuses et d’expression. »

En Europe, un groupe de parlementaires suédois voyagea récemment au Viêt Nam, et y rencontra des membres de familles de certains des dissidents emprisonnés. Quand une délégation du Vatican visita le Viêt Nam ce mois-ci, son chef évoqua avec des fonctionnaires le problème du père Ly. En Europe, les militants défenseurs des droits de l’homme rapportent l’inquiétude de certains membres du Parlement européen à Bruxelles. La seule grande organisation internationale qui semble indifférente est celle des Nations Unies ; le Viêt Nam reste nommé pour 2008-09 à un siège tournant au Conseil de sécurité.

JPEG - 51.2 ko
De gauche à droite : Le Thi Le Hang, Hoang Thi Anh Dao, Tran Binh Thanh et Nguyen Phong

Cette semaine le gouvernement de Hà Nôi a cédé à la pression sur au moins un point, annonçant qu’il cessera d’assigner à résidence, sans procès et indéfiniment, des dissidents. Le gouvernement avait privilégié cette méthode depuis qu’il avait efficacement isolé les fauteurs de troubles politiques tout en évitant la publicité d’un procès. La nouvelle politique semble être le résultat des pression extérieures. Une analyse faite par le gouvernement en septembre aurait conclu que cette méthode « a montré beaucoup de limites dans le contexte de l’intégration internationale récente. »

Les cinq démocrates qui sont jugés aujourd’hui sont accusés de menacer l’État vietnamien car ils exigent le respect des droits que les citoyens des pays libres considèrent comme acquis. Ces dissidents et tous les vietnamiens épris de liberté méritent le soutien du monde libre.


– Lire l’Appel pour le pluri-partisme du 6 avril 2006

– Lire le Manifeste 2006 pour la Démocratie et les Droits de l’Homme au Viêt Nam du 8 avril 2006

Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print

Derniers articles

Action collective pour les îles Paracel et Spratly

Aujourd’hui, la communauté internationale s’accorde à dire que la République populaire de Chine mène des actions de plus en plus agressives dans la région indo-pacifique, notamment en mer de Chine méridionale. Ces hostilités ont commencé il y a 49 ans avec l’invasion chinoise des îles Paracels (Hoàng Sa) le 19 janvier 1974,