Une citation tronquée de l’archevêque d’Hanoi irrite des vietnamiens

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Hanoi (DPA Lundi 22 Septembre 2008 11:47:58 GMT) – Alors que les protestations catholiques se poursuivaient ce lundi après la décision du gouvernement de dégager une parcelle de terrain revendiquée par l’archidiocèse de Hanoi, la sympathie des non-catholiques pour ce mouvement a été ébréchée par une déclaration de l’archevêque de Hanoi, Mgr Joseph Ngo Quang Kiet, citée partiellement et hors de son contexte par la presse d’état. Plusieurs organes de presse du Vietnam contrôlés par le gouvernement ont cité Kiet comme ayant dit samedi au Comité populaire de Hanoi, le Conseil municipal de la ville, qu’il se sentait « honteux de porter un passeport vietnamien. »

La citation a été sortie hors de son contexte. Kiet a dit au Comité que lorsqu’il voyageait à l’étranger, il se sentait souvent « humilié en portant un passeport vietnamien parce que partout où que nous allions, nous sommes toujours fouillés » par les agents des douanes, à la différence de citoyens japonais.

« J’espère que le Vietnam deviendra un nation forte, unie de sorte que nous soyons respectés partout dans le monde », poursuit Kiet.

Certains vietnamiens, qui ont lu la citation tronquée dans les journaux semblent avoir été offensés par celle-ci.

« Il ne devrait pas dit cela, parce qu’il est vietnamien », déclare Nguyen Thanh Hai, 34 ans, un professeur à l’Université nationale de Hanoi. « En tant que vietnamien, même si son pays est pauvre, il ne doit pas déprécier son pays. »

Les tensions ont été vives entre le gouvernement et l’église au cours du dernier mois, et le gouvernement se montre de plus en plus sévère contre les manifestants catholiques qui exigent la restitution deux anciennes propriétés de l’église à Hanoi.

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Vendredi, le gouvernement a envoyé la police et des tractopelles pour dégager un terrain au numéro 42 rue Nha Chung, dans le centre ville de Hanoi, le site de l’ancienne nonciature papale. L’hiver dernier, des centaines de catholiques ont campé sur ce site et érigé un sanctuaire à la Vierge Marie, exigeants qu’il soit restitué à l’église.

Le gouvernement du Vietnam affirme que le terrain a été légalement donné au Comité populaire de Hanoi en 1961, lorsque le pays avait une économie socialiste de style soviétique. Un décret de 2003 statut que le gouvernement ne rouvrira pas les litiges de propriété qui sont antérieurs à 1991, lorsque le pays mis en place une nouvelle loi foncière dans le cadre de son évolution vers une économie de marché.

Le gouvernement dit qu’il a offert l’Eglise d’autres parcelles de terre pour répondre à ses besoins, mais l’Eglise insiste sur celle située au 42 rue Nha Chung.

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Vendredi, à l’arrivée des équipes de travaux, des centaines de catholiques ont répondu en se massant dans la rue en face du site. Dimanche matin, des milliers de personnes ont formé une masse à côté du Cathédral St. Joseph, remplissant la place en face de l’église. Ces protestations publiques sont extrêmement rares au Vietnam, où le Parti communiste est le seul parti politique légal.

Dimanche, le Comité populaire a envoyé un avertissement écrit à Kiet pour qu’il cesse d’encourager ses paroissiens de faire pression sur le litige foncier, et l’accusant d’avoir violé l’Ordonnance sur les religions du pays.

Le Père Pham Anh Dung, vice-chancelier de l’archidiocèse, a déclaré lundi que la brusque décision du gouvernement de défricher le terrain viole les promesses faites au cours des négociations en mars pour son restitution à l’église.

« Le problème était encore en discussion, et subitement le 18 septembre, le Comité Populaire de Hanoi a décidé de transformer le terrain sans demander notre avis », déclare Dung. « Je pense qu’ils sont en train de voler nos terres, et nous sommes très en colère. »

Dimanche, une foule de plusieurs milliers de personnes s’est rassemblée pour la messe du matin à côté de la cathédrale Saint-Joseph. Plusieurs dizaines de catholiques ont continué de veiller lundi dans la rue Nha Chung, de l’autre côté des équipes de travaux du gouvernement. Ils ont exprimé leur colère contre le traitement de l’archevêque par le gouvernement.

« Les médias locaux ont déformé la vérité », a déclaré Maria Nguyen Thi Tuyet, 37 ans. « La vérité est toujours la vérité. Nul ne peut se prétendre au nom de la justice pour déformer la vérité. »

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Restranscription de l’intégralité des propos de l’archevêque NGO Quang Kiet, devant le Comité Populaire de Hanoi le 20 septembre 2008. La citation tronquée apparaît en bleue. NDLR

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Je remercie beaucoup monsieur le président du Comité Populaire de la Ville d’Hanoi (maire, NDLR) pour nous avoir accordé cette audience, à la fois solennelle, ouverte et sincère. Les paroles de la conclusion de monsieur le président sont très belles et nous tous, souhaitons l’harmonie et l’unité de la population. Cependant, pour que l’harmonie et l’unité existent, il ne faut pas seulement des bons sentiments mais aussi de la justice. Un proverbe français dit que les bons comptes font les bons amis. Si vous voulez que des amis se comportent bien ensemble, il faut aussi de l’équité et non pas seulement de bons sentiments. Pour cette raison, je souhaiterais répondre en quelques mots à monsieur le président.

Tout d’abord, vous avez dit : « Le Comité Populaire a créé beaucoup de conditions favorables pour l’Eglise durant ces dernières années, en particulier à Noël… » Nous reconnaissons qu’il y eu ces dernières années beaucoup de conditions favorables. Mais lorsqu’on dit que ce sont des conditions favorables, on pense encore que c’est une faveur que vous nous accordez. Mais la liberté de culte est un droit que chaque citoyen peut bénéficier. Et l’état, qui est pour le peuple et par le peuple, a la responsabilité de créer ces conditions pour ses citoyens et ce n’est pas une faveur que nous vous quémandons. La liberté religieuse est un droit et non pas une faveur que « vous nous accordez ».

Deuxièmement, monsieur le président a dit que toute résolution doit reposer sur la loi, les sentiments humains et le civisme. Je suis tout à fait d’accord avec cela. Et dans la réalité, nous devons nous y conformer. Sur le plan légal, nous devons respecter la loi et tout doit reposer sur des fondements juridiques. Monsieur le président a dit : « Durant des milliers d’années, on n’a jamais su à qui appartenaient les terrains. Et lorsqu’est arrivée l’époque de la christianisation, vous avez reçu un titre de propriété et nous reconnaissons ce titre. » Au moins lorsque les gens reçoivent un titre de propriété, la situation devient claire. Et si le régime politique venait à changer, on peut changer la valeur de ce titre. Mais si cela n’a pas été le cas, alors il est toujours actif. Nous disons qu’au numéro 42, nous n’avons jamais reçu de courrier officiel de l’état nous informant que nous ne sommes plus propriétaires des lieux. Notre terrain n’entre pas dans le cadre des réformes foncières, ni dans celui des réformes agraires [menés dans les années 50 et 60 au Nord-Vietnam, où les propriétés privées ont été nationalisées – NDT]. Aucun texte officiel n’a dit que notre terrain a été saisi et remis à tel ou tel organisme de l’état. Rien du tout. Au niveau élémentaire, nous devons avoir des papiers officiels pour officialiser la situation. Sinon, il suffirait qu’un voleur s’installe dans votre maison sans le moindre papier et si nous n’avons pas la capacité de l’expulser, alors il deviendrait de facto le nouveau propriétaire ? Il nous faut des papiers, des textes officiels. Et sur ce point, nous ne sommes pas satisfaits de la réponse que vous avez fournie à propos du numéro 42. Nous devons vivre dans la loi, avec des textes de l’état. Ce régime peut changer. Le prochain régime peut changer mais les titres de propriété restent actifs tant qu’ils ne sont pas dénoncés. A propos du n°42, nous n’avons rien vu de tel.

Monsieur le président a encore dit qu’en dehors des arguments juridiques, il faut résoudre ce conflit avec les sentiments, en respectant les aspirations du peuple. Nous remarquons que ce n’est toujours pas le cas. Nous avons proclamé tant de fois nos aspirations, au moins à travers les 15 lettres de réclamations de l’archevêché d’Hanoi et du Conseil Episcopal. Nos aspirations sont légitimes mais n’ont jamais été prises en compte. Ce que monsieur le président a dit est très bien, encore faudrait-il l’appliquer.

Nous ne cherchons pas la confrontation avec l’état. La preuve est, comme l’a signalé monsieur le président, dans son bilan foncier, le père Nguyen Tung Cuong qui gérait alors l’archevêché, a dressé une liste de 95 propriétés de l’église. Et nous ne demandons pas la restitution de toutes ces propriétés car la plupart servent aux intérêts communs. Je prends l’exemple de l’école Hoan Kiem que nous n’avons jamais réclamé. De même pour l’hôpital Saint Paul, ou encore l’hôpital Bai Lao car ces biens sont utilisés dans l’intérêt général. Mais nous allons bientôt parler du cas de l’hôtel Lang Ha, car il est actuellement utilisé dans un but lucratif. Et l’ancienne Nonciature Apostolique qui a été transformé en salle de danse, en centre commercial. Nous réclamons ce bâtiment car il est redevenu un bien privé et pour cette raison, nous ne sommes pas en conflit avec l’état. Nous parlons avec la voix de la justice. Les écoles et hôpitaux ne sont pas réclamés car ils servent aux intérêts généraux.

En conséquence, nous nous permettons de rappeler que nous désirons ardemment construire l’unité nationale. Nous avons beaucoup voyagé à l’étranger, nous nous sentons humiliés quand nous portons le passeport vietnamien. Où que nous allions, nous sommes fouillés. Nous sommes très tristes de cette situation et nous voulons que notre pays soit plus fort. Il faudrait arriver à faire comme les japonais qui passent partout sans être examinés. Maintenant, les sud-coréens arrivent au même résultat. Quand au Vietnam, nous espérons que le pays se développe fortement dans une réelle et belle unité, afin que notre pays soit fort et que les vietnamiens soient respectés à l’étranger.

Mais nous ne pouvons pas nous contenter de bons sentiments. Il nous faut aussi de solides arguments fondés sur la justice. Encore une fois, nous remercions sincèrement monsieur le président et le Comité Populaire de Hanoi pour nous avoir réservé un accueil solennel et chaleureux. J’espère que nos futurs échanges permettront de mieux nous comprendre pour que notre ville Hanoi fête son millénaire dans la joie, digne d’une ville en paix et dans la justice, et qu’elle contribue au développement toujours plus fort de notre pays. Je vous remercie.

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