La crise de l’inflation au Vietnam est à craindre

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Les mesures prises par le gouvernement pour freiner l’inflation sont jugées insuffisantes

Par James Hookway

30 Mai 2008

L’accélération de l’inflation au Vietnam menace de se muer en une véritable crise, et il fournit un avertissement aux autres pays d’Asie qui tentent d’éteindre la flambée des prix.

Le gouvernement a déclaré cette semaine que le taux d’inflation en Mai a atteint 25,2% sur une base annuelle, contre 21,4% en avril et 14,1% en janvier. La réponse tardive du gouvernement constitue la grande partie du blâme. Lorsque le pétrole et les prix des produits alimentaires ont commencé à monter à la fin de l’année dernière, la Banque d’État du Vietnam, dans l’espoir de soutenir la croissance, a été lente à freiner les pressions inflationnistes en augmentant les taux ou en limitant de manière efficace les prêts irresponsables. Les efforts visant à maîtriser l’inflation se sont révélés inefficaces – comme un décrochage du dong par rapport au dollar, qui produit des effets inverses de ceux escomptés, en grande partie à cause des pratiques de prêt.

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Jusqu’à présent, les économistes disaient qu’il y avait peu de possibilités que les troubles du Vietnam se propagent aux autres économies asiatiques. Mais le Vietnam présente le pire des scénarii possibles de ce qui pourrait arriver dans la région si les banques centrales n’agissent pas rapidement pour freiner la hausse des prix à un moment où leur économie – à la différence de celles des États-Unis et d’Europe occidentale – montre encore une croissance solide.

Après un boom de la construction grâce aux faibles taux d’intérêt et une explosion des exportations en raison de la faiblesse de la monnaie locale ancrée au dollar, l’économie du Vietnam s’est retournée. L’indice principal du marché boursier est en baisse de 55% cette année, et le prix des biens sont en forte augmentation.

Morgan Stanley, dans un rapport émis mercredi 28 mai, a mis en garde que les pertes de créances ont généré une crise bancaire. Il prévoit que le dong, la monnaie du Viêt Nam, pourrait baisser de façon spectaculaire par rapport au dollar dans l’année à venir.

Le jeudi 30 mai, Fitch Ratings a abaissé ses perspectives du Vietnam pour la dette souveraine de « négative » à « stable ». La politique du pays suite à la hausse de l’inflation « a été à la fois trop lente et trop limitée », dit l’agence.

Au cours des dernières années, de nombreuses banques centrales asiatiques ont fait de la maîtrise de l’inflation leur principal objectif. Mais relativement peu d’entre elles sont véritablement indépendantes, ce qui les rend sujettes aux pressions politiques visant à maintenir la croissance économique.

Certains, comme l’Inde et la Chine, ont choisi d’absorber l’excès de liquidités dans leurs systèmes financiers en imposant de nouvelles réserves obligatoires à leurs banques au lieu de relever les taux d’intérêt à des niveaux qui pourraient impacter davantage l’économie que limiter l’inflation. D’autres attendent de voir si de meilleures récoltes alimentaires vont alléger la facture alimentaire, qui atteint 40% ou plus dans l’indice des prix du consommateur dans les pays comme l’Indonésie ou les Philippines.

L’expérience du Vietnam montre le danger d’attendre trop longtemps avant d’entreprendre une action décisive afin d’éviter l’inflation. « Ce qui se passe ici au Vietnam s’est produit ailleurs en Asie il y a 10, 20 ans », a déclaré Spencer White, un stratège et membre du conseil d’administration de Thien Viet Securities à Saigon. « Jusqu’à maintenant, il n’y a pas beaucoup d’intégration financière avec les autres marchés asiatiques, mais cela pourrait gâcher le grand appétit pour les marchés frontaliers. »

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Il y a un an, le Vietnam était la coqueluche des investisseurs mondiaux. Les banques internationales telles que HSBC Holdings PLC ont acheté des parts des banques locales. Les promoteurs immobiliers de la Corée du Sud et de Taïwan ont commencé à travailler sur de grands chantiers de constructions de bureaux à Hanoi et Saigon.

Les fabricants mondiaux se sont également rués dans le pays, en partie pour échapper à la hausse des salaires et le coût des terrains en Chine, mais également pour exploiter une main d’œuvre jeune et industrieuse qui a entre-aperçu la prospérité, après des années de guerre et de stagnation. L’année dernière, les sociétés étrangères ont investi 20 milliards de dollars dans le pays – un tiers de plus que dans la Thaïlande voisine – contribuant à la pression inflationniste en haussant le coût du terrain, les salaires des travailleurs qualifiés et les loyers de bureaux.

Les plus grands entreprises d’état ont commencé à se diversifier, dans l’espoir de devenir de puissants conglomérats et de rivaliser avec les entreprises étrangères qui ont commencé à arriver au Vietnam, suite à son adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce.

Certains hauts dirigeants du Vietnam ont interrogé le Premier ministre Nguyen Tan Dung sur sa détermination à mettre en place ces nouvelles entreprises, souvent avec des prêts bon marché accordés par les banques d’état. Vo Van Kiet, un ancien Premier ministre a écrit une lettre à M. Dung l’année dernière en disant que ces sont précisément les mêmes erreurs commises par la Corée du Sud, la Malaisie et d’autres qui ont conduit à la crise financière asiatique des années 1990.

Alors que les pressions inflationnistes ont commencé à augmenter l’année dernière, certains économistes du gouvernement disent que la banque centrale n’a pas envie de mettre fin au faible coût des prêts. « Une grande partie de la politique de la banque centrale est alimentée par le programme du gouvernement pour promouvoir le taux maximum de croissance économique possible, tout en faisant en sorte que les entreprises d’état jouent un rôle prépondérant dans l’économie dans les années à venir, » déclare un économiste vietnamien.

Les personnes familières avec la situation diront qu’au début de cette année, comme la hausse des prix a suscité des protestations et des grèves, M. Dung a chargé le gouverneur de la banque centrale, Nguyen Van Giau, d’agir plus agressivement pour contenir l’inflation.

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La banque centrale a élargi la bande de fluctuation dans laquelle le dong s’échange contre le dollar. L’idée était de libérer la monnaie locale de la baisse de la monnaie américaine et de permettre au Vietnam de mieux absorber les coûts plus élevés du pétrole. Au lieu de cela, la décision a déclenché une panique parmi une population qui pendant des années a utilisé le dollar comme une alternative à la lourdeur de la monnaie vietnamienne, dont le plus gros billet est le rarement vu 500 000 dong – qui vaut environ 30 dollars.

Certaines banques ont refusé d’échanger des dollars, et le prix des actions locales s’est effondré alors que les banques conservaient leurs dongs et refusaient de prêter de l’argent pour acheter des actions. En mars, M. Dung a abaissé l’objectif de croissance du Vietnam pour 2008 à 7%, au lieu des 8,5% pour aider à concentrer les efforts sur la lutte contre l’inflation.

Depuis lors, une flambée mondiale des prix des denrées alimentaires et d’une mauvaise récolte de riz ont fait empirer les choses. La banque centrale s’attend à ce que déficit de la balance courante du Vietnam – la différence entre les importations et les exportations de biens et de services – atteigne 7,5% du produit intérieur brut cette année, contre 5% en 2007. Le déficit de la balance courante en Thaïlande était de 6,5% du PIB lorsqu’elle a été contrainte de dévaluer le baht en 1997, ce qui a déclenché la crise financière asiatique.

Pendant ce temps, les Vietnamiens vident leurs comptes bancaires et achètent de l’or. Certains ont également commencé à amasser des dollars à titre de couverture contre l’inflation.

Le prix des appartements à Saigon, la capitale économique du pays, ont diminué de moitié depuis le début de cette année, d’après les médias locaux. Morgan Stanley estime la croissance des prêts est montée à plus de 35% par an et l’exposition du marché immobilier est d’environ 10% du total des prêts.

http://online.wsj.com/article/SB121206638209529225.html

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