Déplacements officiels et droits de l’homme

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Fin des voyages dans des dictatures pour les conseillers administratifs ?

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On se souvient que Christian Ferrazino et André Hédiger, alors qu’ils occupaient successivement le fauteuil de maire de Genève, avaient rivalisé de gentillesse à l’égard des dirigeants communistes vietnamiens : voyages officiels, accueil de délégations à Genève, signature de traités d’amitié et de coopération… Tandis que Manuel Tornare revient lui aussi du Vietnam, une motion lancée par le chef de groupe radical Simon Brandt vise à interdire désormais aux magistrats de voyager dans des pays pas ou peu démocratiques, sauf si l’ensemble du collège exécutif l’approuve expressément

Condamné pour ses multiples violations des droits humains, l’absence de liberté syndicale et de presse, et pour tant d’autres signes tangibles d’un régime à la fois corrompu par l’argent et arc-bouté autour de son seul parti légal – le PC – et de sa police politique, le Vietnam vient encore de se signaler en occupant la queue du classement de Reporters sans Frontières en termes de liberté de la presse (en compagnie de Cuba, de la Corée du Nord et de la Birmanie…) et, tout récemment, en arrêtant six militants des droits de l’homme dont une journaliste française très connue à Genève (voir page 13).

Le jeune chef de groupe radical au Conseil municipal, Simon Brandt, a cru rêver lorsqu’il a appris coup sur coup que le conseiller administratif Manuel Tornare avait passé quelques jours au Vietnam, que le sinistre premier ministre de Birmanie – pays légitimement au ban de l’humanité en ce moment – avait été accueilli en grande pompe par le même Vietnam deux ou trois jours plus tard, et enfin que des défenseurs de la démocratie, dont une journaliste française, avaient été jetés en prison le 17 novembre. Symbole lourd de sens puisque l’un des initiateurs de la « mode vietnamienne » sévissant chez certains magistrats depuis 2004 – anniversaire des Accords de Genève de 1954, qui avaient de fait livré la moitié Nord du pays aux communistes – n’est autre que le député démocrate-chrétien Guy Mettan, président du Club suisse de la Presse !

Soutien de l’Entente

Libéraux, démocrates-chrétiens et radicaux, ainsi qu’au moins un élu « vert », appuient la motion du conseiller municipal radical. Celle-ci constate notamment que « le degré de liberté de la presse est un indicateur du respect des droits humains dans un pays » et invite le Conseil administratif à « cesser les voyages officiels dans des pays condamnés pour violation des droits de l’homme ou de la liberté de la presse ayant une notation supérieure à 60 dans le classement 2007 de Reporters sans Frontières, sauf si un intérêt prépondérant le demande et que celui-ci est soutenu par l’ensemble de l’Exécutif » et à « ne permettre à l’un de ses membres de voyager dans un pays de ce type que si le collège soutient à l’unanimité le but et la destination de ce voyage ». Une motion qui ne devrait pas choquer Manuel Tornare. Le magistrat socialiste nous a en effet déclaré que son voyage s’était effectué dans le cadre d’une réunion internationale de maires francophones, ce qui ne poserait donc en principe pas de problème pour obtenir, le cas échéant, l’assentiment de ses quatre collègues. Manuel Tornare (voir page 13) dément tout angélisme de sa part en ce qui concerne les atteintes aux droits de l’homme commis par les gouvernants du Vietnam et affirme « avoir évoqué ce problème lors de son voyage, ce qui n’a pas enchanté les officiels vietnamiens ». Notons que l’élu socialiste a noué des liens, voilà des années, avec une famille du Sud du Vietnam, favorisant le rapprochement entre ceux de ses membres qui avaient pu quitter le pays et ceux qui y étaient restés ; par ailleurs, son Département apporte une aide financière, sur trois ans, à un orphelinat catholique de Hué. Il reste que le fait même que des manifestations de la Francophonie se déroulent dans un pays à parti unique et où seuls 6% ou 7% des habitants parlent français, reste surprenant. La Francophonie a aussi pour but – comme l’avait rappelé à la consternation de ses hôtes, lors du Sommet francophone de Hanoi en 1997, le conseiller fédéral Arnold Koller, de cultiver la démocratie pluraliste [105]. Jacques Chirac, soucieux des intérêts économiques français, avait immédiatement repris la parole pour relativiser les affirmations d’Arnold Koller – dont le nom est désormais révéré par les opposants vietnamiens.

Th. O.

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