Des droits de l’homme à l’agenda du Vietnam

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The Wall Street Journal

20 juillet 2010,
Par Duy Hoang

Hillary Clinton peut utiliser sa visite à Hanoi cette semaine pour faire pression pour la liberté.

Lorsque secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton arrive à Hanoï le 22 juillet pour assister au Forum régional de l’Association des Nations du Sud-Asiatique, elle posera ses pieds dans un pays dynamique où la grande majorité des gens veulent une relation politique et économique tournée vers l’avenir avec l’Amérique. Avec des relations diplomatiques pleinement normalisées après 15 ans d’efforts bilatéraux, Mme Clinton doit maintenant se concentrer sur les prochaines étapes. Ce sera utile si la politique américaine envers le Vietnam sait ce qui est dans l’intérêt à long terme des deux pays, à savoir un Vietnam libre et moderne.

Sur le front économique, le Vietnam fait peu à peu le deuil du modèle économique centralisé, en faillite. Mais le Parti communiste persiste à monopoliser le pouvoir politique. Les contradictions inhérentes entre une économie ouverte et un politique fermée éclatent au grand jour de plusieurs façons. Certaines d’entre elles touchent des intérêts commerciaux américains. Par exemple, la corruption demeure un grave problème, auquel la presse, non libre, ne peut pas dénoncer. Et le peuple, également non libre, ne peut pas non plus tirer les conséquences vis-à-vis des fonctionnaires. En poussant à une plus grande ouverture, Mme Clinton peut aider aussi bien les Vietnamiens que les Américains.

Une solution serait que Mme Clinton envoie au Vietnam un message qu’elle a déjà émis par ailleurs : l’importance de la liberté sur Internet. L’utilisation d’Internet au Vietnam a connu une croissance exponentielle dans la dernière décennie, avec quelque 25 millions d’internautes. Mais les internautes vietnamiens, dont beaucoup sont jeunes et agités, sont confrontés une censure croissante. Une décision émise par le Comité populaire de Hanoi en avril exige que tous les établissements de vente au détail offrant des services Internet, tels que les hôtels et les cybercafés, doivent installer un logiciel de surveillance et signaler les « violations des internautes » aux autorités. Sont considérées comme « violations » ou « abus d’Internet » le fait de s’opposer au gouvernement, de divulguer de secrets d’État ou de fournir des soi-disant informations déformées.

Pendant ce temps, ceux qui veulent utiliser Facebook et d’autres sites de réseautage social doivent contourner la censure parce que le ministère de la Sécurité publique a ordonné aux fournisseurs d’accès à Internet de bloquer leur accès.

Ces restrictions sur Internet, dont les vietnamiens doivent faire face tous les jours, sont contraires à l’objectif déclaré du gouvernement de Hanoi, qui est développer une économie fondée sur la connaissance. Ils font également interférence avec les programmes des États-Unis visant à soutenir l’enseignement supérieur au Vietnam. Un projet souvent évoqué, la création d’universités à l’américaine au Vietnam, ne serait rien sans le libre accès à l’information.

En plus d’appeler à ses hôtes d’abroger la censure sur Internet, Mme Clinton pourrait aussi faire progresser les droits de l’homme au Vietnam en se joignant aux membres du Congrès américain pour réclamer la libération de militants vietnamiens des droits de l’homme, dont trois femmes de premier plan : la romancière Tran Khai Thanh Thuy, l’avocate Le Thi Cong Nhan et la cyber-militante Pham Thanh Nghien. Le cas de Mme Thuy est particulièrement préoccupant pour quiconque souhaitant un système juridique vietnamien indépendant et équitable. Selon des témoins, elle a été battue par la police à son domicile en octobre 2009, apparemment en représailles pour sa participation au procès d’autres militants. Elle a ensuite été accusée d’agression. Les médias d’Etat ont publié une photo d’un homme ensanglanté que la petite Mme Thuy aurait prétendument agressé. Cependant, les blogueurs vietnamiens ont prouvé que la photo a été prise en 2005 et « photoshoppée » pour faire semblant d’avoir été prise au moment de l’incident. Mme Thuy a été condamnée à trois ans et demi en prison sur une fausse accusation.

Mme Nhan est une avocate des droits humains, actuellement en résidence surveillée pour avoir milité pour la démocratie multipartite. Avant son arrestation, elle a analysé la façon dont un décret accordant à la police le pouvoir de détenir des citoyens pendant des années sans procès viole la constitution vietnamienne. Melle Nghien a eu des ennuis avec la police pour avoir tenté d’organiser une manifestation pacifique contre le passage de la flamme olympique de Beijing en 2008, et plus tard, pour avoir fait connaître le sort des pêcheurs vietnamiens attaqués par des navires de la marine chinoise dans une zone contestée de la mer de Chine du Sud qui, historiquement, appartenait à Vietnam. Elle a été emprisonnée pour son opposition publique aux politiques du gouvernement envers la Chine.

La visite de Mme Clinton est l’occasion de soulever ces cas spécifiques. Alors que certains observateurs voient la répression actuelle menée par Hanoi comme un préalable au prochain Congrès du Parti communiste en janvier 2011, et par conséquent, comme quelque chose qui devrait être tolérée, les autorités vietnamiennes ne sont pas à l’abri de pressions extérieures. Hanoi aspire à une visite du président Obama plus tard cette année ainsi que l’octroi de carottes économiques comme le Partenariat Trans-Pacifique. Le régime a apporté quelques améliorations dans le passé sur des questions comme la liberté religieuse en réponse aux critiques des États-Unis, bien qu’il soit prouvé que celles-ci sont éphémères et disparaissent dès que la pression retombe. Cela suggère que si Mme Clinton pose le doigt sur la question des droits de l’homme avec Hanoi, et que Washington maintienne la pression, elle peut faire quelque chose de bien pour le Vietnam.

Il peut sembler gênant de soulever ces questions sensibles. Mais ce serait ne pas voir loin si on n’a qu’une vision étroite des intérêts de l’Amérique dans la région et la meilleure voie à suivre pour les relations américano-vietnamiennes. Avec 86 millions de personnes et tant de promesses économiques, le Vietnam a le potentiel de participer à la construction d’une région plus prospère et plus libérale. Mais cela nécessite la participation et l’autonomisation de tout le pays, et pas seulement d’une élite privilégiée. La visite de Mme Clinton est une chance pour travailler à cet objectif.

Résident aux USA, M. Hoang est un des dirigeants de Viet Tan, un parti politique pro-démocratie non autorisé au Vietnam.

http://online.wsj.com/article/SB10001424052748703720504575377984024082128.html

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