Deux mois de détention pour Pham Minh Hoang

Pham Duy Khanh

Chers amis,

Aujourd’hui, 13 octobre 2010, marque les deux mois de détention de mon frère, Pham Minh Hoang, dans les prisons vietnamiennes. Citoyen franco-vietnamien, professeur de mathématiques à l’École Polytechnique de Saigon, blogueur et membre de Viet Tan – un parti pro-démocratie interdit au Vietnam – l’arrestation de Hoang a été relayée par les médias et a soulevé une vague de protestations de la part de nombreuses ONG comme Reporters sans frontières (RSF), Frontline Defenders, Action des Chrétiens pour l’Abolition de là Torture (ACAT) , Global Voices, etc… 17 députés français, américains, anglais, canadiens et australiens sont intervenus auprès du gouvernement vietnamien pour s’inquiéter de l’emprisonnement de Hoang. Le ministère des Affaires Etrangères de la France a exprimé sa vive préoccupation sur le sort de Hoang. Ses étudiants, ses anciens amis ont créé des blogs pour demander sa libération ; et Viet Tan, son parti, a lancé une pétition qui a déjà recueilli en quelques jours plus de 5200 signatures.

En réponse à ces preuves de solidarité, le régime de Hanoi a mobilisé les médias d’Etat fin septembre pour lancer une campagne de diffamation contre Hoang, le présentant comme un criminel. La police vietnamienne a même diffusé une vidéo montrant Hoang procédant à des aveux forcés. Il y apparaît très fatigué et extrêmement amaigri. Soumis à des interrogatoires incessants et à une forte pression psychologique, mon frère n’est plus maître de ses déclarations et est devenu l’otage du gouvernement vietnamien. Nous nous inquiétons maintenant fortement pour son état de santé.

En effet, deux mois de détention, c’est long pour quelqu’un qui n’a commis aucun crime, si ce n’est d’avoir exprimé ses idées, d’avoir initié ses étudiants à penser par eux-mêmes, d’avoir engagé dans une lutte non violente pour la démocratie. Deux mois, c’est également très long pour sa femme, sa fille et pour toute sa famille qui n’a aucune nouvelle de lui.

Aussi, je tiens à remercier toutes les organisations des Droits de l’Homme ainsi que tous ceux qui ont intervenu à travers le monde pour plaider en faveur de mon frère. Cependant, malgré toutes ces interventions, et malgré un fort soutien aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays en faveur d’une libération immédiate de mon frère, nous avons besoin plus que jamais de votre soutien face à la dictature à laquelle il est confronté. L’Etat vietnamien est signataire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Il doit la respecter. Exprimer pacifiquement ses opinions n’est pas un crime. Adhérer à un parti politique n’est pas un crime.

C’est pourquoi, je vous implore de bien vouloir élever la voix afin de rappeler au Vietnam son engagement, mais surtout afin de défendre mon frère, un homme innocent dans cette affaire, pour qu’il ne tombe pas dans l’oubli et qu’il retrouve sa liberté, sa famille et sa dignité.

Paris, le 13 octobre 2010

Pham Duy Khanh et sa famille