Une marque invendable

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Tribune publiée dans The Wall Journal le 15 novembre 2007

Traduction : Viêt Tân

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Créé en 1930, le Parti Communiste Vietnamien (PCV) est en lutte avec son identité – et son rôle. Prenons le débat actuel sur le changement de nom éventuel du parti. Ce changement de marque découle de la reconnaissance que le label communiste est devenu anachronique, et ne colle plus à l’image d’officiels voyageant à l’étranger pour promouvoir le commerce et l’investissement. Et ce n’est pas seulement une question sémantique – le nom du parti en dit long sur la perception de soi et l’image qu’il veut projeter, aussi bien à domicile qu’à l’étranger.

Les rumeurs d’un éventuel changement de nom sont apparues depuis le début de l’année dernière, avant le 10ème Congrès du parti. Des articles de presse sont apparus sur la version vietnamienne des sites d’informations officiels, probablement comme des ballons d’essai pour tester l’opinion publique. Tout comme les virulentes discussions autour de la corruption dans le pays, le débat sur le changement de nom du parti a cessé comme par magie après le Congrès, sans aucune autre action officielle.

Récemment, toutefois, le quotidien singapourien The Straits Times et des bloggeurs vietnamiens ont indiqué que les cadres du parti ont reçu des instructions pour étudier la question de manière plus approfondie. Des sources à Hà Nôi suggèrent que deux noms potentiels à l’étude soient « Parti Travailliste » et « Parti du Peuple ».

En raison de l’opacité du processus de décision, il est beaucoup trop tôt pour dire si ces spéculations deviendront réalité. Mais à bien des égards, le parti a déjà pratiquement accepté ce changement. Durant la majeure partie de sa vie, le Parti Communiste Vietnamien a été le moule du marxisme-léninisme, tant dans l’idéologie que dans son organisation.

Bien que ce n’soit pas officiel, il a enterré le marxisme dans ces dernières années. D’abord pour sa propre survie, puis pour enrichir ses membres, ce parti ostensiblement léniniste a commencé à basculer vers le capitalisme.

Mais le défi pour les dirigeants communistes est plus grave que celui de trouver un nouvel emballage pour un vieux bonbon. L’article 4 de la Constitution actuelle consacre au Parti communiste comme “la principale force de l’Etat et la société.” Ainsi, la Constitution devrait probablement être modifiée en cas de changement de nom du parti, avec des références au “parti communiste” remplacé par le nom d’un successeur.

Si le parti décide de se lancer dans ce genre de problèmes, alors qu’en sera-t-il du nom du pays lui-même ?

Si le nom “Parti communiste du Vietnam” est dépassé, le nom du pays — “République Socialiste du Vietnam” – l’est tout autant. Cela soulève une question plus large, plus inconfortable pour le parti : Quel est le sens d’une république socialiste, s’il n’y a plus de parti communiste agissant comme un pionnier ? Une solution pourrait être de revenir à l’ancien nom utilisé dans le Nord-Viêt Nam avant 1975, la République démocratique du Vietnam. Mais ce serait encore plus difficile de soulever des questions sur ce qu’est une “république démocratique” signifie réellement. Par exemple, devrait-il y avoir des élections démocratiques dans un tel régime politique ?

À un niveau plus fondamental, comment cette nouvelle entité justifiera-t-elle son droit automatique à diriger le pays ? Le Parti communiste dit que “l’histoire” lui a donné la responsabilité et le monopole du pouvoir. Cette fragile revendication semblera encore plus absurde venant d’un successeur du parti communiste.

Il s’agit là d’un terrain glissant sur lequel les dirigeants de Hanoi se sont eux-mêmes aventurés. En éliminant une partie de leur marque de fabrique devenue invendable, le parti voudrait renouveler son mandat. Parce que son principal objectif est de se maintenir au pouvoir, il n’y a aucune dimension idéologique dans le débat interne. Ce n’est pas une lutte entre les réformateurs contre les conservateurs, mais plutôt comment prolonger le contrôle du parti dans l’ère post-communiste. Il y a des signes qui montrent que le parti se sent menacé par le petit mais déterminé mouvement démocratique, un changement de nom serait aussi un moyen visant à institutionnaliser son pouvoir face à la croissante opposition interne.

A l’intérieur du Vietnam, l’étiquette communiste ne fait plus recette pour attirer les jeunes dans le parti. Alors que dans le passé, une ancienne génération a pu s’enrôler sans idéalisme, aujourd’hui, de nombreux professionnels de moins de trente ans adhèrent au parti uniquement pour faire progresser leur carrière. Pour de nombreux jeunes Vietnamiens, en particulier ceux qui ont étudié à l’étranger, l’affiliation au communisme est embarrassante.

Il est trop tôt pour dire si le changement de nom sera approuvé, mais il semble assez probable. Indépendamment du fait que le parti au pouvoir au Vietnam est communiste ou bien fasciste, toutefois, l’ultime fardeau qui pèse sur ce pays de 85 millions d’habitants est la dictature du parti unique. Le Parti communiste vietnamien peut prendre n’importe quel nom qu’il souhaite, mais le peuple vietnamien doit avoir le droit de choisir les dirigeants de leur pays et participer à la vie politique. Sans démocratie, le Vietnam ne pourra jamais développer son potentiel.


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M. Hoang est un des cadres du Viet Tan, un parti politique pro-démocratie, actif au Viêt Nam, et non autorisé par les autorités vietnamiennes.

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