Vietnam : cinq ans de prison pour un pisciculteur devenu héros populaire

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5 avril 2013

Doan Van Vuon, pisciculteur vietnamien est un héros national. En janvier 2012, lui et sa famille avait repoussé à l’aide d’armes artisanales des forces de l’ordre venues les déloger illégalement de leur ferme. Grâce à l’opinion publique, les juges ont été plutôt cléments. Après trois jours de procès, Doan Van Vuon a été condamné ce vendredi à 5 ans de prison pour tentatives de meurtre.

Il y a plus de trois ans, des agents de la Sécurité étaient venus à la ferme piscicole où habitait la famille de Doan Van Vuon, située dans la région de Tiên Lang, à moins de 100 km de la capitale, Hanoï (Vietnam). Doan Van Vuon et ses frères avaient préparé des armes artisanales afin d’éviter l’expulsion et la confiscation de leur élevage de crustacés. Sept membres des forces de l’ordre avaient alors été légèrement blessés.

L’expulsion des Vuon n’était « pas en conformité avec la loi »

Lors du procès de Doan Van Vuon et de sa famille, qui se tenait depuis mardi, le président du tribunal de Haïphong, Pham Duc Tuyen, a déclaré que « les accusés n’ont pas respecté la loi et ont mis en danger la vie des gens (les policiers, Ndlr) ». Mais il a également rappelé que l’expulsion des Vuon « n’était pas en conformité avec la loi. » Le Premier ministre vietnamien, lui-même, avait même jugé leur expulsion « illégale » et avait promis de poursuivre les responsables locaux corrompus.

En effet, les litiges fonciers sont devenus brûlants au Vietnam, pays communiste, où les terres appartiennent à l’Etat. Ces litiges représentent plus de 70% des plaintes déposées auprès des autorités, en raison d’un manque de clarté des droits d’utilisation.

Des millions de locataires ruraux comme Vuon sont soumis aux caprices de responsables locaux qui peuvent récupérer des terres pour des raisons d’« intérêt public » vaguement définies, donnant lieu, selon les experts, à une corruption importante.

L’acte de défi de la famille Vuon avait déclenché une vaste campagne nationale

Jeudi, lors de la deuxième journée du procès, les avocats de la défense et les juges ont voulu savoir qui avait donné l’ordre d’expulser la famille Vuon et qui avait attaqué en premier : les forces de l’ordre ou Duon Van Vuon et ses frères ? Les agents de la Sécurité ont simplement répondu qu’ils n’avaient fait que répondre aux ordres de leurs supérieurs. La cour a enfin rappelé que la décision d’expropriation forcée prise par le district de Tiên Lang avait été condamnée par les plus hautes instances de l’Etat.

L’acte de défi de la famille de Vuon, très rare au Vietnam, avait déclenché une vaste campagne nationale de soutien en faveur des accusés.

La justice a pris en considération l’opinion publique dans cette affaire qui concernait « une question sensible et complexe de la loi foncière », a expliqué le président du tribunal, ajoutant que « la politique clémente et humanitaire de l’Etat, contribue à stabiliser la situation dans la région ». Il a malgré tout souligné qu’il n’y avait pas d’excuses pour utiliser la violence.

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De nombreuses personnes sont venues manifester devant le tribunal où était jugée la famille Vuon. Crédit : AFP.

Doan Van Vuon a donc été condamné à 5 ans de prison pour tentatives de meurtre. Des peines allant de 3 ans à 5 ans de prison pour trois autres hommes de la famille, dont les frères. L’épouse et la belle-sœur du pisciculteur ont été condamnés à 15 et 18 mois de prison avec sursis pour avoir résisté aux forces de l’ordre le jour de l’expulsion.

Lundi prochain, cinq anciens responsables locaux, dont l’ancien chef de la Sécurité, doivent être jugés pour avoir détruit la maison de la famille Vuon.

Source : Le Parisien

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