Dans le centre du Vietnam, les patrouilleurs chinois tarissent la pêche

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Deux choses font peur à Huynh Minh On quand il prend la mer depuis Danang, port du centre du Vietnam : les tempêtes et les patrouilleurs armés chinois.

Depuis deux mois, ce pêcheur de 50 ans, comme d’autres, affirme rencontrer de plus en plus souvent ces navires dans les eaux entourant les archipels des Paracels, proche de l’île chinoise de Hainan, et dont Hanoï et Pékin se disputent la souveraineté.

Les pêcheurs essaient d’éviter la zone, mais la présence chinoise fait fondre leurs chiffres d’affaires.

Les revenus de la pêche de Huynh Minh On, raconte-t-il, ont récemment été divisés par deux, à entre 40 à 50 millions de dongs (1.630 à 2.040 euros). “C’est essentiellement à cause des Chinois”, assure-t-il.

En mer, les bateaux vietnamiens s’envoient des alertes radio quand un patrouilleur chinois est repéré. Mais l’exercice mange du temps et de l’argent, poursuit le pêcheur.

Le ministère vietnamien des Affaires étrangères a annoncé début juin que la Chine avait ordonné une interdiction de pêche dans certaines parties de la mer de Chine du Sud, dont certaines se trouvent dans des zones “sous souveraineté vietnamienne”.

Le ministère, qui juge l’interdiction “inacceptable”, a prévenu que les Chinois avaient augmenté les patrouilles et les arrestations.

“Cela affecte énormément mes affaires”, confie Nguyen Nuoi. “A chaque fois que je vois un bateau chinois je m’enfuis”. Ce pêcheur de 38 ans, qui dit avoir perdu deux-tiers de ses revenus, craint de se voir confisquer son équipement en cas d’interception.

La Chine et le Vietnam se disputent les Paracels depuis des années. Mais le ton est monté ces derniers temps et les pêcheurs vietnamiens sont au coeur de la querelle.

“Je ne sais pas comment les hauts responsables divisent les zones maritimes”, poursuit Huynh Minh On. “Tout ce que je sais c’est que nous pêchons dans ces zones depuis de nombreuses années et que maintenant nous y sommes interdits, les eaux vietnamiennes rétrécissent à vue d’oeil”.

Les zones récemment interdites sont riches en poisson, mais Pham Van Phuoc, 44 ans, ne s’y risque plus. Inutile de se frotter aux Chinois : leurs bateaux sont plus gros et plus rapides que ceux, en bois, des Vietnamiens.

Les patrouilleurs chinois sont aussi armés, assurent les Vietnamiens.

“S’ils n’avaient pas d’armes, nous les battrions”, glisse, dans un rire, Dong On. Ce pêcheur de 56 ans cherche à éviter les ennuis depuis que, raconte-t-il, la police chinoise a débarqué à bord de son bateau, ordonnant à l’équipage de se diriger vers Hainan.

C’était il y a quatre ans. L’équipage s’est vu réclamer 80 millions de dongs (3.264 euros) et a dû trouver un intermédiaire pour aller récupérer la somme. En attendant, il est resté bloqué un mois sur le bateau, poursuit-il.

“Quand la nourriture commençait à manquer, ils nous en donnaient”, se souvient-il. “Il y avait toujours un policier pour nous empêcher d’aller sur l’île”.

Le bateau de Dong On n’a plus jamais été interpellé. Mais d’autres le sont encore, assurent les pêcheurs.

Vendredi, le porte-parole des Affaires étrangères vietnamiennes, Le Dung, a lui-même dénoncé l’arrestation, le 21 juin par les autorités chinoises, de trois bateaux et 37 marins qui “pêchaient légalement dans les eaux territoriales vietnamiennes au large de l’archipel des Paracels”.

Une partie d’entre eux ont été relâchés, mais 12 hommes étaient selon lui encore retenus vendredi.

Tran Van Linh, vice-président de l’association des pêcheurs de Danang, confirme qu’entre mi-mai et mi-juin, des bateaux de pêche sont restés au port. Conséquences de l’interdiction de pêche chinoise, mais pas seulement, nuance-t-il : la hausse des prix du pétrole a aussi joué.

L’association a bien essayé “d’encourager les pêcheurs à prendre la mer pour défendre leurs droits”, poursuit-il. Mais “je pense qu’(ils) sont plus prudents qu’avant”.

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