Le Vietnam est pris entre répression et réforme

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Par Shawn W Crispin – Asia Times, 30 novembre 2007

La répression permanente du Vietnam à l’encontre des groupes favorables à la démocratie est entrée dans une phase de volatilité avec l’incarcération récente d’un groupe de ressortissants étrangers, situation imprévue qui crée une tension dans les relations bilatérales entre son ex-adversaire de guerre et aujourd’hui partenaire pivot dans le commerce et les investissements que sont les Etats-Unis.

Le 17 novembre, la police vietnamienne a arrêté et mis en détention un groupe de six militants pour la démocratie affiliés au parti Viet Tan, parti démocratique mais non sanctionné. Les militants d’origine vietnamienne dont un chercheur en mathématiques américain, une journaliste française et un citoyen thaïlandais, ont été arrêtés alors qu’ils remettaient des brochures expliquant et promouvant la lutte non-violente pour un changement en faveur de la démocratie.

Le gouvernement, par le biais des médias sous-contrôle étatique, n’a reconnu l’incarcération que de certains des militants, mais pas tous. Dans une tentative d’esquiver les critiques des Etats-Unis, les propagandistes communistes ont maladroitement manipulé le site Internet du journal porte-parole officiel, le “Saigon Giai Phong” des images du détenu américain Nguyen Quoc Quan qui initialement le montrant portant un maillot rayé de prisonnier, mais qui plus tard a été remplacé par un t-shirt blanc. Selon leurs articles, Quân est qualifié de nationalité “inconnue”.

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En même temps, les autorités tentent de dépeindre le parti démocratique Viêt Tân, dont les membres sont tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Vietnam, comme une organisation terroriste perpétrant des actes de violence et semant des troubles – accusations dont le parti a fermement démenties dans un communiqué rendu public. L’unique preuve substantielle pour renforcer leur accusation ne s’avère en fait que l’arrestation six jours après de deux autres américains d’origine vietnamienne accusés d’avoir essayer d’entrer au Vietnam avec une arme à feu. Viêt Tân a nié toute relation avec les deux suspects.

Ni les déclarations douteuses de la presse officielle du Parti communiste, ni les fausses charges manipulées à l’encontre du parti Viêt Tân n’ont pu leurrer l’ambassade américaine à Hanoi, raconte une source familière à ce genre de situation. Scott Marciel, député américain et secrétaire d’Etat pour les Affaires d’Asie de l’Est et du Pacifique a récemment annulé une visite prévue au Vietnam en guise de protestation contre ces détentions. Il est encore tôt de savoir si Washington envisagerait des sanctions économiques si les militants de nationalité américaine seront détenus dans un délai non défini.

L’administration de George W. Bush conciliante au début de l’année est devenue de plus en plus sévère. Après la rencontre à la Maison Blanche avec les hauts dirigeants du Viet Tan, Bush a profité de la visite à Washington du président vietnamien Nguyen Minh Triet pour critiquer fermement le bilan catastrophique de ce dernier sur les violations de droits de l’homme. Visite très critiquée mais montée comme “victoire diplomatique” par les médias vietnamiens sous contrôle de l’état.

Un timide réformateur

Désormais la soudaine internationalisation de la répression par le Parti communiste à l’encontre du mouvement – certes naissant mais déterminé – pour la démocratie du Vietnam a mis le leader en titre de la nation, le Premier ministre Nguyen Tan Dung, aux mains d’un dilemme aux répercussions potentiellement dommageables.

Beaucoup avaient espéré que lors de la nomination de Dung au poste de Premier Ministre en avril 2006, son gouvernement prendrait une approche plus éclairée envers les droits démocratiques et les libertés civiles. Rompant avec l’ère post révolutionnaire Ho Chi Minh – durant laquelle le gouvernement a plutôt été dirigé par des comités sans visage que par des leaders charismatiques – Dung s’est lui-même dépeint comme un réformateur, et a mis son cachet d’autorité personnelle sur administration de genre « nouvelle génération ».

Il a exploité cette autorité afin de faire pression pour plus de réformes économiques et financières, y compris la rationalisation des règles et des règlements relatifs au commerce extérieur et aux investissements en conformité avec les nouveaux engagements de libéralisation du pays en tant que membre à part entière de l’Organisation mondiale du commerce. Dung s’est également orienté vers le renforcement de l’image globale du pays en se présentant comme le leader d’un nouveau Vietnam, rompant avec la tradition rigide du parti communiste incarnée dans ses prédécesseurs.

Dans le même sens, il s’est également fait le fer de lance d’une restructuration depuis l’intérieur du Parti communiste vieux de 77 ans, son but principal étant d’attirer davantage de capitaux étrangers et de redéfinir leur rôle dans la transition en cours du communisme au capitalisme. Cela aurait même selon des sources créé un débat interne sur le fait que le parti devrait envisager un changement de nom. Des sources médiatiques non confirmées ont rapporté que les cadres du parti hésitaient entre “Parti travailliste” ou « Parti du peuple » comme possibles alias.

Redéfinir le parti est clairement une opération politiquement délicate et compliquée, d’autant plus que la légitimité de l’actuel régime monolithique repose en grande partie sur son passé révolutionnaire. La révolution capitaliste du Vietnam, en contradiction avec la philosophie traditionnellement égalitaire du parti, a causé des bouleversements sociaux et économiques et a conduit à l’enrichissement rapide des cadres à travers leurs projets commerciaux.

Même avec une croissance économique rapide, le régime montre difficultés croissantes à maintenir la balance sociale et économique. Par exemple, l’année dernière, le gouvernement a été confronté à de multiples et parfois violentes grèves des ouvriers demandant une augmentation du salaire minimum national. Dans une rare concession à la demande populaire, le gouvernement a finalement cédé à la revendication des travailleurs, au désespoir de l’usine propriété d’investisseurs étrangers qui s’étaient délocalisés au Vietnam pour profiter des taux de salaires peu élevés.

Il est pourtant certain que sous la surveillance de Dung se sont produits certains signes de relâchement politique, quoique toujours selon les règles et conditions du parti. Plus tôt cette année, Dung a répondu à des questions du grand public à travers un forum de discussion online. Ce mois-ci, il a introduit pour la première fois une séance de questions-réponses similaire lors de la traditionnellement opaque Assemblée nationale du Vietnam, le Parlement du pays élu par le Parti communiste.

Le Ministre de l’Education, Nguyen Thien Nhan, a été incendiée de questions par les citoyens au sujet de ses politiques, qui ont récemment abouti à la chute des taux de réussite aux examens dans de nombreuses provinces, tandis que le Ministre des Finances Vu Vanh Ninh était mitraillé de questions encore plus sévères au sujet d’un projet nation de e-governement que Dung a fait cesser en raison de détournements de fonds, selon un récent rapport de la Fondation Asie.

En même temps, le gouvernement de Dung, et peut-être encore de manière plus importante le bureau politique du Parti communiste, continue de traiter le mouvement vietnamien pour la démocratie bourgeonnant comme une menace pour la sécurité plutôt que comme une potentielle opportunité de réforme. Fait soulignant les mauvaises dispositions du régime : le chef de la sécurité publique a été élevé au second poste le plus important du Politburo lors du Congrès du Parti communiste de cette année, ce qui le place maintenant au-dessus à la fois du Premier ministre et du président et seulement derrière le secrétaire général du Parti.

Ceci réaffirme le ferme engagement du parti communiste envers un état policier institutionnalisé il y a plus de trente ans pour retrouver les suspectés partisans de l’ancien régime du Sud-Vietnam soutenu par les Américains et qui a depuis été déployé de manière à supprimer toute velléité d’opposition politique à son encontre. Ce qui est plus difficile à dire c’est si ces tactiques inflexibles fonctionneront de la même manière à l’égard d’une nouvelle génération de Vietnamiens engagés politiquement qui ne sera pas si facilement embobinée par la diabolisation des idées et des idéaux influencés par l’Occident.

Un leader du Viêt Tân, Duy Hoang, lui-même un citoyen américain, affirme que les récentes mesures répressives du gouvernement ciblant des groupes en faveur de la démocratie comme le sien ont seulement encouragé d’autres à se joindre à la lutte non violente de son parti en faveur du changement démocratique, ce qu’il compare à la campagne de désobéissance civile menée par l’opposition démocratique, porteuse du Prix Nobel de la Paix, en Birmanie. Si les autorités vietnamiennes continuent de détenir des citoyens américains dans le cadre de leur répression à l’encontre de la démocratie, Washington pourrait bientôt être amené à voir la situation de la même manière.


Traduction : Viêt Tân

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