Au Vietnam, le parti unique a appelé les électeurs à élire des députés “de talent et de moralité”

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Le Vietnam finit de peaufiner le renouvellement de sa direction politique, introduisant un changement de génération. Ses 50 millions d’électeurs, sur une population de plus de 84 millions, sont allés aux urnes, dimanche 20 mai, pour élire les 500 députés d’une Assemblée nationale qui, tout en demeurant très verrouillée par le Parti communiste (PCV), n’est plus tout à fait le Parlement croupion d’un régime de “dictature du prolétariat”. Dans le même temps, une pluie de condamnations en justice à l’encontre de dissidents, ces dernières semaines, a traduit la volonté des autorités de tracer les limites de la timide libéralisation politique en cours.

Les résultats ne seront connus que d’ici une dizaine de jours. L’élément le plus marquant sera que la grande majorité des élus exerceront leur mandat pour la première fois. Les médias bien huilés du gouvernement ont bombardé la population de messages exhortant à “élire une bonne Assemblée”. Le secrétaire général du Parti, Nong Duc Manh, a voté sous un slogan appelant les électeurs à exercer leur “clairvoyance” dans le choix de députés “de talent et de moralité”.

LUTTE CONTRE LA CORRUPTION

C’était un message renforçant implicitement le rôle assigné par la tête du Parti communiste à la législature à venir : renforcer les outils légaux de combat contre la corruption de ses propres cadres, principal sujet de mécontentement de la population. Une tâche d’autant plus cruciale que l’ouverture économique, l’entrée dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC), officialisée le 1er janvier, et, de manière plus générale, l’émergence d’une authentique bourgeoisie à ambition capitaliste sont autant de facteurs nécessitant une restructuration drastique du pouvoir, pour l’heure encore très monolithique.

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Le dissident Tran Quoc Hien, de l’Union des ouvriers et paysans est condamné à 5 ans de prison le 15 mai 2007.

Sur les 875 candidats à la députation, seulement une trentaine n’avaient pas reçu l’investiture officielle du Parti communiste, et 150 n’étaient pas membres du PCV. Toutefois, tous avaient l’aval indirect des autorités pour se présenter. Le régime ne cherche pas une “troisième force”, mais sa direction, consciente des lourdeurs, veut susciter une force d’appoint garantissant sa maîtrise du processus d’ouverture, qui vise à faire du Vietnam un pays développé en moins d’une génération.

En attendant, ces dernières semaines, des peines de prison ferme allant jusqu’à huit ans ont été prononcées à l’encontre d’un prêtre catholique, de dissidents s’exprimant sur Internet pour appeler à l’émergence de partis politiques concurrents du PCV, d’avocats ayant pris la défense d’opposants de l’ombre et d’un militant d’une organisation interdite, l’Union des ouvriers et paysans (une enseigne particulièrement sensible en régime communiste).

MOUVANCE PRODÉMOCRATIQUE

Tous sont plus ou moins associés à la mouvance prodémocratique intitulée Bloc 8406, qui, dans la clandestinité, revendique le multipartisme. Tous ont été condamnés pour des motifs apparentés à la subversion : “propagande contre l’Etat”, “divulgation de matériaux réactionnaires”, incitation à l’“instabilité politique”.

Ces condamnations ont provoqué une réaction sentie, prévisible, des Etats-Unis, mais aussi de l’Union européenne, qui a exprimé, mardi 15 mai à Berlin, sous la présidence allemande, sa “profonde inquiétude” devant le harcèlement judiciaire à l’encontre de “défenseurs pacifiques des droits de l’homme”. La France a rappelé que ces condamnations contrevenaient à la Convention internationale sur les droits civils et politiques, que le Vietnam a signée.

Hanoï a, de son côté, défendu sa politique en affirmant “respecter la liberté de parole”. Mais le gouvernement a montré qu’il était soucieux de ne pas laisser l’affaire prendre une importance trop grande sur le plan international, en relâchant un ancien policier du gouvernement pro-américain du Sud-Vietnam, Phan Van Ban, autorisé, le 9 mai, à prendre l’avion pour les Etats-Unis après avoir été gracié par le président Nguyen Minh Triet. Il avait fait vingt-deux ans de prison pour appartenance présumée, dans les années 1980, à un groupe militant contre le régime de parti unique.

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