Au Vietnam, réfléchir (et l’écrire), c’est désobeir

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31 mars 2014

Selon RSF, le Vietnam est juste derrière la Chine en nombre de blogueurs détenusSelon RSF, le Vietnam est juste derrière la Chine en nombre de blogueurs détenus.

Au moins 34 blogueurs sont détenus au Vietnam. Sur la Toile, il ne fait pas bon critiquer le régime en place. Un arsenal de lois veille très strictement au contrôle de la parole. Et gare aux citoyens dont les propos sont considérés comme pouvant “menacer les intérêts de l’État” ! Les organisations de défense des droits de l’Homme dénoncent les nombreuses arrestations et détentions arbitraires, tandis que, dans le pays, le nombre d’internautes explose : 31 millions de personnes utilisent le Net, 1 personne sur 3 !

A leurs risques et périls…

“La presse ne doit pas rapporter d’informations qui nuisent aux intérêts de la nation et les quelque 17 000 journalistes se doivent d’être de loyaux soldats au service de la nation” Il faut reconnaître à Nguyễn Tấn Dũng, le Premier ministre du Vietnam, le don de la clarté. Dans ce pays, où plus d’un tiers de la population (soit 31 millions de personnes) utilise Internet et où 80 % des 15-22 ans ont au moins un compte sur les réseaux sociaux, la règle est l’obéissance. Réfléchir et l’écrire, c’est déjà presque désobéir. Et les autorités veillent au grain. Cependant, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), dans son rapport “Blogueurs et cyberdissidents derrière les barreaux – Mainmise de l’État sur Internet” précise : “les sujets les plus ’dangereux’ demeurent la démocratie, la religion et les droits de l’Homme. Au Vietnam, les blogueurs ne sont pas nécessairement des dissidents ou des militants, mais des citoyens ordinaires qui contournent les médias officiels pour accéder aux informations ou engager un débat qu’il est impossible d’obtenir dans la presse sous contrôle de l’État.”

La Constitution et la vraie vie

Pourtant, dans la Constitution du Vietnam de 1992, l’article 69 ne laisse aucune ambigüité concernant la liberté d’expression. Elle garantit à tous les citoyens “le droit à la liberté de parole, de presse, le droit à l’information ; le droit de se réunir, de fonder des associations, de manifester conformément aux dispositions de la loi”. Le Vietnam a pourtant accepté de suivre les recommandations des États membres des Nations unies en vue de “garantir pleinement le droit de recevoir, de rechercher et de transmettre les informations et les idées conformément à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques” mais dans la pratique, c’est-à-dire dans la vie, la vraie vie de tous les jours, la réalité est toute autre.

Ainsi, le cas de ce blogueur vietnamien qui vient d’être condamné pour “abus des libertés démocratiques”. La formule prêterait à sourire s’il n’y avait pas en jeu la liberté d’un homme. Et le condamné n’est pas un étudiant enfiévré par la colère, prêt à monter sur les barricades, le pavé disponible. Non. Il s’agit d’un ex-responsable du ministère de la Culture et membre du Parti communiste vietnamien, Pham Viet Dao, 61 ans. Son procès aura duré une demi-journée.

Arrêté en juin 2013, l’imprudent avait posté sur son blog entre février 2012 et mai 2013 des dizaines de liens vers des commentaires sur la situation politique du pays, en plus de ses tribunes, avec une audience de milliers d’internautes. Refusant la présence d’un avocat, Dao est apparu calme au procès et a reconnu avoir posté des “informations incorrectes” (SIC). “Je suis désolé pour cela”, a-t-il dit. Mais je ne pense toujours pas que ces articles ont eu un impact négatif sur la société”, a-t-il déclaré devant la cour. Quinze mois de prison.

Quand un journaliste craque

“Sur plus de 850 journaux et magazines, 68 stations de radio, des milliers de sites web d’actualité et 80 journaux en ligne, tous sont gérés et contrôlés par le Parti, l’armée ou des organismes gouvernementaux au Vietnam. Il n’existe pas de médias indépendants privés,” rappelle la FIDH. Et dans le cas des journalistes “aux ordres”, trop d’obéissance peut, un jour, faire craquer. Truong Duy Nhat, 50 ans, pourrait aujourd’hui en témoigner… S’il n’avait pas écopé de deux ans d’emprisonnement le 4 mars dernier.

L’Agence France Presse, qui n’a pas été autorisée à suivre son procès, évoque son histoire : “Le blogueur avait travaillé pour la presse officielle jusqu’en 2011 avant de se concentrer sur son blog portant sur des questions politiques très sensibles. Dans un article posté en avril 2013, Nhat avait même appelé à la démission de hauts dirigeants. ’Le moment est venu pour un nouveau secrétaire général du Parti et un nouveau Premier ministre’, afin de sortir le pays de ses difficultés économiques et politiques, avait-il notamment réclamé.”

Étonnamment, les autorités vietnamiennes, si soucieuses de “protéger les jeunes des sites dangereux” n’ont jamais pris la peine de bloquer les sites… aux contenus pornographiques. Un oubli, sûrement…

Source : Mediapart

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