Des militants des droits fonciers risquent la prison au Vietnam

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28 mai 2011

Par Simon Roughneen

7 personnes rencontrent des moments difficiles après avoir osé défier la saisie de leurs terres par le gouvernement

Un mardi soir tard, assis au quatrième étage d’un café de Ho Chi Minh Ville dominant la maison de l’opéra, un homme inquiet utilisant le surnom de Long avait tout de l’homme qui se sent observé.

« J’ai roulé pendant 45 minutes avant de venir ici », dit-il, recroquevillé sur son siège et se penchant en avant pour parler alors que le restaurant était quasi vide. En regardant autour de soi nerveusement, il dit doucement, « j’ai voulu m’assurer que je n’étais pas suivi ».

Le cœur du problème de Long et de celui de ses compagnons, tous fidèles d’une Église mennonite, est ce qu’ils estiment être la saisie abusive de leurs terres qui ont été cédées par le gouvernement vietnamien à de grandes sociétés. L’état conserve la propriété exclusive des terres et la confiscation au nom du développement économique énerve régulièrement. Les propriétaires terriens se plaignent fréquemment des faibles dédommagements qu’ils perçoivent et critiquent les lois sur l’utilisation des terres, lois qui selon eux sont souvent détournées par les fonctionnaires locaux corrompus.

Bien que l’Église mennonite soit reconnue par le gouvernement, Long appartient à un groupe d’indomptables d’environ 10,000 membres appelé « la Congrégation de l’Etable” dans Saigon.

Le pasteur de la Congrégation de l’Étable est un activiste nommé Duong Kim Khai, qui a été arrêté le 10 août de l’année dernière sur les charges de tentative de renversement du gouvernement. Khai, qui est tenu au secret depuis son arrestation, a précédemment été emprisonné pendant deux ans entre 2004 et 2006 après que la police ait saisi ses biens, car selon eux ils étaient utilisés comme lieu de culte non-autorisé. À sa libération, il emménage dans la grange d’un ami, d’où le nom de son église.

Khai devrait être jugé à partir de lundi au Tribunal Populaire de Ben Tre en compagnie de six autres activistes qui, selon les autorités, appartiendraient au groupe pro-démocratie basé à l’étranger Viet Tan, une organisation interdite dans l’état à parti unique du Vietnam. Tout parti d’opposition est effectivement interdit au Vietnam et l’appartenance à de telles organisations peut être considérée comme de la subversion en vertu de l’Article 79 du Code pénal vietnamien.

Parmi les personnes qui seront jugées, deux sont Mennonites, les quatre autres sont militants pour le droit des terres, dont un disciple de la secte bouddhiste Hoa Hao. Khai et son groupe travaillaient pour le peuple vietnamien, l’aidant à déposer leurs dossiers de plainte concernant la perte de leurs terres qui avaient été saisies par les collectivités locales et vendues aux promoteurs.

Il y a dix-neuf ans, Long a lui-même perdu 320 m² de terre dans la ville, le dédommagement du gouvernement s’élevait à un peu plus d’un huitième de la valeur de la propriété, dit-il. « J’ai lu un peu plus sur la loi afin de m’en sortir. C’était inutile. Mais j’essaie maintenant d’aider les autres ».

Khai, dit Long, « a aidé les fermiers qui ont perdu leurs terres. Cela signifie que le gouvernement considère que le pasteur est le leader des fermiers qui protestent contre la perte de leurs terres ». Rappelant son propre cas vieux de vingt ans, il dit « le gouvernement a pris la terre des fermiers et leur a donné une toute petite indemnisation ».

Le pasteur, ainsi que deux autres membres de la Congrégation de l’Etable, Tran Thi Thuy et Nguyen Thanh Tam, sont détenus sans avoir pu rencontrer leurs familles ou leurs avocats. « Jusqu’ici, l’avocat n’a pas pu rencontrer les détenus » dit Long. Selon Viet Tan, l’équipe juridique du groupe de détenus n’a pas pu avoir accès aux documents nécessaires, en violation avec les lois vietnamiennes.

On s’attend à ce que les sept fassent face à ce que l’on craint être une parodie de procès comme dans la récente affaire de Cu Huy Ha Vu qui a été condamné le 4 avril à sept ans de prison conformément aux lois opaques de sécurité nationale du Vietnam, lui aussi pour avoir défendu les victimes de confiscation des terres. Son procès a probablement été le procès politique du plus haut dignitaire de ces dernières années. Le père de Cu Huy Ha Vu était le confident de l’icône révolutionnaire communiste du Vietnam Ho Chi Minh. Le fils avait précédemment représenté le gouvernement vietnamien dans des affaires internationales. Il est cependant tombé en disgrâce auprès de l’élite du Parti Communiste Vietnamien (PCV) après avoir essayé par deux fois de poursuivre en justice le Premier Ministre Nguyen Tan Dung, dans une affaire d’exploitation controversée de mine de bauxite dans la Région des Hauts Plateaux.

Sa dernière arrestation, qui a conduit à sa condamnation à sept ans de prison, est survenue après qu’il ait tenté de représenter les Catholiques de Con Dau près de la ville côtière de Danang, qui avaient été arrêtés après avoir protesté contre le blocage par la police en mai d’un cortège funéraire. Les autorités ont indiqué que ce cimetière vieux de 135 ans était une propriété de l’Etat, et que le gouvernement comptait la convertir en une station éco-touristique.

Depuis sa condamnation, plus de 2.000 personnes ont signé une pétition pour la libération de Cu Huy Ha Vu, dont des membres influents du Parti Communiste, des officiers de l’armée à la retraite et des représentants du gouvernement. D’autres activistes, tel que l’avocat basé à Hanoï Le Quoc Quan, ont été arrêtés par la police en se rendant au procès de Cu Huy Ha Vu.

Le gouvernement adopte une ligne très stricte avec le procès lundi des Mennonites et des autres activistes. Selon Long, il est demandé à tous ceux qui envisageraient de se rendre à Ben Tre d’y réfléchir à deux fois.

« Le gouvernement dit de ne pas se rendre au procès, ainsi qu’il l’a fait pour le procès de Cu Huy Ha Vu » indique Long.

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