Discours du Secrétaire Général de Viet Tan lors de la Conférence sur la Démocratie en Asie

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Discours de M. Ly Thai Hung, Secrétaire Général de Viet Tan à l’occasion de la Conférence pour la Défense de la Démocratie en Asie qui s’est tenue à Tokyo le 26 novembre 2011.


Mesdames et Messieurs, Chers invités,

Avant toute chose, et au nom de tous ceux qui luttent pour un Vietnam libre et démocratique, je tiens à remercier le Comité organisateur de nous avoir permis, à moi-même mais aussi à tous les représentants des groupes et des organisations pro-démocratiques du Tibet, de Birmanie, du Xinjiang, de la Mongolie et de la Corée du Nord de participer et de partager nos réflexions lors de cette Journée de la démocratie en Asie à Tokyo.

Je tiens également à remercier les officiels, les représentants des différentes organisations civiques, les syndicats, ainsi que mes nombreux amis au Japon en ce Jour pour la Démocratie. Vous avez chacun contribué à la démocratisation de l’Asie durant ces dernières décennies. C’est vous qui avez démontré le rôle et les implications d’une démocratie majeure en Asie, et cette Journée de la Démocratie va être le point de départ d’une nouvelle vague de démocratisation qui déferlera sur l’Asie ainsi qu’elle a déferlé plus tôt cette année lors du Printemps arabe en Afrique du Nord.

Joignez-vous à moi pour applaudir le Comité organisateur et démontrer ainsi notre gratitude et donner un échantillon de ce que nous pouvons faire ensemble pour obtenir un « Printemps en Asie » de la démocratie.

Mesdames, Messieurs,

Nous vivons dans la région Asie-Pacifique, une région devenue au 21ème siècle le véhicule de la politique internationale. Cette zone représente plus de 60 % de la population mondiale, domine plus de la moitié de l’économie mondiale et a quatre grandes puissances – le Japon, la Chine, l’Inde et l’Indonésie. Cependant, cette même région est également celle où les droits humains sont le plus lourdement bafoués avec près de 2 milliards de personnes vivant sous un régime dictatorial et sous l’oppression de régimes non démocratiques, tel qu’en Corée du Nord, au Vietnam, en Birmanie, au Laos, au Cambodge et en Chine, y compris au Tibet et au Xinjiang.

Alors que nous sommes à l’ère de l’Internet, nos compatriotes, ceux qui vivent dans les pays que je viens de citer, n’ont pas accès à l’information et il leur est interdit de diffuser sur le net des idées qui seraient contraires aux idées de leurs gouvernements ou des articles sur la liberté et la démocratie. De plus, les personnes vivant sous des régimes dictatoriaux tels qu’au Vietnam, en Chine et en Corée du Nord ne sont pas autorisées à créer ou à appartenir à des partis politiques, à des syndicats voire à des organisations sociales dès lors qu’ils ne sont pas reconnus par l’Etat. Les habitants de ces pays totalitaires ont été divisés et sont régis par une seule autorité, le plus souvent le parti communiste.

Au Vietnam, ceux qui utilisent Internet pour exprimer des opinions contraires à la politique du Parti communiste vietnamien ou pour promouvoir les droits humains fondamentaux comme la liberté d’expression, la liberté de réunion et la liberté de manifester, sont confrontés au harcèlement de la police, aux agressions, aux arrestations, accusés de « propagande contre l’Etat », et passibles d’un emprisonnement pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison, en vertu de l’article 88 du Code pénal de la République socialiste du Vietnam.

En outre, ceux qui appartiennent à des organisations politiques autres que le Parti communiste comme le Viet Tan, le Parti Démocratique du Peuple ou à des syndicats indépendants de travailleurs, sont immédiatement arrêtés par la police et inculpés de « tentative de renversement du régime ». En vertu de l’article 79 du Code pénal de la République socialiste du Vietnam, leurs peines peuvent aller de la prison à vie à la condamnation à mort.

Il y a actuellement au moins 500 prisonniers d’opinion détenus par le gouvernement communiste vietnamien ou assignés à résidence surveillée après avoir été libérés de prison. Certains ont été condamnés à 3 ans de prison ou plus pour avoir simplement soutenu et participé à différentes activités prônant les libertés fondamentales qui sont énoncées dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies que le gouvernement communiste du Vietnam s’est engagé à défendre.

Ceux qui sont persécutés par le gouvernement communiste vietnamien viennent de divers horizons. Ce sont des étudiants qui utilisent internet pour rallier d’autres étudiants et d’autres jeunes pour affirmer la souveraineté territoriale du Vietnam contre l’invasion de la Chine sur les terres et les zones maritimes du Vietnam et pour dénoncer les meurtres perpétrés par la Chine sur les pêcheurs vietnamiens en mer méridionale. Ce sont des fermiers qui osent se réunir en signe de protestation contre le gouvernement de Hanoi qui les force à vendre leurs terres et leurs maisons à des entreprises d’état à des prix injustement bas, pour découvrir que le gouvernement a revendu leurs biens à des sociétés étrangères dans un but purement lucratif et à des prix bien supérieurs. Ce sont des journalistes indépendants, des poètes et des artistes qui créent des sites web ou des blogs où ils prônent la liberté, la démocratie et la lutte contre la corruption. Ce sont des prêtres, des moines ou des pasteurs qui luttent pour la liberté de religion. Ce sont des intellectuels, des professeurs d’université, et d’anciens membres du Parti communiste qui dénoncent l’exploitation de la bauxite, la lutte contre les injustices sociales, ou qui se sont engagés dans des partis politiques qui luttent pour le pluralisme politique au Vietnam.

Ces personnes jugées comme criminelles et qui luttent pour la démocratie au Vietnam ne sont pas différentes des prisonniers politiques de Birmanie, du Tibet, ou du Xinjiang, … Ils sont de vrais soldats pour la démocratie et, face à une dictature violente, ce sont eux qui posent les premières pierres pour que nous puissions bientôt entrevoir un « Printemps en Asie ».

Liberté, Démocratie et Droits de l’homme sont les trois principaux piliers pour la construction d’une société équitable et d’un développement durable. Le gouvernement communiste vietnamien est totalement contre une société libre et démocratique. Pour eux, la démocratie et le pluralisme ne peuvent générer qu’une société de chaos. Ils craignent que la liberté politique ne mette en péril l’autorité du Parti communiste vietnamien.

Depuis 1986, pour sauver l’économie en faillite causée par les réformes sociales communistes, le gouvernement vietnamien a adopté une économie de marché socialiste, en invitant les entreprises étrangères à investir au Vietnam, tout en maintenant un contrôle politique étroit. L’objectif principal du gouvernement de Hanoi en effectuant un tel changement était d’ouvrir l’économie et de mobiliser les investissements et les échanges avec de nombreux pays afin d’avoir les moyens de maintenir le monopole du Parti communiste.

Grâce à cette demi-mesure, le paysage de la société vietnamienne d’aujourd’hui a progressé avec l’augmentation des biens de consommation, des produits, des grands immeubles et des voitures chères dans les zones urbaines. Mais cette croissance sert surtout les intérêts du Parti, des fonctionnaires et des personnes riches qui ont des relations avec le gouvernement à travers des projets d’investissement ou d’aide au développement (APD) / aide humanitaire en provenance du Japon et d’autres pays occidentaux. La grande majorité de la population, en particulier dans les zones rurales et montagneuses, vivent dans la pauvreté alors que l’éducation, la santé, la culture et les conditions d’environnement se dégradent.

Ainsi, alors que le Vietnam n’est plus considéré comme un pays sous-développé, il demeure un pays qui évolue lentement dans tous les domaines du fait des mesures prises par le Parti communiste vietnamien (PCV) qui empêchent la population de développer tout son potentiel ainsi que toutes ses connaissances. En raison de ce problème fondamental qui repose sur un système politique autoritaire, notre peuple ne cesse de lutter depuis des décennies pour rétablir la démocratie au Vietnam. Nous nous battons pour demander au gouvernement communiste vietnamien de prendre immédiatement les trois mesures suivantes avant de former un système démocratique et pluraliste au Vietnam.

- Premièrement, de libérer tous les prisonniers politiques en détention, et d’abroger deux textes de loi : l’article 79 (tentative de renversement du régime) et l’article 88 (propagande contre l’Etat) du Code pénal. Ces lois sont une violation flagrante des droits humains qui ont été définis dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies.

- Deuxièmement, d’abolir la censure sur internet et de ne plus utiliser de pare-feux, afin que tous les citoyens aient le droit et la capacité de créer, de communiquer, d’échanger, ainsi que de s’’exprimer sur les questions sociales et nationales. Dans le monde d’aujourd’hui, il n’est pas seulement déplorable d’empêcher les gens d’accéder librement aux réseaux sociaux mais cela empêche également le développement de relations entre les gens alors que nous sommes à l’ère de la mondialisation.

- Troisièmement, de permettre aux gens de participer à n’importe qu’elle institution sociale, en passant par les domaines de l’économie, de la politique, du social aux domaines religieux, culturel ou ludique. Ces organismes devraient être créés par les gens eux-mêmes en fonction de leur volonté et de leurs besoins. Ces étapes sont nécessaires pour contribuer à l’édification d’une société civile qui est le fondement de toute démocratie durable.

Mesdames et Messieurs,

Afin de mobiliser et de rassembler le peuple à l’intérieur comme à l’étranger dans notre lutte collective, nous avons créé Viet Tan (le Parti pour la Réforme du Vietnam) le 10 Septembre 1982. Viet Tan a développé son réseau de membres à travers le monde et est actuellement un mouvement significatif d’opposition au PCV.

Viet Tan considère la puissance latente du peuple vietnamien comme l’arme non-violente par excellence contre la dictature de Hanoi, et son but est de mobiliser ces forces populaires avec le soutien de la communauté internationale pour faire pression sur le régime communiste afin qu’il envisage des réformes politiques, dans le respect des droits humains, et cesse les persécutions politiques.

De plus, Viet Tan utilise les expériences inestimables des révolutions de couleur en Europe de l’Est et de la récente Révolution du Jasmin en Afrique du Nord, en adhérant à des méthodes et à des principes de lutte non-violente dans ses efforts de démocratisation.

Pour se débarrasser de la dictature communiste au Vietnam, Viet Tan estime que le peuple vietnamien doit participer activement à l’effort collectif pour exercer une pression constante sur le régime de Hanoi. En particulier :

    1) En ne coopérant pas – de toutes les façons possibles – avec le régime, afin de réduire et finalement détruire tout ce qui permet au régime communiste vietnamien de se maintenir en place.

    2) Au travers diverses actions stratégiques, en abimant les piliers de l’autorité qui maintiennent le régime afin de toucher chaque personne consciente, et d’isoler les voyous qui exercent dans la police, l’armée, les médias et les institutions juridiques.

    3) En soutenant et en coopérant avec toutes les personnes, les forces et les factions à l’intérieur et l’extérieur du Vietnam qui partagent le désir commun de lutter pour la construction d’une opposition politique forte.

Ces efforts représentent trois directions de pression qui, avec la participation du peuple, mèneront certainement le régime communiste vietnamien à sa paralysie et à sa désintégration, ainsi que nous avons pu le voir en Tchécoslovaquie, en Pologne ou récemment en Tunisie et en Egypte.

La prospérité et la richesse d’un pays ne se mesurent pas seulement à sa puissance économique ou militaire, mais aussi à au travers de l’éducation que sa population reçoit, à son respect des valeurs de liberté, des droits humains et à la protection de l’environnement pour ses générations futures. Le bonheur d’un peuple ne dépend pas seulement de son PIB, il dépend aussi d’une vie où règnent justice, équité, dignité humaine, d’une vie exempte de peur et de menace, d’une vie où chacun est en mesure de poursuivre et de réaliser son désir spirituel et de bien-être.

En cette Journée 2011 pour la Démocratie, et au nom de Viet Tan, je souhaiterais respectueusement appeler le gouvernement et le peuple du Japon ainsi qu’appeler le monde entier :

    1) A établir des conditions dans le cadre des programmes d’APD et de coopération économique avec la Chine communiste et le Vietnam pour que ces pays respectent les droits humains et libèrent les prisonniers politiques.

    2) A manifester vos préoccupations et à exprimer votre soutien moral envers les victimes d’oppression et leurs familles. Faire pression sur les gouvernements totalitaires d’Asie pour qu’ils cessent immédiatement toute forme d’oppression politique et toute violation des droits humains.

    3) A soutenir les organisations et les mouvements qui militent pour la démocratie et les droits de l’homme dans les pays totalitaires d’Asie afin qu’une importante vague démocratique se crée dès aujourd’hui.

90 millions de personnes au Vietnam ont soif et méritent de pouvoir respirer un air de liberté. Ils se lèvent pour changer leur propre destinée. Le monde civilisé du 21ème siècle ne peut plus ignorer les efforts de ces personnes gouvernées dans la violence qui souhaitent vivre dans une société qui respecte la dignité humaine. Veuillez les soutenir, en pensée mais aussi dans la pratique : cessez d’alimenter ces dictatures.

Le fait d’avoir organisé la Journée d’aujourd’hui pour la Démocratie en Asie démontre votre détermination de soutenir les campagnes pour la démocratie en Asie.

Nous nous engageons à collaborer ensemble, avec vous et les peuples birmans, tibétains, du Xinjiang et de la Corée du Nord pour l’aboutissement d’un « Printemps en Asie » dans les temps à venir. Ce n’est que dans le respect de la liberté et de la démocratie que l’Asie en général, et le Vietnam en particulier, contribueront à la paix et la prospérité dans le monde.

Je vous remercie.

Ly Thai Hung


Déclaration commune à l’issue de la Conférence

Nous nous sommes réunis aujourd’hui à Tokyo pour défendre la démocratie dans tous les états totalitaires de l’Asie. Les participants venaient de tous les horizons.

La liberté, la démocratie et le droit à l’autodétermination sont des valeurs universelles qui doivent être instaurées en Asie sans plus tarder.

Nous condamnons tous les puissances qui recourent à la violence pour réprimer ceux qui réclament ces valeurs au travers de discours ou de manifestations.

Les dictateurs qui continuent à régner avec une poigne de fer doivent être amenés devant la Cour Internationale de Justice pour leurs crimes contre l’humanité. Ils doivent être soumis à toutes les sanctions éventuelles de la part de la communauté internationale.

Nous demandons au gouvernement japonais de soutenir les mouvements démocratiques dans ces régimes en les exhortant à respecter les droits de l’homme.

Nous nous engageons à nous unir aux militants pour la démocratie en Asie pour la création d’une zone Asie libre, démocratique et pacifique où les traditions et les cultures de chaque tribu ethnique seraient dûment respectées.

Fait à Tokyo, le 26 novembre 2011.

Pour la Défense de la Démocratie en Asie – Conférence de Tokyo

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