Do Nam Hai : je suis prêt à relever tous les défis

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Un mois après son retrait, Phuong Nam Do Nam Hai a renoué avec le mouvement pour la démocratie. Dans un interview donné à Radio Free Asia, Phuong Nam indique qu’il est prêt à relever tous les défis, acceptant le risque d’être arrêté ou emprisonné. Voici son interview du 22 mai 2007.


Nguyen Khanh : Au nom des auditeurs de la section vietnamienne de Radio Free Asia, merci de nous accorder un peu de votre temps pour cet interview. Première question, pourquoi avoir choisi de renouer avec le mouvement démocrate ?

Do Nam Hai : je salue les auditeurs de Radio Free Asia. Je m’appelle Phuong Nam Do Nam Hai, et je vous parle depuis Sài Gòn, au Viêt Nam.

Le 16 mars 2007, la Sécurité publique du district de Phu Nhuan m’a convoqué, ainsi que mon père, ma sœur et ma fille, au commissariat de police pour nous informer qu’en application de l’article 88 du code pénal vietnamien j’étais poursuivi pour propagande contre la République socialiste du Vietnam.

Cependant, les policiers ont dit à ma famille que « si la famille de Hai peut le convaincre de cesser toutes ses activités en faveur de la démocratie, le gouvernement renoncera à le poursuivre. » Ce jour-là, j’ai protesté contre l’action de la police et contre ses pressions sur ma famille. J’ai été contraint d’écrire une « confession » dans laquelle j’ai déclaré que toutes mes activités étaient illégales et j’ai prié le gouvernement vietnamien de me pardonner. J’ai également écrit que je cesserais temporairement toutes mes activités pro-démocratie.

Ce jour-là, la lutte avec la police a duré plus de dix heures, et la police a voulu me forcer à dissoudre le Bloc 8406 et l’Alliance pour les Droits de l’Homme et la Démocratie, les deux organismes que je servais au sein du comité de direction. Mais j’ai tenu bon, refusant de m’incliner. La police a fini par céder. Du 16 mars au 4 mai 2007, je n’ai donné aucun interview et j’ai temporairement cessé toutes mes activités pour la démocratie. Cependant, la police vietnamienne n’en est pas restée là.

J’ai été constamment surveillé, jour et nuit, et j’ai été convoqué à de multiples reprises pour interrogatoire au commissariat du 4 de la rue Phan Dang Luu. Le rythme des convocations allait d’une à trois fois par semaine. Mon ordinateur a été confisqué et on ne me l’a pas rendu.

Tous ces ennuis avec la police ont prouvé qu’ils n’ont pas de bonne volonté. À l’interrogatoire du 4 mai 2007, j’ai dit à la police que je les rencontrais pour la dernière fois. « À partir de demain, je ne répondrai plus à une convocation et je déclare que je reprends mes activités pour les droits de l’homme, la démocratie et la liberté. »

La raison de ma déclaration de retour au mouvement pour la démocratie, c’est que le combat pour la liberté, la démocratie et les droits de l’homme au Viêt Nam est un bel idéal, particulièrement noble, que je ne peux abandonner. Je continuerai à combattre pour cette cause. La deuxième raison est que je ne peux pas rester assis, quelle qu’en soit la justification, quand le régime communiste vietnamien opprime le mouvement démocrate au nord, au centre et au sud du Viêt Nam. Telles sont les deux raisons ; je suis décidé. J’ai parlé à la police, et aujourd’hui par ce forum, je veux réaffirmer que je suis prêt à marcher dans la cellule de la petite prison pour que le peuple du Viêt Nam puisse marcher hors de la prison géante. Cette prison géante est nommée République socialiste du Viêt Nam.

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Do Nam Hai et le député australien Luke Donnellan, en mars 2006.

Pressions sur la famille

Nguyen Khanh : La police vietnamienne a utilisé votre famille pour vous vous pousser à cesser vos activités. Maintenant que vous reprenez vos activités, votre famille le sait-elle ?

Do Nam Hai : Ma famille commence à savoir. L’incident du 16 mars est à la fois malheureux et heureux parce que mon père et ma sœur ont entendu la police dire qu’ils respecteraient ma liberté de déplacement et de travail. En réalité, ils n’ont pas confirmé leurs propos. Plus d’un mois étant passé, ma famille commence à comprendre. Leur prise de conscience me console beaucoup. Je ne crains pas d’aller en prison, mais je crains que ma famille ne me comprenne pas, qu’elle puisse penser que je serais dirigé ou manœuvré par les contre-révolutionnaires étrangers, selon le vocabulaire policier. C’est mon plus grand souci, mais au cours du dernier mois, ma famille a commencé à comprendre que la police n’a jamais été bien disposée à mon égard.

Nguyen Khanh : Depuis mars jusqu’à aujourd’hui, plusieurs de vos collègues ont été arrêtés, détenus, poursuivis et sont actuellement en prison. Réintégrant le mouvement pour la démocratie, estimez-vous que ceux qui partagent avec vous le même idéal sont moins nombreux ? Et estimez-vous que votre responsabilité devient plus lourde qu’avant ?

Do Nam Hai : Sur la première question, je ne pense pas qu’en arrêtant et emprisonnant beaucoup de militants pour la démocratie le régime communiste vietnamien obtiendrait une diminution du nombre de militants pour la démocratie. Non, je ne le crois pas.

Je pense que quand le régime devient de plus en plus brutal et violent, il prouve le manque de démocratie et de droits de l’homme, et les vietnamiens se rendront bien compte qu’il n’y a ni démocratie ni droits de l’homme dans ce pays. Le Viêt Nam n’est pas une nation de lâches ; par conséquent, il y aura encore plus de militants pour la démocratie.

Sur la deuxième question, oui, j’estime que ma responsabilité dans le mouvement démocrate, dans le Bloc 8406 et dans l’Alliance pour la Démocratie et les Droits de l’Homme au Viêt Nam devient plus forte. Mais quand une personne ira en prison, dix autres se lèveront. Je crois que ces gens partageront avec moi la responsabilité dans la lutte pour la liberté, la démocratie et les droits de l’homme au Viêt Nam.

Que faire dans l’immédiat

Nguyen Khanh : Qu’allez-vous faire dès maintenant ?

Do Nam Hai : Je continuerai à servir dans le comité de direction du Bloc 8406, dans l’Alliance pour la Démocratie et les Droits de l’Homme au Viêt Nam. L’Alliance a récemment annoncé mon retour, et je n’ai jamais retiré mon nom du Bloc 8406.

Je rejoindrai la direction de l’Alliance et le Bloc 8406 ainsi que les membres de ces deux organismes luttant pour la démocratie. Quels sont les objectifs précis ? C’est de remplacer le parti dictatorial par un système politique pluraliste moderne afin d’intégrer la communauté internationale.

Dans un avenir proche, un des objectifs du Bloc 8406 est d’appeler ceux qui combattent pour la démocratie et les droits de l’homme, au Viêt Nam et à l’étranger, ainsi que la communauté internationale, à soutenir une campagne exigeant pour le peuple vietnamien la liberté de choisir, par référendum, entre un système à parti unique et un système multipartiste.

Nguyen Khanh : Vous êtes un jeune parmi les militants démocrates au Viêt Nam. À part vous-même et un nombre restreint de personnes, le nombre de jeunes vietnamiens qui partagent votre point de vue est limité. Êtes-vous de cet avis ? Est-ce que cela vous préoccupe ?

Do Nam Hai : Non, je ne suis pas d’accord. D’abord, je ne suis plus jeune parce que j’ai près de 50 ans.

En second lieu, en m’engageant parmi les jeunes et les étudiants, je me rends compte qu’ils s’intéressent aux questions politiques et qu’ils réalisent de plus en plus que lutter contre la corruption et l’injustice ou faire de la charité sans comprendre la racine du mal qui ronge le Viêt Nam d’aujourd’hui est tout à fait absurde.

Parce que lorsqu’on ne voit pas encore la racine du problème, on ne peut pas résoudre ce problème. Aujourd’hui, les jeunes et les étudiants vietnamiens ont compris que la racine du mal c’est l’absence de concurrence dans l’arène politique. L’article quatre de la constitution déclare que le parti communiste vietnamien est seul à diriger le pays et la société.

Par conséquent, quand elles ont découvert la cause du mal, les activités des jeunes et des étudiants les conduisent aux décisions appropriées. Je crois en un futur plus lumineux pour mon pays quand j’observe les jeunes d’aujourd’hui.

Nguyen Khanh : Merci de nous avoir accordé un peu de votre temps pour cet interview. Nous vous souhaitons beaucoup de chance et de succès.

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