Faisons ce que craignent les communistes vietnamiens

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17, 118 puis 200… Les chiffres semblent sans intérêt, cependant ils sont en train de concrétiser la croissance du combat démocratique au Viêt Nam.

Il y a 4 ans, en juillet 2002, l’opinion s’est intéressée brièvement à une lettre de protestation signée par 17 personnes et envoyée aux autoritésvietnamiennes et au Parti Communiste Vietnamien (PCV). Cette lettre pointe du doigt la répression des démocrates et le non-respect des droits de l’homme au Viêt Nam. Comparé à une population de 80 millions de vietnamiens, ces 17 personnes semblent bien esseulées. Cependant, si leur action a capté l’attention de l’opinion c’est parce que c’était la 1ère fois que plusieurs personnes ont osé signer ensemble une lettre de protestation à l’encontre des autorités communistes vietnamiennes. Dans une société où la dictature impose un contrôle strict sur la population et où le sentiment de crainte prévaut dans la masse populaire, toute action officielle visant à fédérer les opposants relève du courage, car la répression des autorités est rapide. Et cette répression est souvent brutale. Certains des signataires ont été harcelés, isolés, et jetés en prison.

Mais 4 ans après, les 17 sont devenus 118, puis 220 et ils seront certainement encore plus nombreux dans les jours à venir [au 20 juin 2006, ils sont 1711, NDLR]. Il y a 4 ans, le contenu de la lettre reste une lettre de protestation destinée au PCV et à l’Etat. Aujourd’hui, le contenu du texte signé par les 220 est une déclaration qui place officiellement ses signataires dans le combat pour la démocratie. Le destinataire de cette déclaration est le peuple vietnamien dans son ensemble, aussi bien de l’intérieur comme à l’étranger. La différence aussi bien dans le texte que dans le contenu montre que le mouvement pour la démocratisation du Viêt Nam a franchi un palier sans précédent, depuis que le PCV a imposé sa dictature sur tout le pays il y a 31 ans.

Après 1975, l’aspiration à la démocratie et aux droits de l’homme a poussé certaines personnes à prendre la voie de la lutte. Mais cette lutte s’effectuait dans le secret et était réprimée sans retenue par le PCV. Au début des années 90, le mouvement pour la démocratie au Viêt Nam restait très marginal, avec un certains nombres de dissidents connus de l’opinion internationale comme les professeurs Doan Viet Hoat, Nguyen Dinh Huy, le Dr Nguyen Dan Que, le Vénérable Thich Huyen Quang, etc. A cette époque, profitant du rejet du communisme en Europe de l’Est, un certain nombre de militants pour la démocratie se sont élevés contre le PCV, mais ils sont été aussi victimes d’une répression féroce. Quasiment tous ont été jetés en prison.

Mais avec le temps, la marge de manoeuvre de PCV se réduit de plus en plus alors qu’en revanche, le mouvement pour la démocratie au Viêt Nam prend de l’ampleur. En 1990, le Dr Nguyen Dan Que a été arrêté et condamné à de longues peines de prison pour son “appel pour un mouvement humaniste”. Aujourd’hui, avec des textes comme “La feuille de route pour la démocratisation du Viêt Nam en 9 étapes”, “Mettre fin aux pirates politiques”, “Comment faire pour que le changement arrive au Viêt Nam ?”, etc., il pourrait risquer la peine de mort car le contenu de ces textes appelle ouvertement à s’opposer au PCV, bien plus radicalement qu’en 1990. Les autres militants comme le père Nguyen Van Ly, Hoang Minh Chinh, Nguyen Khac Toan ont également exprimé ouvertement leur opposition radicale, mais ils n’ont pas été réprimé aussi durement que d’autres l’ont été il y a encore 10 ans.

La marge de manoeuvre de Ha Noi se réduit car les militants pour la démocratie sont de plus en plus nombreux et qu’ils sont plus déterminés. L’augmentation considérable du nombre de ces militants explique pourquoi le PCV hésite dans sa répression. Non seulement ces militants sont plus nombreux, mais aussi plus divers. Il suffit de voir les signataires de la Déclaration pour la Démocratie en 2006 pour se rendre compte que toutes les couches de la société sont représentées : les anciens combattants de l’armée du Nord Viêt Nam, les ouvriers, les agriculteurs, les professions libérales, les intellectuels, les religieux. Cette diversité impose aux autorités communistes une grande précaution dans sa volonté de réprimer car on voit bien que le mouvement pour la démocratisation du Viêt Nam s’est ancré dans la société vietnamienne. Une répression aveugle pourrait avoir pour conséquence de faire éclater une révolte qui toucherait toute la population.


La marge de manoeuvre de Ha Noi se réduit car à notre époque, les communistes vietnamiens ne peuvent plus agir librement comme ils le faisaient dans le passé. A cause de l’influence de la communauté internationales sur de nombreux domaines, à cause de l’explosion des moyens de communication et de diffusion de l’information, à cause des liens grandissants entre les vietnamiens de l’intérieur et ceux de l’étranger, … le PCV ne peut plus réprimer sauvagement comme par le passé, sans tenir compte des réactions internationales, de l’opinion publique. D’autre part, auparavant, les textes rédigés au Viêt Nam, les appels à l’aide, pouvaient mettre des semaines voire des mois à parvenir en Occident. Aujourd’hui, avec les moyens modernes de communications, ce délai est ramené à quelques minutes, quelques heures. Cela démontre clairement que le PCV a perdu son monopole dans la diffusion des informations venant du Viêt Nam et qu’il ne peut plus bloquer les échanges d’informations. Ils ne peuvent plus agir comme bon leur semble sur le territoire vietnamien.

La marge de manoeuvre de Ha Noi se réduit car le mouvement de démocratisation du Viêt Nam s’est diversifié, attaquant la dictature sur plusieurs fronts simultanément. Il y a 10 ans, presque toutes les doléances des militants concernaient le non respect des droits de l’homme par les autorités. Aujourd’hui, le front de la lutte s’est considérablement élargi. Certains, en attaquant les fondements théoriques du Marxisme-Léninisme, ont permis aux jeunes générations de voir les erreurs et l’utopie de ces idéologies. D’autres pointent du doigt les fautes du PCV dans la gestion du pays. D’autres mettent au grand jour les scandales de corruption des hauts cadres du régime… Avec cette diversification de la lutte, le mouvement pour la démocratisation se rapproche davantage de la masse populaire. Les grèves massives, les nombreuses plaintes des personnes expropriées montrent l’efficience du mouvement.

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A Thai Binh, 50 personnes ont signé la Déclaration pour la Démocratie au Viêt Nam.

Le fait qu’un régime totalitaire soit obligé de réagir à cause de l’ampleur que prend le mouvement pour la démocratie ainsi que les efforts créatifs des défenseurs de la démocratie à l’extérieur comme à l’intérieur du pays, est le signe d’un réel espoir. Le défi du mouvement pour la démocratie consiste aujourd’hui à trouver les moyens pour contrer le PCV et un certain nombre de difficultés afin de mener ce combat au succès final. Les vietnamiens doivent se méfier des manœuvres du Parti Communiste qui ont pour objectif de diviser les militants de la démocratie et les discréditer. Une des manœuvres utilisées par ces régimes totalitaire est de créer des discordes entre les organisations pro-démocratiques afin de les désolidariser. Si nous tous, considérons que les différences de points de vue sont normales et que nous respectons ces différences s’il y a, alors les combines pour provoquer les soupçons et la discorde n’auront aucun effet. De là, nous devons considérer que les différents points de vue et réactions des militants pour la démocratie, sont tout à fait ordinaires. Alors, ayons toujours le moral pour ce combat. Même grâce à la facilité des conditions d’échanges et de communication en outre-mer, plusieurs organisations et activistes n’ont pas encore résolu leurs différences. Alors au Viêt Nam, le problème est doublement plus difficile. Ainsi, si les activistes du pays n’ont pas encore le même point de vue sur le Viêt Nam et ne s’alignent pas encore sur quelques points pour pousser les efforts, alors soyons compréhensifs et respectons leurs différences.


Les vietnamiens à l’intérieur comme à l’extérieur du pays doivent se mettre en garde sur ce point : lorsque les membres du PCV auront fini de résoudre les différends entre eux après le 10ème Congrès, ce régime totalitaire pourra se durcir et va organiser des arrestations et des répressions importantes afin de stopper le mouvement grandissant de la démocratie. Alors, les vietnamiens de l’étranger doivent immédiatement mobiliser au maximum le soutien de l’opinion publique et des politiques de tous les pays dans le monde. Seul ce grand soutien protégera les militants de la démocratie du pays et il fera reculer le Parti Communiste vietnamien. Cependant, si cette terreur a lieu, elle deviendra un affrontement officiel entre le mouvement de la démocratie et le régime totalitaire. Puis, le résultat final dépend énormément du courage des militants de la démocratie. Si Ha Noi doit faire face aux attitudes déterminées des militants, comme la déclaration du père Nguyen Van Ly, le père Phan Van Loi, Monsieur Hoang Minh Chinh et celles de tous les vietnamiens, et en même temps, peu importe les arrestations et la répression des autorités vietnamiennes, le nombre de signataires de la déclaration pour la démocratie est de plus en plus important. Alors, la persécution sur les militants échouera, le mouvement pour la démocratie se développera encore plus. Ha Noi sera certainement dans un rôle passif et continuera à échouer dans ses politiques de répressions si le mouvement pour la démocratie dans le pays réalise activement et correctement ce qui est écrit dans la revue bimensuelle « Liberté d’Expression » : « N’ayez pas peur de ce que les communistes font, faites ce que les communistes ont peur ». Cette courageuse attitude a été démontrée par les agissements de presque tous les ex-prisonniers comme le Vénérable Thich Quang Do, le Docteur Nguyen Dan Que, le Père Nguyen Van Ly et Monsieur Nguyen Khac Toan… bien qu’à n’importe quel moment, Ha Noi peut arrêter, emprisonner ou isoler ces personnes qui ont surpassé leur peur. Ainsi, toutes les mesures de répression du régime totalitaire n’ont pratiquement plus d’effets.

Madame Aung San Suu Kyi qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1991 a affirmé d’une phrase mémorable : « Il ne s’agit pas du droit de détruire l’humanité, mais il s’agit de la peur ». Selon Madame Aung San Suu Kyi, la peur est l’élément le plus dangereux. Car il fait accepter à l’être humain tout ce qui est inacceptable ; d’une autre manière, l’être humain devient lâche. En revanche, lorsque l’être humain n’a plus peur, il devient courageux. Quelqu’un a dit que le Pape Jean-Paul II est un personnage important de la révolution démocratique de l’Europe de l’Est. Ce n’est pas faux car le Pape a vaincu la peur lui-même, sur le régime totalitaire ; et son appel « N’ayez plus peur » lors de son retour en Pologne en 1983 a poussé des millions de polonais à lutter et à mener le combat jusqu’à l’effondrement du régime communiste de l’Europe de l’Est.

Au Viêt Nam, pendant une longue période, le PCV a réussi à répandre le virus de la peur dans la population. Aujourd’hui, beaucoup de personnes ont été guéries et le virus de la peur est en train de se retourner contre le régime. Le PCV commence à avoir peur du mouvement de protestation qui pourrait devenir un mouvement de citoyens pauvres qui lutte pour obtenir le droit de vivre. Les communistes craignent que les grèves récentes et continuelles amènent un mouvement de demande du droit de constitution de syndicats indépendants.

Ils ont peur que la presse et les médias s’échappent à leur contrôle, ce qui mène à un mouvement de demande de vraie liberté de presse au Viêt Nam. La plus grande peur est celle d’un mouvement de lutte pour la démocratie qui poussera à l’effondrement du régime totalitaire. Le courant de la peur est certainement en train de changer de direction et c’est effectivement le moment où il faut faire « ce dont les communistes ont peur ». C’est la raison pour laquelle les militants pour la démocratie du pays ont réclamé la reconnaissance officielle de divers partis politiques, brisant ainsi le monopole politique du Parti Communiste au Viêt Nam.

Peu importe que la presse soit permise ou interdite par les autorités communistes, la revue indépendante « Liberté d’expression » a quand même été diffusée dans le pays. Ce qui permet la création d’un mouvement de publication de la presse indépendante et officielle au Viêt Nam. Puis, il y a eu des mobilisations pour former des syndicats indépendants, des efforts pour établir des groupes d’avocats qui sont hors de la disposition des autorités afin de lutter pour les droits des citoyens pauvres. Toutes ces attaques visent le Parti Communiste vietnamien et lui fait peur. « Cette peur détruira ce régime communiste » a affirmé Madame Aung San Suu Kyi.

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