Hanoï a ouvert une boîte de pandore en envoyant l’avocat dissident Cu Huy Ha Vu derrière les barreaux

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9 avril 2011

Par Sian Powell

Les autorités communistes du Vietnam ont suscité une vague de mécontentement cette semaine lorsque les juges ont condamné l’avocat dissident, Cu Huy Ha Vu, à une longue peine de prison pour son activisme. Maintenant, sous l’œil inquiet du gouvernement vietnamien, il semblerait que de plus en plus de sympathisants de l’avocat se rassembleraient afin de ridiculiser les charges et la sentence qui pèsent sur l’accusé.

L’arrestation maladroite et à grand spectacle de l’année dernière de M. Vu – arrêté, torse-nu, dans une chambre d’hôtel de Ho Chi Minh Ville alors qu’il se trouvait avec une femme qui n’était pas sa femme – avait déjà fait couler beaucoup d’encres. Des articles à scandale et des photos compromettantes ont paru dans la Presse, mais les Vietnamiens – toutes couches sociales confondues – affluent de toute part pour apporter leur soutien à M. Vu.

L’épouse avocate de M. Vu, Nguyen Thi Duong Ha, sa sœur et divers membres de sa famille, ont bombardé les autorités de lettres et de procédures juridiques et ont parlé librement aux journalistes. Des milliers de Vietnamiens ont signé des pétitions ; des veillées de prières ont eu lieu dans les églises catholiques et des foules de sympathisants se sont rendus à son procès politique lundi (où deux éminents dissidents, Pham Hong Son et Le Quoc Quan, ont été arrêtés devant le tribunal).

Sa peine de sept ans de prison assortie de trois années d’assignation à résidence a été accueillie avec indignation. Les Etats-Unis et l’Union Européenne ont exprimé hier leurs désarrois. Au Vietnam, la fureur qui bout sur Internet continue à se propager.

“Cette affaire reflète le haut niveau d’activisme mais également la réaction du gouvernement envers cet activisme”, remarque Phil Robertson, directeur adjoint pour l’Asie de Human Rights Watch. “Nous pensons que les mesures de répression s’intensifient. Le gouvernement s’inquiète de ces divers groupes – d’écologistes, de Catholiques, de militants en droit foncier – qui communiquent de plus en plus entre eux”. M. Robertson déclarait que les protestations avaient commencé peu après l’arrestation de M. Vu.

Des bouquets anonymes ont été déposés à son bureau. Quand la police les enlevait, ils étaient remplacés par des bouquets frais.

Internet a été utilisé comme un forum de mécontentement : on pouvait lire les réflexions de célèbres blogueurs, y trouver les actes de mariage que des citoyens avaient postés avec dédain sur les forums de discussion et les médias sociaux et se moquer des deux préservatifs usagés que la police dit avoir trouvés dans la chambre d’hôtel.

Le gouvernement vietnamien est sur la sellette, mais refuse toute ingérence internationale. Au Vietnam, les droits de liberté et de démocratie des citoyens, dont la liberté d’expression, sont garantis par la Constitution et les autres textes juridiques et sont de fait respectés, a souligné le porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères Nguyen Phuong Nga. “Il n’y a pas de soi-disant “prisonnier de conscience” au Vietnam”.

Militant juridique, M. Vu a utilisé sa position privilégiée pour défier les autorités vietnamiennes. A 53 ans, fils d’un des plus proches compagnons du héros de guerre vietnamien Ho Chi Minh, il a assisté les écologistes et a parlé en faveur de la liberté de religion, a dénoncé les fonctionnaires qui confisquent les terres et qui lancent des cyber-attaque contre les sites internet politiquement sensibles. Il a également par deux fois poursuivi en justice le Premier Ministre vietnamien Nguyen Tan Dung.

“Je n’ai pas commis de crime de propagande contre l’état”, a déclaré M. Vu lundi à la Cour. “Cette affaire a été montée de toute pièce. Cette affaire est complètement illégale”.

Un de ses avocats a été jeté du Tribunal ; les trois autres ont quitté les lieux en signe de protestation, le laissant se défendre seul.

Les interviews que M. Vu a donnés à la Presse n’ont pas été lus ou distribués en audience et, après une demi-journée d’audience, il a été reconnu coupable d’activités de propagande contre l’état, notamment en défendant la fin du régime communiste à parti unique.

“Né et élevé dans une famille de révolutionnaires, il n’a pas maintenu la tradition, mais a au contraire commis des actes délictueux,” a déclaré le Juge Nguyen Huu Chinh. Les avocats de M. Vu on fait appel de la condamnation.

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