Heurts entre policiers et paysans à Yen Son, plusieurs blessés

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27.12.2008

Un nouvel affrontement entre paysans et policiers s’est produit le jour de Noël à Yen Son, lorsque les autorités locales ont envoyé des engins de démolitions escortés par l’armée pour mettre fin à un conflit foncier.

Aussitôt la nouvelle connue, la journaliste Hà Giang de la rédaction vietnamophone de RFA (Radio Free Asia) a mené son enquête et nous relate ces événements.

Près d’une centaine de policiers et de soldats

Le 25 décembre au matin, alors que les violents heurts de Kien Giang [à l’extrême sud du pays] d’il y a une semaine sont encore dans tous les esprits, avec notamment un paysan toujours dans un état critique après avoir été blessé par balle par un policier, de nouveaux affrontements se sont produites entre paysans et policiers au village Yen Son, commune Quoc Oai, appartenant à la ville de Hanoi. Selon Nguyen Anh Kim, un habitant de Yen Son, à 9h30 le matin du 25, une centaine de policiers et militaires emmenés par le commandant de police Ha Dinh Khoi et le chef de compagnie Nguyen Thai Hoc ont escortés des pelleteuses jusqu’au hameau Son Trung pour raser les habitations des gens qui y habitent.

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Image extraite d’une vidéo de Radio Free Asia

M. Kim précise que les terres sur lesquelles portent le conflit sont appelées « des terres de 5% » et ont été confiées aux paysans il y a près de 50 ans pour qu’ils subviennent à leurs besoins :

« Les terres nous ont été confiées en 1960. A cette époque, toutes les rizières ont été collectivisées et l’état a laissé à aux familles 5% des terres afin qu’elles puissent cultiver leurs potagers. Cela représente une bande d’environ 2 mètres autour de chaque maison. »

D’après la loi, si les autorités locales veulent récupérer ces terres, elles doivent avoir l’accord de la province et en avertir au préalable la population, discuter des moyens de compensations, etc. Il semble que rien de cela n’a été fait et lorsque les pelleteuses ont soudainement fait leur apparition, les paysans ont essayé de les empêcher d’avancer en se couchant par terre.

M. Nguyen Anh Kim explique :

« Il y aurait dû avoir un plan de concertation au niveau de la province ou au moins du district, mais la commune n’a pas agit selon les règles. C’est pourquoi nous nous y opposons. S’il n’y a pas d’ordonnance de saisie de la part des autorités centrales, alors on ne peut pas nous prendre (nos terres). Et si on nous prend (nos terres) alors il faut que nous soyons avertis à l’avance et qu’on discute des compensations. Au lieu de cela, ils utilisent la force. Ils ramènent des militaires, des policiers pour nous contraindre à rendre ces terres. »

Bousculades et coups

Lorsque les premiers éléments de la contrainte ont rencontré la résistance de la population, ils ont demandé et obtenu du renfort de policiers et militaires supplémentaires. Mme Nguyen Thi Mui, une paysanne de Son Trung qui a perdu ses terres raconte :

« Lorsqu’ils sont entrés au village, la population est sortie en masse, empêchant les véhicules d’entrer. Voyant la foule, les conducteurs des engins ont rebroussé en chemin. Mais deux d’entre eux sont parties téléphoner et peu après, de nombreux policiers et militaires sont arrivés. Ils nous ont écartés sur les côtés du chemin. Seules quelques personnes irréductibles se sont mises en travers de la route, s’intercalant entre les véhicules de chantiers. »

Entêtées dans leurs volontés de récupérer les terres, quelqu’en soient les résistances, les forces de police et les soldats ont usé de la force physique pour faire dégager la route. Des personnes âgées ont été trainées sans ménagement sur le bas côté. D’autres personnes ont reçu des coups de matraque électrique. Certaines d’entre elles ont perdu connaissance. Un témoin raconte : « Ils utilisent les matraques électriques pour pousser les gens. Certains gamins et des vieilles dames ont perdu connaissance. Ils ont dû être transportés d’urgence dans les hôpitaux. »

Parmi les blessés, il y a M. Nguyen The Dong, 28 ans, qui a reçu des coups de poings au ventre et des décharges électriques dans le dos ; les dames Ba Doan, Nguyen Thi Khanh et Nguyen Thi Tam ont perdu connaissance. Mme Nguyen Thi Mui continue son récit :

« Ils ont repoussé la vielle dame puis l’ont transportée comme du cochon. Deux dames ont perdu connaissance. Parmi les personnes qui se sont interposées, il y a le jeune Nguyen The Dong. Lorsqu’il a vu son grand-père de 80 ans qui s’agrippait à un engin se faire bousculer par la police, il s’est interposé pour relever le vieil homme. C’est alors qu’un policier lui a donné un grand coup au ventre puis une décharge électrique lorsque Dong était déjà à terre, se tordant de douleur. »

Les opinions publiques sont indignées

Devant tant de violence, et sans la moindre arme dans les mains, les paysans se sont résignés à voir leurs lopins de terres, et pour certains, leurs uniques moyens de subsistance, confisqués. Mme Mui ajoute :

« Lorsqu’ils ont commencé à démolir ma maison, j’ai voulu entrer dans la maison pour chercher mon mari, mais cinq policiers m’ont attrapée par les pieds et les mains pour me faire sortir de force. Nous sommes faibles, nous ne pouvons rien faire. Nous sommes résignés à voir nos maisons rasées.

Oui, les gens sont très en colère. Ils ont interpellé les fonctionnaires en demandant pourquoi ils opprimaient autant le peuple, pourquoi recourir à autant de violence pour voler les terres des gens. Mais les fonctionnaires nous ont ignoré, ils ne nous ont pas répondu. »

Selon la législation vietnamienne d’aujourd’hui, le seul propriétaire foncier est l’état, et les nombreux conflits sur les terres ne sont pas résolus de manière acceptable par les différentes parties. Les opinions publiques vietnamiennes craignent que les heurts et les ressentiments de la population à Son Trung relèvent d’un problème national et qu’il sera difficile de trouver une solution équitable.

Visionner la vidéo de cette journée sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=HHY47n7eKb0

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