HRW demande la cessation de la répression contre les catholiques

Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print
Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print

Vietnam : Cessez la répression des catholiques
Des manifestants pacifiques battus, arrêtés et harcelés

(New York, 4 Octobre 2008) – Le gouvernement vietnamien doit libérer immédiatement les catholiques arrêtés pour la tenue pacifique de veillées de prière à Hanoi. La police et les autres responsables de l’attaque des paroissiens catholiques doivent rendre des comptes, déclare Human Rights Watch aujourd’hui. Les manifestants demandaient la restitution à l’Église des propriétés confisquées par le gouvernement.

Human Rights Watch a également exhorté le gouvernement à mettre fin aux harcèlement, menaces et restrictions à la liberté de circulation à l’encontre de l’archevêque de Hanoi, Joseph Ngo Quang Kiet, qui a publiquement défendu les droits des manifestants catholiques et a visité les familles des paroissiens arrêtés.

JPEG - 4.3 ko

« C’est la vague de répression la plus sévère exercée sur les catholiques au Vietnam depuis des décennies », déclare Elaine Pearson, directrice adjointe Asie de Human Rights Watch. « Malheureusement, la répression religieuse et la répression violente par les autorités vietnamiennes contre des manifestants pacifiques ne sont pas nouvelles. »

Le Vietnam n’avait pas vu un aussi grand nombre de catholiques participer à des manifestations publiques depuis les années 1950, et le gouvernement n’avait jamais répondu aux catholiques aussi violemment durant ces dernières décennies.

Les autorités vietnamiennes ont récemment utilisé des gaz lacrymogènes et des matraques électriques pour disperser des pacifiques veillées de prière des catholiques à Hanoi, et rasé au bulldozer des propriétés considérées comme sacrées par les catholiques vietnamiens. Des centaines de voyous non identifiés, certains dans des T-shirts bleus de la Ligue des jeunes communistes, ont harcelé, insulté, et craché sur les paroissiens et détruit des statues de l’église. Le 19 septembre 2008, les autorités ont arrêté et frappé un journaliste américain couvrant ces événements. Au moins huit paroissiens catholiques ont été arrêtés pour avoir participé à des veillées depuis que cette dernière série de protestations a commencé, à la mi-août.

« Faire taire la voix des paroissiens catholiques avec des coups, des harcèlements, et des arrestations est une autre démonstration de l’intolérance du Vietnam face à la dissidence et la liberté de religion », dit Pearson. « Même les hautes personnalités religieuses officiellement reconnues par l’Église sont victimes de graves harcèlements. »

Les deux propriétés de Hanoi en litige sont le site de l’ancienne nonciature (une mission diplomatique du Vatican), et l’église Thai Ha des Rédemptoristes, qui ont été confisquées au milieu des années 1950. Le 19 Septembre 2008, des ouvriers du bâtiment, protégés par des centaines de policiers, ont rasé au bulldozer un bâtiment de la Nonciature.

L’expression publique des griefs sur les propriétés foncières a éclaté à travers tout le Vietnam, de la région du delta du Mékong jusqu’aux hauts-plateaux du nord, avec des chefs religieux et leurs fidèles unis dans la protestation pacifique.

Des veillées de prière ont été menées en décembre 2007 et janvier 2008 par les catholiques à Hanoi pour la restitution des biens litigieux puis se sont terminées au début de cette année lorsque les autorités avaient promis de rendre les propriétés. Cependant, des mois se sont écoulés sans une action, incitant des milliers de catholiques à participer à de nouvelles veillées de prière en août et en septembre, faisant pression pour la restitution des terres de l’Église confisquées par le gouvernement.

Le 21 septembre, 10 000 catholiques se sont rassemblés dans la prière à l’extérieur de la cathédrale de Saint-Joseph de Hanoi pour protester contre les démolitions près de la Nonciature. C’est la plus grande protestation publique menée par des catholiques depuis 1954.

Les autorités de Hanoi ont ciblé l’archevêque Kiet pour le harceler, après qu’il se fut exprimé publiquement pour défendre les veillées de prière. Les sources catholiques au Vietnam rapportent que les autorités vietnamiennes ont placé des caméras de surveillance à l’extérieur de sa résidence et mis sur écoute sa ligne téléphonique. Le gouvernement a orchestré des rassemblements de foules à l’extérieur de sa porte pour crier des slogans anti-catholiques et demandant qu’il soit démis de ses fonctions. L’archevêque a limité ses déplacements en dehors de sa résidence en raison des craintes sur sa sécurité.

Le gouvernement mène également une intense campagne de dénigrement contre l’archevêque Kiet dans les médias contrôlés par l’État, arguant qu’il aurait commis des actes illégaux et antipatriotiques en « complotant avec les paroissiens en vue de semer la division » par le biais de protestations que le gouvernement qualifient de menaces à la sécurité publique et l’unité nationale.

Le 23 septembre, le président du Comité populaire de Hanoi (une autorité gouvernementale relevant du Parti communiste vietnamien) a envoyé une lettre à la Conférence des évêques catholiques du Vietnam pour réclamer des « châtiments sévères » et la mutation de l’archevêque Kiet, l’accusant ainsi que quatre prêtres de la paroisse de Thai Ha « d’inciter à l’émeute, d’accuser à tort le gouvernement, de manquer de respect à la nation, d’infraction, de tourner en dérision la loi et d’inciter d’autres personnes à l’enfreindre. »

En réponse, la Conférence des évêques catholiques du Vietnam a rendu publique une lettre défendant l’archevêque et les prêtres, soulevant des inquiétudes au sujet de la liberté religieuse, le droit à la propriété, le monopole du gouvernement sur les médias, et d’autres questions relatives aux droits de l’homme au Vietnam. (http://www.vietcatholic.net/News/Html/59225.htm).

« Le gouvernement devrait soutenir la tolérance religieuse et les rassemblements pacifiques au lieu d’utiliser les médias pour dénigrer les dirigeants religieux et au lieu de dépeindre des manifestants religieux pacifiques comme une menace pour le public », dit Pearson.

Chronologie des attaques, arrestations, et destructions de biens depuis le mois d’août 2008 :

  • 28 août : arrestation par la police d’au moins huit manifestants pacifiques dans l’église des Rédemptoristes de Thai Ha. La police a frappé les paroissiens avec des matraques électriques pour disperser une veillée appelant à la libération des personnes arrêtées. Un prêtre est grièvement blessé, et la police aurait temporairement détenu au moins 12 autres personnes qui ont participé à la veillée silencieuse.
  • 31 Août : un policier en uniforme a pulvérisé du gaz lacrymogène sur un groupe de catholiques au cours d’une veillée dans l’église des Rédemptoristes de Thai Ha, entraînant l’hospitalisation d’au moins 20 paroissiens.
  • 19 Septembre : La police et des ouvriers rasent au bulldozer une partie de l’ancienne nonciature, pour faire de la place et construire un parc public et une bibliothèque.
  • 19 Septembre : Ben Stocking, journaliste américain et chef de bureau à Hanoi d’Associated Press, a été arrêté et battu par la police, pour avoir photographié les manifestants lors de la démolition de la Nonciature. Les autorités le libèrent après deux heures en détention. Il s’en sort avec une entaille causée par la police sur l’arrière de sa tête, qui nécessitera quatre points de suture.
  • 21 Septembre : 10 000 catholiques prient à l’extérieur de la cathédrale Saint-Joseph à Hanoi. Ce soir-là des centaines d’hommes, certains en uniformes de la jeunesse communiste, attaquent l’église de Thai Ha, harcèlent et crachent sur les prêtres et leurs paroissiens.
  • 25 Septembre : les autobus de l’État débarquent une foule pro-gouvernementale qui attaque les manifestants catholiques sur le site de la nonciature et invectivent l’Archevêque Kiet. La police regarde tandis que les casseurs harcèlent les paroissiens, détruisent une croix en fer érigée dans le jardin de la nonciature, et enlèvent une statue sacrée de la Pietà. Le même jour, plus de 5000 catholiques se sont rassemblés pour une veillée de prière à Ho Chi Minh-Ville et manifester leur soutien aux paroissiens de Hanoi.

Human Rights Watch prie instamment le gouvernement vietnamien de respecter les droits des catholiques de rassembler pacifiquement et les libertés de religion et d’expression. Ces droits sont garantis par la Convention Internationale relative aux Droits Civiques et Politiques, que le Vietnam a ratifié en 1992.

Human Rights Watch soutient également la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale qui exhorte les États-Unis à réinscrire le Vietnam sur sa liste noire des pays qui violent le droit à la liberté religieuse.

Contexte

Le catholicisme est l’une des six religions officiellement reconnues au Vietnam. Les catholiques constituent la deuxième plus grande religion, après le bouddhisme, avec plus de 6 millions de fidèles. Suite à la prise du pouvoir des communistes au Nord Vietnam en 1954, le gouvernement a saisi de nombreux biens des propriétaires privés, des pagodes et des églises, y compris de l’Église catholique.

Les liens entre le gouvernement vietnamien et le Vatican ont été rompus en 1975 après la réunification du Vietnam. Alors que les relations diplomatiques n’ont pas encore été renouvelées, le Premier ministre vietnamien a rencontré le pape à Rome en janvier 2007. En Juin 2008, un groupe de travail Vatican-Vietnam a été créé pour améliorer les relations.

Le gouvernement vietnamien surveille de près les organismes religieux, et restreint les activités de ceux qui choisissent de fonctionner de façon indépendante ou de ne pas s’affilier officiellement aux organismes religieux sous contrôle du gouvernement. Des centaines de Vietnamiens sont en prison pour de pacifiques activités religieuses ou politiques.

Parmi eux, le prêtre catholique Nguyen Van Ly, un des fondateurs du groupe de la démocratie au Vietnam connu sous le nom de Bloc 8406, qui a été condamné à huit ans de prison en mars 2007 pour avoir mené une « propagande contre le gouvernement » en vertu du Code pénal l’article 88.


Pour plus de rapports de Human Rights Watch sur le Vietnam, visitez le site :

http://hrw.org/doc?t=asia&c=vietna

Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter :

  • À New York, Elaine Pearson (en anglais) : +1-646-291-7169 (portable)
  • À Washington, DC, Sophie Richardson (en anglais) : +1-917-721-7473 (portable)
  • À Londres, Tom Porteous (en anglais) : +44-79-8398-4982 (mobile)
  • À Bruxelles, Reed Brody (anglais, français, portugais, espagnol) : +32-498-625786 (mobile)
Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print

Derniers articles

Action collective pour les îles Paracel et Spratly

Aujourd’hui, la communauté internationale s’accorde à dire que la République populaire de Chine mène des actions de plus en plus agressives dans la région indo-pacifique, notamment en mer de Chine méridionale. Ces hostilités ont commencé il y a 49 ans avec l’invasion chinoise des îles Paracels (Hoàng Sa) le 19 janvier 1974,