Huit dissidents vietnamiens reçoivent le prix Hellman-Hammett

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Contacts :
New York : Sophie Richardson
London : Brad Adams

Communiqué de presse

Viêt Nam : Des militants pour la Liberté d’Expression reçoivent le prix Hellman-Hammett

New York – Janvier 2007. L’organisation de défense des Droits de l’Homme Human Rights Watch annonce que le prix Hellman-Hammett 2007 a été décerné à huit dissidents vietnamiens, en reconnaissance de leur courage face à la répression politique.

Madame Sophie Richardson, présidente de la section Asie d’Human Rights Watch déclare : « C’est une année spéciale où sont honorées les plumes courageuses au Viêt Nam. Le mouvement démocratique prend de l’ampleur jour après jour au Viêt Nam et s’enhardit avec des prises de position publiques, malgré la répression. Le prix Hellman-Hammett témoigne de la bienveillance de la communauté internationale à leur égard et leur assurera une protection. »

Le prix Hellman-Hammett, créé par Human Rights Watch, est destiné aux écrivains et aux journalistes victimes de la répression politique. Cette année, le prix a été décerné à Nguyen Vu Binh, Do Nam Hai, Nguyen Chinh Ket, Tran Khai Thanh Thuy, Nguyen Van Dai, Nguyen Khac Toan, Pham Que Duong et Le Chi Quang.

Sophie Richardson parle des lauréats : « L’oeuvre et la vie de ces personnes concrétisent tout ce que le régime vietnamien veut cacher, c’est-à-dire l’absence de liberté d’expression au Viêt Nam, l’absence de médias indépendants et un contrôle strict de l’accès à Internet. Ceux qui pensent que le développement économique vietnamien va de pair avec une libéralisation de la vie politique doivent observer plus attentivement la situation car les entraves qui sont imposées à ces écrivains prouvent le contraire.

Les autorités vietnamiennes, déjà réputées répressives à l’encontre des dissidents, se sont encore durcies durant le sommet des pays de l’APEC (Association Économique en Asie-Pacifique) qui s’est tenue à Hà Nôi en novembre 2006.

Le régime vietnamien n’éprouve pas le besoin de dissimuler ses agissements, même en présence de nombreux médias internationaux comme ce fut le cas à Hà Nôi durant le sommet. Les dissidents étaient enfermés chez eux, avec l’interdiction de recevoir des invités ou de quitter leur habitation. Afin d’empêcher tout journaliste étranger d’y venir, la Sûreté Publique montait la garde devant leurs domiciles et des panneaux y indiquaient « Zone interdite », « Interdit aux étrangers ». Un des dissidents a même été battu par la police lorsqu’il voulut recevoir des invités.

En outre, la Sûreté Publique a arrêté au moins huit membres de la Confédération Syndicale des Ouvriers et Agriculteurs Vietnamiens, un syndicat indépendant du pouvoir et nouvellement créé. Actuellement, les syndicats indépendants sont interdits au Viêt Nam.

Les autorités vietnamiennes ont également encerclé les plaignants qui campent dans le jardin public Mai Xuan Thuong à Hà Nôi, afin de demander au gouvernement la restitution de leurs terres et de leurs maisons, toutes saisies arbitrairement par des autorités locales corrompues. Les jeunes sans domicile fixe ont été regroupés de force dans le centre Dong Dau, en dehors de la ville. Dans le passé, Human Rights Watch a publié une étude sur les mauvais traitements régulièrement infligés à ces enfants, en particulier à ceux qui sont internés à Dong Dau.

Ces violations quotidiennes des droits de l’homme au Viêt Nam préoccupent la communauté internationale. Non seulement le régime vietnamien emprisonne les personnes jugées menaçantes politiquement, mais il utilise aussi d’autres moyens de répression : coupure du téléphone et de la connexion à Internet ; convocations et interrogatoires incessants après chaque passage dans un cybercafé ; fréquentes perquisitions des domiciles, confiscations ou mises sous scellés des ordinateurs personnels ; pressions et harcèlement sur la famille et l’entourage proche ; utilisation des médias officiels pour discréditer les dissidents. Par ailleurs, sous la pression des autorités, les employeurs licencient les dissidents qui se retrouvent rapidement dans une situation économique précaire.

Sophie Richardson ajoute : « En honorant les dissidents, nous espérons attirer l’attention internationale sur la situation de ces personnes qui subissent la répression des autorités vietnamiennes. Beaucoup de pays ont fait semblant d’ignorer cette répression de la dissidence durant le sommet de l’APEC, donnant le sentiment aux autorités vietnamiennes qu’elles avaient le feu vert pour continuer à museler toute contestation. »

Voici une petite biographie de chacun des huit lauréats du prix Hellman-Hammett 2007 :

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Nguyen Vu Binh : 38 ans, purge actuellement une peine de 7 ans de prison pour avoir critiqué ouvertement le régime. C’est un des premiers dissidents du mouvement démocratique vietnamien. En 2000, le journaliste Nguyen Vu Binh est licencié de la Revue Communiste (Tap Chi Cong San) pour avoir voulu créé un parti politique indépendant et une association de lutte contre la corruption. En 2002, peu après son témoignage par téléphone devant la Commission des Droits de l’Homme du Congrès des États-Unis, Nguyen Vu Binh est arrêté et condamné pour « espionnage » au cours d’un procès à sens unique.

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Do Nam Hai : 48 ans, ingénieur bancaire. C’est un membre fondateur du Bloc 8406 qui a publié le Manifeste 2006 pour la Liberté et la Démocratie au Viêt Nam. C’est aussi l’un des représentants de l’Alliance pour la Liberté et les Droits de l’Homme au Viêt Nam, mouvement qui rassemble de nombreuses personnes au Viêt Nam mais également des partis politiques vietnamiens à l’étranger. Pour l’empêcher d’écrire et de communiquer, la Sûreté Publique confisque à plusieurs reprises les téléphones portables et l’ordinateur de Do Nam Hai. Depuis octobre 2006, il est convoqué quasiment chaque semaine pour interrogatoire au commissariat. Lorsqu’il refuse de se présenter, la Sûreté Publique l’emmène de force. Il est suivi dans tous ses déplacements. Un officier de cette Sûreté Publique a récemment tenté de l’intimider par un simulacre d’ « accident de la circulation », lui disant peu après que ce simulacre pouvait présager un « accident » bien réel.

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Nguyen Chinh Ket : 54 ans, d’abord prêtre, il quitte les ordres en 1975 mais reste attaché à l’église catholique où il enseigne dans différents séminaires. À partir de 2001, Nguyen Chinh Ket devient l’un des dissidents majeurs du mouvement démocratique. Fervent défenseur de l’unité des dissidents vietnamiens, du nord au sud ; membre fondateur de l’Alliance pour la Liberté et les Droits de l’Homme au Viêt Nam. Il fonde également l’Association des Journalistes Libres du Viêt Nam, regroupant des journalistes indépendants du régime. Le professeur Nguyen Chinh Ket parcours actuellement les États-Unis et se rendra ensuite en Australie puis en Europe à la recherche de soutiens au mouvement démocratique au Viêt Nam. Il a l’intention de retourner au Viêt Nam après son voyage afin de poursuivre sa lutte pour la liberté et la démocratie.

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Tran Khai Thanh Thuy est écrivain et journaliste. Elle se fait connaître en 2006 en diffusant plusieurs textes critiques sur le système politique vietnamien. Thanh Thuy est l’une des rédactrices du journal clandestin To Quoc (Patrie), diffusé à Hà Nôi, Hue, Sài Gòn et également sur Internet. La journaliste indépendante a dû affronter à plusieurs reprises les autorités via les tribunaux populaires. Début octobre 2006, la Sûreté Publique mobilise des hommes de main pour forcer le domicile de madame Thanh Thuy, proférant des menaces à son égard. La Sûreté Publique refuse d’enregistrer la plainte de la journaliste. Interrogée durant plusieurs jours au commissariat en octobre, elle est licenciée par son employeur en novembre 2006. Durant le sommet de l’APEC, elle fait partie des dissidents qui se sont fait enfermer chez eux par les autorités.

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Nguyen Van Dai est avocat. En 2006, il crée le Comité des Droits de l’Homme au Viêt Nam. C’est le défenseur juridique des membres de l’église protestante Memmonite persécutée par le régime, notamment du pasteur Nguyen Hong Quang. Nguyen Van Dai rédige de nombreux articles sur la démocratie et la liberté de la presse. Il est arrêté en août 2006 pour avoir voulu, avec d’autres dissidents, éditer un journal clandestin. Avant le sommet de l’APEC, il est détenu du 9 au 14 novembre. Durant le sommet, il est bloqué à son domicile par la Sûreté Publique. Son téléphone et sa connexion Internet sont coupés.

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Nguyen Khac Toan : 51 ans, est libéré de prison en février 2006 mais reste en assigné à résidence. Il indique que la Sûreté Publique monte la garde continuellement devant son domicile. Ancien combattant de l’Armée du Nord Viêt Nam, Nguyen Khac Toan dénonce par écrit, en 2001, la corruption et les expropriations arbitraires à l’encontre des paysans et des vétérans. Il aide ces personnes à monter des dossiers de plaintes auprès des autorités. Ses écrits sont diffusés sur Internet. En 2002, il est arrêté dans un cybercafé et condamné peu après à 12 ans de prison pour espionnage. Après avoir recouvré la liberté en février 2006, il continue le combat pour la démocratie. En août 2006, il publie le mensuel indépendant Tu Do Dan Chu (Liberté et Démocratie) à Hà Nôi. En octobre 2006, il crée le premier syndicat indépendant au Viêt Nam. Nguyen Khac Toan est également « muselé » durant le sommet de l’APEC.

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Pham Que Duong : 75 ans, est l’un membres les plus âgés et les plus respectés du mouvement démocratique vietnamien. Ancien membre du Parti Communiste, ancien combattant, ancien rédacteur en chef des journaux officiels, Pham Que Duong se fait connaître en 1999, lorsqu’il quitte le Parti Communiste en signe de protestation contre la radiation du général Tran Do, un proche ami très critique envers le régime vietnamien. Pham Que Duong a rédigé de nombreux articles sur la situation des droits de l’homme au Viêt Nam. C’est le rédacteur en chef du journal clandestin To Quoc (Patrie) auquel collabore madame Tran Khai Thanh Thuy. Il est assigné à résidence depuis plusieurs années.

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Le Chi Quang : 36 ans, est avocat. En 2002 il est arrêté dans un cybercafé et condamné à 4 ans de prison pour « menace à la sécurité nationale ». Grâce à la pression internationale, il est libéré en juin 2006 ( ?) alors qu’il connaît de graves problèmes de santé. Mais il est assigné à résidence pour une durée de 3 ans. Les autorités ont fait d’énormes pressions sur sa famille pour l’obliger à cesser son combat démocratique, en vain car Le Chi Quang vient d’annoncer qu’il a rejoint la rédaction du journal clandestin To Quoc, en compagnie d’autres dissidents comme Pham Que Duong, Nguyen Thanh Giang, et Tran Khai Thanh Thuy.

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