Interview de Mme Thao, une manifestante à Sài Gòn

Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print
Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print

Radio Nouvel Horizon (Chan Troi Moi) – Nguyen Hoang Thanh Tam
Sài Gòn, 3 juillet 2007

« La police de la province de Tien Giang et la police secrète ont arrêté des personnes innocentes et ont violé la loi…. À bas les communistes… À bas, À bas. »

« La police de la province de Tien Giang et la police secrète ont violé la loi, ont violé les droits de l’homme, et ont confisqué les terres de personnes innocentes… À bas. »

NHTT : Bonjour à tous les auditeurs. Je suis Nguyen Hoang Thanh Tam et vous écoutez une émission spéciale. Vous venez d’entendre les voix de personnes lésées de la province de Tien Giang et d’autres provinces locales, personnes qui se sont rassemblées pour protester devant le Bureau numéro 2 de représentation de l’Assemblée nationale à Sài Gòn. Ces derniers jours, la tension est montée au point que plusieurs personnes ont été arrêtées et brutalement battues par la police. Quotidiennement, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées. On dit qu’un jour ce sont jusqu’à mille personnes qui sont venues manifester ici. Ce mardi matin, 3 juillet 2007, nous avons téléphoné à Mme Thao, une jeune femme habitant Sài Gòn. Aussitôt après qu’elle a entendu parler de la manifestation, elle s’est rendue sur le lieu de la manifestation et a soutenu le moral des personnes lésées. Nous avons fait une brève interview afin d’obtenir des information plus précises et plus fraiches sur le sujet. Nous vous invitons à écouter cette interview.

NHTT : Bonjour chère Madame. D’abord-pouvez-vous nous dire ce qui se passe autour de vous ?

Mme Thao : Des banderoles sont accrochées partout dans les rues. Elles disent « À bas le gouvernement corrompu » « À bas la police de la province de Tien Giang qui confisque les terres de personnes innocentes. » Des drapeaux et les banderoles sont accrochés partout dans les rues. Il y a environ 400 personnes ici devant le Bureau numéro 2 de représentation de l’Assemblée nationale. J’ai interrogé les gens qui sont ici et ils m’ont dit qu’ils avaient été arrêtés. Certains avaient été arrêtés et détenus pendant un an simplement parce qu’ils avaient protesté. Leur crime était d’avoir protesté, demandé la restitution de leur terre, et d’avoir osé parler. Il y a ici des femmes plus âgées qui ont été détenues pendant trois mois. Il y a ici une femme professeur qui dit avoir été détenue pendant six mois, a été licenciée et a été empêchée de retrouver un emploi. Généralement chacun ici est lésé et le niveau de préjudice atteint le maximum.

NHTT : Ces derniers jours, on a signalé que Mme Vo Thi Thu avait été battue brutalement, de même que Mme Hoa et d’autres personnes qui ont été arrêtées et détenues. Pouvez-vous nous donner des nouvelles sur la situation de ces personnes ?

Mme Thao : Elles sont toujours ici, criant pour être entendues mais personne (le gouvernement) n’a voulu les entendre. Elles sont ici depuis plusieurs jours. Elles sont venues de Tien Giang. Les habitants de Ben Tre sont en route. C’est très bruyant maintenant et vous pouvez entendre le bruit ambiant.

NHTT : Quelle est la réaction de la police ?

Mme Thao : Personne ne nous a apporté la moindre aide. Personne ne nous a apporté la moindre aide. Il y a une vieille femme qui s’est même évanouie en raison de la chaleur. Ils se sont contenté de la mettre à l’ombre. Je vous prie de m’excuser mais mon téléphone tombe en panne de batterie.

NHTT : Les policiers encerclent-t-ils les manifestants ?

Mme Thao :Oui, ils se tiennent dans les rues. Au début, ils nous ont dit de nous déplacer parce que nous bloquions le trafic. J’ai dit que nous nous tenons sur le trottoir, qu’il n’y a aucune raison pour que nous nous tenions sur la chaussée et que nous bloquions ainsi le trafic. Les policiers se tiennent dans la rue mais il y a un bon nombre de gens ici, ce qui les dissuade d’agir. L’autre jour, ils ont confisqué l’appareil-photo et le téléphone portable de quelqu’un. Les gens présents ici leur ont couru après et ont obtenu la restitution de ces appareils.

NHTT : Que diriez-vous de l’état d’esprit des gens qui sont autour de vous ?

Mme Thao : Ils sont très mécontents et attristés que personne ne se soit intéressé à eux ou n’ait voulu les entendre. Une fois, quelqu’un est sorti [du bâtiment de l’Assemblée] et a conseillé aux gens de rentrer chez eux. Mais les personnes présentes ici ont exigé la justice et ont voulu que leurs réclamations fussent résolues, après quoi elles rentreraient chez elles. Même la sécurité publique est sortie pour filmer la manifestation.

NHTT : Comment les Saïgonnais réagissent-ils à l’égard des gens venus de Tien Giang et d’autres provinces voisines pour protester ? Confrontés à cette situation, comment les Saïgonnais réagissent-ils ?

Mme Thao : Tous les Saïgonnais qui sont passés ici ont semblé très étonnés de voir des manifestants, certainement parce qu’ils n’avaient jamais vu auparavant une aussi grande manifestation à Sài Gòn. Ces derniers jours, nous n’avions pas de microphone. Mais aujourd’hui, nous avons obtenu un microphone et les gens ont hurlé.

NHTT : Vous avez estimé à environ 300 ou 400 le nombre de participants à la manifestation…

Mme Thao : Aujourd’hui, il y a plus de 400 personnes. Nous sommes très nombreux.

NHTT : Pouvez-vous estimer le nombre de policiers en civil et en uniforme présents ici ?

Mme Thao : Il y a beaucoup de policiers en civil mais je n’en connais pas le nombre puisqu’ils sont mélangés à la foule. Les policiers en tenue se tiennent dans la rue. Ils sont alignés dans la rue.

Voix éloignées dans le dos : « À bas les fonctionnaires gouvernementaux corrompus de Tien Giang… À bas , À bas. »

Mme Thao : Pouvez-vous entendre les voix des personnes dans le fond ?

NHTT : Oui, je les ai entendues.

NHTT : Vous avez rencontré beaucoup de gens depuis quelques jours ; vous devez donc savoir quelles sont leurs difficultés. Dans la situation actuelle, pouvez-vous en indiquer une qui nécessiterait le plus de soutien de la part des Vietnamiens d’outre-mer ?

Mme Thao : C’est la voix des Vietnamiens d’outre-mer quand ils nous écoutent. J’habite à Sài Gòn et je ne savais même pas où se trouve le bureau de l’Assemblée nationale. Et je n’avais entendu aucune nouvelle sur ce rassemblement. Les médias du Viêt Nam n’ont rien dit des personnes lésées ici présentes ni des violations des droits de l’homme. J’ai découvert tout cela lorsque je suis allé sur Internet. Si j’étais restée chez moi, je n’aurais rien su de tout cela. Aucun de mes amis n’a appris l’existence, ici, d’une aussi large manifestation.

NHTT : Outre l’action de prêter sa voix et de diffuser les nouvelles sur la manifestation pour aider les personnes lésées qui protestent devant le bureau n° 2 de l’Assemblée nationale, y a-t-il quelque soutien concret que les Vietnamiens d’outre-mer puissent apporter aux gens de Tien Giang et des provinces méridionales locales qui se sont rassemblés à Sài Gòn ?

Mme Thao : Nous avons des difficultés ici. Question moral, celui des manifestants est vraiment élevé mais nous manquons de moyens matériels. Ces gens viennent du secteur rural. Il leur est déjà difficile de joindre les deux bouts. Maintenant, ils ont abandonné leur travail pour être ici. Certains sont allées à Hà Nôi [Ndlr : pour y manifester] et y sont restées de nombreux mois. Certains sont ici depuis plusieurs jours, déterminés. J’ai rencontré plusieurs personnes qui n’ont plus le moindre argent pour monter en bus. Ainsi ils ont marché du terminus de bus occidental jusqu’ici. Pouvez-vous imaginer que vous marchiez du terminus de bus occidental jusqu’ici ? Cela exige deux heures et demie de marche. Voilà les difficultés auxquelles doivent faire face les manifestants. Ils ont crié à l’aide mais personne ne les a écouté.

NHTT : Pouvez-vous nous dire comment ces gens mangent et dorment ?

Mme Thao : Il y a un groupe qui sort pour acheter de la nourriture, qui l’apporte ici et la distribue. Il y a des lits de camp et ces gens dorment tout simplement ici même. Une partie des gens a essayé de trouver un logement près d’ici ; les autres installent simplement les lits de camp et dorment ici.

NHTT : Vous l’avez dit précédemment, bien que vous habitiez Sài Gòn, vous ne connaissiez pas l’endroit où se situe le bureau n°2 de l’Assemblée nationale. C’est donc peut-être le cas de beaucoup de gens. Est-ce que pouvez nous situer exactement ce lieu, sa rue, et la façon de s’y rendre, de sorte que ceux qui auront écouté cette interview puissent y aller ?

Mme Thao : À La vérité quelques personnes sont ici depuis quelque temps, qui n’étaient pas nombreuses au début mais qui ont été et continuent d’être rejointes par beaucoup d’autres. Le bureau n°2 de l’Assemblée nationale est situé au 19 Hoang Dan Thu. Il est à l’angle de Hoang Van Thu et de Hoang Van Que.

NHTT : Si les Saïgonnais veulent passer ici pour apprendre plus d’informations, pour se joindre à la manifestation, ou pour parler aux personnes lésées de Tien Giang, avez-vous un conseil à leur donner ? Par exemple, que devraient-elles apporter ?

Mme Thao : Si les Saïgonnais veulent venir parler aux gens lésés, ce sera un grand encouragement pour eux parce qu’ils comprennent les craintes qu’éprouve chaque Vietnamien depuis des années. Si les Saïgonnais se préoccupaient des gens qui sont ici et voulaient venir leur parler ou apprendre plus d’informations, je pense que ce serait très bien pour les gens d’ici.

NHTT : Merci beaucoup. Cette interview sera diffusée sur tous les médias vietnamiens à l’étranger. Avez-vous un dernier message pour les auditeurs ?

Mme Thao : Je voudrais vous remercier infiniment de m’accorder cette interview aujourd’hui. Le peuple du Viêt Nam reste vraiment très pauvre. Ne regardez pas ce qui est sur à la surface et ne croyez pas que le Viêt Nam ait vraiment progressé. Le Viêt Nam n’a progressé que pour les capitalistes rouges. Mais le peuple du Viêt Nam souffre toujours quand il doit se battre tout seul pour obtenir sa terre. Il s’est échiné en cultivant sa terre. C’est la difficulté à laquelle fait face le peuple du Viêt Nam.

NHTT : Une plus de fois, au nom de tous les jeunes Vietnamiens et de tous les Vietnamiens d’outre-mer qui se sont toujours préoccupés de ces questions, nous voudrions vous remercier infiniment pour le temps que vous nous avez accordé et pour nous avoir donné des nouvelles sur place, au bureau n°2 de l’Assemblée nationale à Sài Gòn. L’adresse que vous nous avez donnée précédemment est le 19 Hoang Van Thu. Je voudrais remercier Mme Thao à nouveau. Si tout va bien dans les prochaines heures ou les prochains jours, nous reviendrons pour obtenir les dernières nouvelles sur la manifestation et pour informer les auditeurs de notre programme, à l’intérieur du Viêt Nam et à l’étranger.

Mme Thao : Merci et merci à tous les Vietnamiens à l’étranger de se préoccuper du peuple vietnamien qui souffre toujours.

NHTT : Vous venez d’entendre la courte interview de Mme Thao, une jeune femme habitant actuellement Sài Gòn et présente sur place, au bureau n°2 de l’Assemblée nationale situé au 19 Hoang Van Thu, à Sài Gòn. À présent, plus de 400 personnes de Tien Giang protestent et réclament justice pour la confiscation de leurs terres par les fonctionnaires gouvernementaux, et vis à vis de la police qui a arrêté des manifestants sans raison valable et en a battu d’autres violemment. Selon nos dernières informations, beaucoup de gens des provinces voisines se dirigent vers Sài Gòn pour joindre leurs forces à celles des gens de Tien Giang. Nous suivrons les événements de près afin de vous livrer nos dernières informations.

Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print

Derniers articles

Action collective pour les îles Paracel et Spratly

Aujourd’hui, la communauté internationale s’accorde à dire que la République populaire de Chine mène des actions de plus en plus agressives dans la région indo-pacifique, notamment en mer de Chine méridionale. Ces hostilités ont commencé il y a 49 ans avec l’invasion chinoise des îles Paracels (Hoàng Sa) le 19 janvier 1974,