La dure vie des blogueurs en prison au Vietnam

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1er octobre 2013

Ballottés de prison en prison dans le plus grand secret, placés en isolement, leur famille soumise à un harcèlement de chaque instant… Le sort réservé à des terroristes internationaux ? Non, à des blogueurs vietnamiens.

Parmi eux, figure Le Quoc Quan, célèbre avocat arrêté fin 2012 avant d’être accusé de “fraude fiscale”, dont le procès doit s’ouvrir mercredi.

Les prisonniers politiques comme lui sont enfermés dans “une zone séparée” des détenus de droit commun, “où tout peut arriver, sans que nul ne l’apprenne”, assure Nguyen Tri Dung, fils du célèbre blogueur emprisonné Dieu Cay.

Le Vietnam assure ne pas détenir de prisonniers politiques, mais les groupes de défense des droits de l’Homme estiment leur nombre à plusieurs centaines, condamnés pour avoir osé critiquer le régime communiste à parti unique, notamment depuis une nouvelle vague de répression contre la liberté d’expression en 2009. Rien que depuis le début de 2013, au moins 46 militants ont été emprisonnés.

Dieu Cay, de son vrai nom Nguyen Van Hai, purge une peine de douze ans de prison pour propagande contre l’Etat. Son appel a été rejeté en décembre 2012 et il paye depuis son attitude de défi lors de son procès, selon les opposants.

“Les autorités sont toujours dures avec les prisonniers qui ne reconnaissent pas leur culpabilité. Elles ont peur qu’ils n’influencent les autres prisonniers”, témoigne, sous couvert de l’anonymat, un militant qui a fait plusieurs années de prison.

“Les prisonniers de droit commun peuvent acheter tout ce qu’ils veulent dans les prisons vietnamiennes, de la nourriture, du tabac ou de l’héroïne”, alors que les politiques se voient refuser l’accès aux livres et au papier à lettres, explique-t-il.

Les placements arbitraires en isolement dont ils font l’objet pourraient être considérés comme de la torture, estiment plusieurs experts, alors même que le Vietnam a assuré qu’il signerait la Convention contre la Torture des Nations unies d’ici à la fin de l’année.

“Isoler les activistes”

Autre technique qui leur est appliquée : les transfèrements secrets. Depuis son arrestation en 2008 pour évasion fiscale, Dieu Cay a ainsi été transféré dix fois d’une prison à l’autre, accuse sa famille, qui l’a toujours appris a posteriori.

Les proches sont également ciblés : le fils de Dieu Cay accuse les autorités de l’avoir arrêté à plusieurs reprises, à chaque fois moins de 24 heures, juste le temps de l’empêcher de passer ses examens.

D’autres familles interrogées par l’AFP décrivent un harcèlement intense, bien que diffus, allant des pressions sur les amis pour qu’ils coupent les ponts au rejet des autorisations nécessaires pour ouvrir une entreprise.

Il s’agit d’”isoler les militants politiques” et d’”effrayer leur famille, leurs amis”, témoigne l’un d’entre eux, qui a fait cinq ans de prison.

Mais ces tentatives d’ostraciser les dissidents ne font souvent que renforcer leur détermination et leurs proches harcelés “deviennent dissidents” eux-mêmes, analyse Hoang Nguyen, étudiante vietnamienne exilée aux Etats-Unis.

Hoang Nguyen, dont le fiancé a été emprisonné en 2010, a continué à subir les conséquences de son engagement même aux Etats-Unis : le consulat du Vietnam à Washington a refusé de renouveler son passeport tant qu’elle ne s’engagerait pas à renoncer à ses “activités dissidentes”. Elle a refusé et a obtenu il y a peu le statut de réfugiée aux Etats-Unis.

Continuer le combat derrière les barreaux

Mais internet et les réseaux sociaux changent la donne. “Les familles de prisonniers ne sont plus aussi isolées”, explique Phil Robertson, de l’ONG Human Right Watch.

Et les déclarations des détenus politiques peuvent être rapidement et largement diffusées, leur permettant de “continuer à lutter pour leurs droits en détention”, ajoute-t-il.

Des grèves de la faim menées en prison ont ainsi été largement évoquées sur Facebook, notamment dans le cas récent de Dieu Cay. Il a, plus classiquement, réussi à envoyer un message clandestin depuis sa cellule (via un militant libéré) pour dénoncer son procès “autoritaire”.

Le régime vietnamien, qui n’autorise pas les inspections indépendantes de ses prisons, répond avec les armes à sa disposition, à savoir une presse totalement sous contrôle.

Ainsi, quand le célèbre prisonnier politique Cu Huy Ha Vu s’est mis en grève de la faim en juin, le journal officiel Tuoi Tre l’a décrit comme “gras et fort”.

Source : RTL

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