L’avenir du Viet Nam en Asie Pacifique

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Ly Thai Hung

I-Introduction :

Il y a cent ans, John Hay, Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, dans un discours prononcé lors de la conférence sur la coopération mondiale à la fin du 19ème siècle avait déclaré : la Méditerranée c’est la zone du passé, l’Atlantique celle du présent, le Pacifique celle du futur. Exactement comme il l’avait prédit, durant le 20ème siècle, le centre de gravité du commerce mondial s’est déplacé de la Méditerranée vers l’Atlantique. L’Humanité peut témoigner de la prospérité des pays européens. Aujourd’hui, ce centre est en train de se glisser vers l’océan Pacifique, avec en particulier un foisonnement d’activités dans la zone Asie-Pacifique où les nations concourent au développement à un rythme jamais vu jusqu’à présent.

Dans la zone Asie-Pacifique se trouvent 2 des 8 grandes puissances mondiales. C’est là que sont nés les 4 dragons (Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong et Singapour) ainsi que les 4 tigres asiatiques en plein développement économique (Thaïlande, Malaisie, Indonésie et Philippines). Le décollage des 4 premiers pays a surtout commencé après la 2ème guerre mondiale, certains parlent même de miracle économique. Ce miracle, peut être expliqué par trois facteurs de base dans la théorie économique et que ces pays les ont su parfaitement utiliser. Ce sont le travail, le capital et la technologie. A partir de ce modèle primaire, des dizaines de modèles de développement économique ont été élaborés en se basant sur l’accumulation du capital, l’augmentation de l’épargne de masse, et l’ouverture à l’international afin de favoriser les avancées technologiques.

En outre, les pouvoirs politiques ont également contribué à ce miracle en maintenant une certaine stabilité sociale et en adoptant des mesures d’accompagnement adaptées pour le décollage de leur pays. Tout ceci a non seulement contribué à changer radicalement la vie de la population mais aussi à remodeler dans la bonne voie l’équilibre des forces économiques au niveau mondial. D’une situation d’extrême pauvreté de l’après-guerre aux années fastes de la fin du 20ème siècle, l’Asie-Pacifique contribue maintenant pour un quart de la production mondiale. Ce chiffre atteindra les 50% à l’horizon 2030. Les réserves de changes de l’Indonésie, la Chine, la Corée du Sud, Taiwan, l’Inde, la Malaisie, Hong Kong et Singapour avoisinent les 500 milliards de dollars, soit environ 40% des réserves de changes mondiaux. Non seulement l’Asie-Pacifique produit davantage mais la zone est également un gigantesque marché de consommation qui attire les investissements internationaux à la recherche d’une bonne rentabilité. En 2000, la population en Asie atteint 3,96 milliards d’habitants, soit 68,4% de la population mondiale. Si l’on ne considère que ceux de la région Asie-Pacifique, ce chiffre s’élève tout de même à 2,5 milliards, soit 43,8%. Sur les 10 pays dont la population excède les 100 millions d’habitants, 6 se trouvent en Asie. Environ un tiers vit correctement et 400 millions autres ont un niveau de vie comparable à celui de l’Occident.

Avec de telles capacités de production et de consommation, c’est tout naturellement que l’Asie-Pacifique soit devenue une des locomotives de la croissance mondiale, entraînant les pays déjà industrialisés, dont les économies sont en cours de transformation vers des secteurs de hautes technologies et du savoir. Dans la zone Asie-Pacifique, le Sud-Est et le Nord-Est connaissent le plus fort taux de croissance. Selon les prévisions de la Banque Mondiale, en 2020, hormis une crise économique grave, 7 pays de l’Asie-Pacifique feront partie des 15 premières puissances économiques de la planète, à savoir la Chine, le Japon, l’Inde, l’Indonésie, la Corée du Sud, la Thaïlande et Taiwan. La Chine et l’Inde seront aux 1er rangs dans plusieurs secteurs de l’Asie.

II-Les problèmes de la zone Asie-Pacifique

A cause des spécificités géographiques, historiques et du rythme très différent de développement économique, social et politique, la zone Asie-Pacifique concentre plusieurs problèmes épineux et contradictions exacerbés par des luttes d’influence des grandes puissances mondiales. De plus, il n’ existe pas un organisme transnational qui pourrait résoudre les conflits d’intérêts ou les instabilités politiques comme en Europe ou en Amérique du Nord. Les luttes pour le contrôle des archipels en Mer de Chine entre les différents pays de la région depuis plusieurs décennies et sans perspective de résolution à court terme sont un exemple flagrant. L’Organisation pour la Coopération en Asie-Pacifique (APEC en anglais) est un organisme encore en gestation et n’a que des pouvoirs très limités et centrés seulement sur les questions commerciales. L’Association des Nations du Sud-Est Asiatique (ASEAN en anglais) regroupe des pays avec de fortes différences politiques, sociales, et culturelles. Les pays de l’ASEAN sont même parfois en concurrence pour préserver ou gagner des parts de marché dans la région.

Par ailleurs, les pays comme la Corée du Sud, la Chine et Taiwan chercheront toujours à prendre leur distance avec le Japon qui les a colonisés dans le passé. Dans ce contexte, l’émergence de la Chine comme grande puissance exacerbera la concurrence avec des conséquences sur la stabilité de la région. La Chine est déjà en concurrence avec l’ASEAN au niveau commercial et dans la course pour attirer les investissements directs étrangers. De plus elle prend des mesures qui ne sont pas destinées à stabiliser la zone en augmentant fortement son budget militaire, en menaçant Taiwan, en se disputant avec le Viet Nam, la Malaisie et les Philippines pour le contrôle des zones de pêche et d’exploitation économique en mer de Chine. La Corée du Nord s’est montrée conciliante sur son programme nucléaire depuis avril 2003 lorsque les troupes de la coalition sont entrées dans Bagdad en acceptant des négociations à 6 (Etats-Unis, Chine, Japon, Russie et les 2 Corée). Mais la situation n’est pas réglée pour autant et promet encore d’être tendue dans l’avenir.

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Les pays de l’ASEAN

A côté des points négatifs au niveau stratégique, la crise monétaire de juillet 1997 a aussi apporté son lot de leçons à retenir sur les politiques de développement des pays d’Asie.

Premièrement, dans leur processus d’industrialisation, les pays de la zone Asie-Pacifique n’ont pas suffisamment mobilisé les capitaux dans leurs pays respectifs. Ils se sont trop reposés sur les capitaux internationaux. Entre 1960 et 1990, les capitaux japonais américains et de quelques pays d’Europe se sont largement déversés en Corée, en Taiwan, en Thaïlande, en Indonésie et à Singapour. Cet apport d’argent a considérablement aidé au décollage économique de ces pays. Mais la situation a commencé à changer à partir du milieu des années 90, due à la progression de l’économie de l’information dans les pays exportateurs de capitaux et à la maturité des zones de libre-échange comme l’UE, NAFTA. Il était souvent plus rentable d’investir dans certains domaines dans les pays développés que dans les économies en transition de l’Asie-Pacifique. Les investisseurs américains, allemands et japonais ont donc arbitré à la recherche du meilleur rendement pour leurs capitaux. Lorsque le flux de capitaux étrangers s’est tari sans que les capitaux domestiques n’aient pu prendre le relais, presque toutes les économies d’Asie-Pacifique se sont retrouvées en récession.

Concernant les marchés de consommation, les pays de la zone Asie-Pacifique sont en concurrence frontale. Les nouveaux candidats à l’industrialisation comme la Thaïlande, l’Indonésie ou la Malaisie ne peuvent concurrencer les industries coréennes ou japonaises déjà bien avancées technologiquement. Ils ne peuvent pas non plus concurrencer l’Inde ou la Chine dans les secteurs à forte main d’œuvre. Face à ces difficultés, ces pays émergents doivent résoudre les nombreux problèmes engendrés par la globalisation et la régionalisation de l’économie mondiale. Une grande partie des capitaux étrangers a servi à moderniser les infrastructures comme celles de l’hôtellerie pour attirer les touristes. Quand cette source s’est tarie, des pans entiers de l’économie sont tombés en crise.


Deuxièmement, dans la plupart des pays de la zone Asie-Pacifique, les pouvoirs publics sont fortement impliqués dans l’économie. Cette situation génère deux catégories de fonctionnaires, ceux travaillant pour l’administration publique et ceux pour les entreprises publiques. Au début, lorsqu’un pays est dans un état de grande pauvreté, il est facile d’appeler à l’effort collectif pour développer la nation. Mais lorsque les bénéfices des entreprises commencent à augmenter et que les pouvoirs publics ont affermi leurs autorités dans la politique économique du pays, la corruption et les pots de vins commencent également à se développer à tous les échelons, dans tous les domaines. Nombres de ressources naturelles du pays et nombres de capitaux étrangers sont mal employés ou pire, détournés au profit de certaines sociétés ou personnes. C’est le plus gros point noir mis à jour lors de la crise monétaire de 1997 et les pays de la zone n’ont toujours pas de solution pour le résoudre efficacement, bien qu’ils subissent une très forte pression de la communauté internationale dans ce sens.

Par ailleurs, après plusieurs années de croissance, une classe moyenne émerge dans ces pays dont le niveau de vie n’a rien à envier à celui des occidentaux. Elle acquiert une bonne compétence et capacité à rentabiliser leurs capitaux et possèdent des bonnes relations internationales. Elle contribue activement à augmenter le secteur tertiaire et est en train de devenir une force politique non négligeable. C’est cette classe moyenne qui a influencé positivement la vie politique, apportant plus de démocratie, d’ouverture et gommant peu à peu les barrières passéistes de la société. Bien entendu, ces changements ne se sont pas toujours déroulés dans le calme. Dans certains pays, il a fallu plusieurs mouvements sociaux comme les grèves, les manifestations pour faire avancer les aspirations populaires face au conservatisme du patronat ou du gouvernement au pouvoir.

Troisièmement, en dehors du Japon, de la Corée du Sud et de Taiwan, les autres pays n’ont pas beaucoup investi dans les Recherches & Développement (R&D) pour moderniser leurs économies. Certains pays ne se préoccupent même pas de cette question car la plupart des industries de la région ne demandent pas de haut niveau technologique. Elles ne se contentent que faire l’assemblage des pièces fabriquées en provenance des pays déjà fortement industrialisés. Par ailleurs, certains pays se sont lancés dans des secteurs délaissés par les pays riches car ils n’amènent que des conséquences néfastes pour l’environnement.

Pour obtenir de bons records de croissance, beaucoup de nations en Asie-Pacifique se ruent à importer le plus possible d’industries étrangères sans se soucier de la sélection et sans en évaluer les conséquences à long terme. D’où le niveau technologique reste très faible en comparaison avec les pays avancés. Si les pays de la zone Asie-Pacifique reconsidèrent leur politique sur la R&D, de meilleures perspectives s’ouvriront à eux.

En résumé, bien que le développement de certains pays dans la région présente des côtés négatifs, on ne peut nier le caractère pérenne de la croissance. Surtout la question démographique a été résolue en un temps record. Grâce à cet élan, il y a grand espoir que l’Asie-Pacifique devienne un terrain privilégié pour le progrès et le développement durant les 2 premières décennies du 21ème siècle. Dans ce contexte, quelle sera la position du Viet Nam ? Quelles sont ses capacités de perdurer face aux tendances de globalisation et de régionalisation observée actuellement ?

III- La position du Viet Nam dans l’Asie-Pacifique

Le Viet Nam se trouve au Sud des pays déjà fortement industrialisés comme le Japon, la Corée du Sud, Taiwan ou la Chine. Le Viet Nam se trouve aussi au Nord des pays en forte croissance en Asie du Sud-Est. En plus, ses contours épousent la Mer de Chine, il est à la croisée des zones maritimes Nord-Est et Sud-Est de l’Asie-Pacifique. Grâce à cette position privilégiée, il bénéficie des flux d’investissements et de technologies qui peuvent favoriser d’une manière très forte son essor économique et social.

Le Viet Nam est également frontalier de la Chine, une grande puissance qui a toujours cherché à s’étendre vers le Sud, faisant subir au Viet Nam maintes drames à chaque fois qu’il y a eu modification d’ordre géopolitique. Par cette position stratégique, le Viet Nam doit toujours jongler entre ses propres aspirations et les incertitudes géopolitiques de la région. Il suffit de regarder la conjoncture depuis les années 40 jusqu’à nos jours pour se rendre compte que le nouvel ordre mondial de l’après 2ème guerre mondiale a transformé ce pays en un champ de bataille entre les idéologies dominantes alors que dans le même temps, d’autres nations se sont développées sans heurts.

En 1975, après la fin de la guerre, le Viet Nam avait de bonnes perspectives de développement au sein d’un nouvel ordre régional apaisé. Cependant, les erreurs politiques du Parti Communiste Vietnamien (PCV) ont obligé le peuple à subir un nouveau drame, découlant des tensions entre les frères ennemis : l’URSS et la Chine Populaire. L’actuel secrétaire général du PCV, dans un discours à l’occasion du 75ème anniversaire de la création du parti, a lui-même admis que les dirigeants communistes avaient commis des erreurs dans la 1ère décennie après la fin de la guerre. A cause de ces erreurs, tandis que d’autres pays du Sud-Est Asiatique se sont développés à une grande vitesse, le Viet Nam a été mis au ban par la communauté internationale et a dû subir un embargo durant près de 2 décennies. Ces erreurs sont la conséquence directe de l’utopie d’étendre le communisme dans la péninsule indochinoise. A partir de 1995, le PCV s’accorde enfin à ouvrir les yeux pour consentir à intégrer le Viet Nam dans le monde. La politique d’ouverture et de changement (đổi mới) a certes apporté quelques améliorations, mais reste encore superficielle et insuffisante. Bien qu’il possède des relations diplomatiques avec 180 pays dans le monde, qu’il ait adhéré à l’ASEAN, à l’APEC, qu’il ait signé des accords commerciaux avec l’Union Européenne et les Etats-Unis, le Viet Nam n’est encore pas considéré comme un partenaire de grande importance. Pour comprendre les raisons de ce handicap et pour connaître ses aspirations sur son avenir, nous devons analyser ses points forts et ses points faibles dans l’état actuel.


Les avantages du Viet Nam

- 1. Le Viet Nam est considéré comme un pivot en mer de Chine, lieu de passage pour de nombreuses liaisons maritimes et aériennes, à mi-chemin entre le Nord et le Sud de la zone Asie-Pacifique. Le Viet Nam fait aussi partie des pays du bassin du Pacifique, lieu qui rassemble plusieurs civilisations orientales et occidentales, propice aux échanges culturels de l’humanité.

- 2. Le Viet Nam possède des débouchés tant qu’en mer de Chine que dans l’océan Pacifique, lieux de diversités biologiques importantes et de nombreux gisements d’hydrocarbure. Le Viet Nam est un pays privilégié au niveau des ressources maritimes avec en plus ses mines de charbon, de manganèse, de fer, de plomb et d’or disséminées aussi bien au Nord qu’au Centre du pays. Ses réserves pétrolières et gazières sont relativement importantes au large du Viet Nam.

- 3. Avec ses 82 millions d’habitants, il occupe la 13ème place mondiale, la 7ème place en Asie-Pacifique et la 2ème place en Asie du Sud-Est sur le plan démographique. L’âge moyen des vietnamiens est de 21,5 ans (2000), ce qui le classe parmi les pays jeunes avec environ 52% de la population en dessous de 20 ans. C’est un avantage considérable qui peut lui permettre d’engager une politique pour une mutation rapide vers l’économie du savoir (matière grise), tendance actuelle dans le monde, plutôt que de s’accrocher au développement basé sur l’agriculture ou l’industrie de transformation classique. Avant, une main d’œuvre bon marché était un avantage pour attirer les investissements. Mais aujourd’hui, ce n’est plus l’attrait principal. Les investisseurs se tournent plutôt vers une main d’oeuvre capable de leur offrir la haute technicité et la matière grise.

- 4. Les 3 millions de vietnamiens expatriés de l’après 1975 ont prouvé durant ces 25 dernières années leur formidable potentiel de développement tant dans le domaine commercial, financier qu’intellectuel. Ils constituent une ressource extrêmement précieuse pour la nation. Cette diaspora ne se contente non seulement à participer au financement et au développement du Viet Nam ou à maintenir des bonnes relations avec l’extérieur mais elle est aussi une machine dynamique capable de propulser rapidement le Viet Nam vers l’intégration mondiale.

Les désavantages du Viet Nam :

- 1. Le système politique vietnamien n’est non seulement dictatorial mais c’est aussi un appareil moyenâgeux, désuet et cruel. Il est non seulement la seule cause qui freine le développement mais il est source de beaucoup d’instabilités sociales. Beaucoup d’expériences dans la région ont pu démontrer que la grande majorité de décollages réussis est dû grâce à leur ouverture à la démocratie. Cette démocratie elle même est issue des luttes populaires abolissant le régime dictatorial. Hormis un grand “miracle”, le Viet Nam se doit de suivre le même chemin.

- 2. La capacité de mobilisation des fonds d’épargne dans le pays reste encore trop faible. Dans la plupart des pays de la région, les taux variaient de 29% à 44% du PIB au début de la période de décollage. Au Viet Nam, ce taux ne dépasse pas les 10%. Deux raisons pour expliquer ce faible taux : La 1ère est la pauvreté : Les gens ont à peine de quoi vivre au jour le jour, d’où très peu d’épargne et donc très peu d’investissement. La 2ème raison est le manque de confiance : d’abord envers les pouvoirs politiques à cause des multiples dévaluations monétaires dans le passé puis envers les milieux bancaires après plusieurs scandales financiers. Ces raisons n’incitent donc pas les vietnamiens à déposer leur l’épargne auprès des banques. Ils préfèrent thésauriser par leur propre moyen.

- 3. Le niveau d’instruction en général au Viet Nam est bas et a un retard d’environ 2 décennies par rapport à ses voisins. Malgré cela, les autorités de Ha Noi, allergiques à une « transition pacifique » du système politique continuent à chercher par tous les moyens à bloquer les sources d’informations étrangères et à contrôler les échanges d’information entre l’intérieur et l’extérieur. Ces informations sont pourtant bien utiles pour élever le niveau d’instruction des vietnamiens à l’intérieur du pays. Pire encore, elles ne prévoient aucun investissement dans l’éducation que ce soit dans la construction des nouveaux établissements ou dans l’édition de nouveaux manuels scolaires alors qu’elles dépensent sans compter dans les moyens techniques d’interception des écoutes téléphoniques pour surveiller les communications privées de la population.

- 4. Avec son triste passé à poursuivre le « devoir du prolétaire international » et son utopie à construire un état communiste fédéral en Indochine, le Viet Nam a appris aux autres pays de la région à se méfier de lui et de ses intentions hégémoniques. Bien qu’il soit membre de l’ASEAN, cela n’empêche pas qu’il soit mis à l’écart par les autres pays. L’adhésion à l’ASEAN des 3 derniers pays que sont le Laos, le Cambodge et le Viet Nam relève plutôt du geste politique qu’économique. Le niveau de développement et d’ouverture de ces 3 pays sont très en deçà des moyennes de l’ASEAN.

Après avoir passé en revue les points forts et les points faibles du Viet Nam, nous devons savoir aussi que dans les 2 décennies à venir, l’humanité va sans doute faire un grand bond en avant et l’économie mondiale se glissera vers le savoir, la connaissance, l’information. L’économie du savoir constituée sous l’impulsion de la globalisation et de la régionalisation a apporté des changements en profondeur : la production dépasse largement la consommation, le commerce qui augmente plus vite que la production ou encore les transactions monétaires qui circulent plus vite que le commerce mondial. Dans cette économie de l’information, les cols blancs seront de plus en plus nombreux et représenteront la nouvelle force productive. Selon un bilan de la Banque Mondiale de l’an 2000, l’économie de l’information représente 40% du PIB aux Etats-Unis, Japon et dans l’UE. Ce pourcentage se trouve encore au niveau des 25% à 30% à Singapour, en Corée du Sud, à Taiwan et en Thaïlande.

Dans cette économie du futur, la circulation et la gestion de l’information seront des points cruciaux. C’est pour cela que certaines sociétés ont pu ces dernières années tirer profit de l’internet et se développer rapidement, générant des milliards de profit en un temps record, beaucoup plus que les industries traditionnelles. L’information est devenue une ressource importante. Tout homme non seulement est en droit à l’information mais aussi a le droit de se connecter au réseau d’informations y compris pour son propre usage personnel. De nos jours, beaucoup de pays privilégient la politique de développement d’accès à l’information et c’est même devenu un nouvel axe de progrès pour la zone Asie-Pacifique. Selon le Livre Blanc sur l’économie en Asie en 2000 rédigé par le ministère du plan japonais, le secteur de l’information (IT) en Asie va croître rapidement au 21ème siècle. C’est également le secteur moteur pour tirer la croissance des économies de la zone après la crise monétaire de 1997. Selon ce livre, la croissance rapide des technologies de l’information donnera aux pays les moins avancés l’occasion de décoller et de rattraper les pays développés. Dans cette perspective, les autorités japonaises redoutent même de perdre leur suprématie technologique en Asie.

Devant cette évolution rapide du monde, de la mutation de l’économie industrielle qui s’appuie sur les industries lourdes et les ressources naturelles vers l’économie de l’information qui se base sur la matière grise, le Viêt Nam se fera certainement embarquer dans cette tendance. Dans ce contexte, si le Viet Nam reste actif et sait bien s’intégrer dans le mouvement, il pourra alors conserver son autonomie pour se développer. A l’inverse, s’il continue à bloquer la libre circulation de l’information et s’entête à poursuivre la voie de l’industrialisation coûte que coûte, il sera alors laissé sur le bord et perdra cette chance de se fondre dans cette immense connaissance humaine tout en étant conscient que le fossé entre les pays avancés et les autres ne cesse de s’agrandir. Si le Viet Nam rate cette opportunité, rien n’est sûr que dans 50 ans son économie sera à l’ère de l’information.


Afin de briser cette sombre perspective, la condition sine qua non pour le Viet Nam est de se remédier immédiatement à ses erreurs politiques et de s’ouvrir à un système pluraliste et démocratique. Puis entrer pleinement dans l’économie du savoir en investissant massivement dans les secteurs clés que sont l’éducation, la formation, la science, la technologie, la culture et la société plutôt que de s’accrocher dans les industries lourdes à forte consommation de main d’œuvre. En d’autres termes, le Viet Nam se doit d’investir davantage dans la matière grise. Il faut faire en sorte que l’intellect et l’esprit du peuple vietnamien s’ouvrent et s’épanouissent. Ces par ces conditions que le Viet Nam pourra se développer et avoir sa place dans la zone Asie-Pacifique. Cette place sera :

Premièrement, le Viet Nam sera le lieu de rassemblement des flux de circulation culturels, économiques, et financiers entre le Nord-Est et le Sud-Est de l’Asie. Il peut assumer cette tâche grâce à sa situation géographique. De plus, en faisant aussi partie intégrante des pays bordant l’océan Pacifique il peut tenir un rôle majeur dans le maintien de la stabilité régionale, surtout dans la mer de Chine. De ce fait, le Viet Nam deviendra naturellement un interlocuteur respecté non seulement dans la région mais aussi du reste du monde.

Deuxièmement, le Viet Nam sera un grand contributeur de l’économie de l’information en Asie-Pacifique dans les années à venir. Grâce aux compétences pluri-disciplinaires de sa communauté d’outre-mer alliées à la jeunesse de sa population, le Viet Nam possèdera davantage de capacités de créer des zones de hautes concentrations technologiques à l’image des « Silicon Valley » (Etats-Unis), Bangalore (Inde), Cyberjaya (Malaisie) en y implantant des entreprises informatiques plutôt que de rester dans les industries lourdes qui demandent une période d’investissement plus longue.

IV – Conclusion :

En 2003, l’Organisation des Nations Unies a officiellement retiré le Viet Nam de la liste des pays les plus pauvres de la planète. Cependant, il reste l’un des plus pauvres de la région Asie-Pacifique, avec un PIB/habitant de 450 USD réel en 2003. Exprimé en parité de pouvoir d’achat afin de le comparer aux autres pays, le PIB/habitant atteint 2 300 USD, contre 4 700 USD à la Chine Populaire, 7 000 USD en Thaïlande, 8 800 en Malaisie, 19 600 en Corée du Sud, et 25 300 USD à Singapour. Cette comparaison montre clairement que le Viet Nam a déjà trop de retard par rapport aux pays de la région. Par contre il a l’avantage d’avoir une population jeune, studieuse et intelligente. La réussite et la compétence dans tous les domaines que ce soit économique ou intellectuel de sa communauté d’expatriés en apportent la preuve. En moins de 30 ans sur le sol étranger, les étudiants vietnamiens ont amassé de brillants résultats dans beaucoup de concours nationaux de grande importance sur les différentes matières comme les mathématiques ou les physiques. Nous pouvons donc affirmer que les vietnamiens sont en mesure de maîtriser les secteurs de la nouvelle économie que ce soit dans l’information et dans l’Internet. Le problème reste à savoir si le Viet Nam est prêt à créer un environnement politique et social favorable pour faire avancer ces développements ?

Apporter une réponse à cette question est le devoir de tous vietnamiens soucieux de l’avenir du pays, qu’ils soient à l’intérieur du pays où à l’extérieur du pays.

Lý Thái Hùng

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