Le gouvernement vietnamien recourt à la violence contre les catholiques

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25 janvier 2010

L’archevêque de Hanoï refuse de réagir, pour ne pas donner prise à la critique des autorités.

Une croix a été réduite en miettes. Un journaliste catholique, battu. Un religieux rédemptoriste, laissé inconscient sur la chaussée. Depuis trois semaines, la paroisse de Dông Chiêm, à Hanoï, est la cible de provocations des autorités.

Malgré ces violences, Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt, archevêque de Hanoï, reste discret. Il n’a adressé, en son nom propre, aucune remontrance publique aux auteurs de ces attaques. Il n’a signé aucun communiqué pour condamner ces tensions. Il a préféré laisser la plume à son premier secrétaire.

« Nous pensons que les autorités vietnamiennes essaient de pousser l’archevêque à s’impliquer dans cette affaire. Elles cherchent un prétexte pour le chasser de Hanoï », commente Tiep [64], un avocat catholique vietnamien. D’après lui, l’archevêque se garde bien de répondre à ces provocations. Et préfère prendre du recul. Il aurait quitté la capitale il y a deux semaines, alors que montait encore l’agitation à la paroisse de Dông Chiêm.

Les forces de l’ordre n’ont pas laissé le temps de parlementer

Le 6 janvier, vers 2 heures du matin, des centaines de policiers ont encerclé la montagne Tho, située dans cette paroisse de la capitale. Ils ont détruit la grande croix érigée au sommet. Motif ? Sa construction serait illégale. L’Église affirme que la montagne Tho est propriété de la paroisse. Alertés en pleine nuit, des fidèles ont tenté de s’opposer à la démolition. Deux d’entre eux ont été grièvement blessés. Une dizaine d’autres ont été arrêtés et placés en détention.

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(AFP/HOANG DINH).

« J’ai vu deux récipients de gaz lacrymogènes et beaucoup de cartouches éparpillées, raconte Khoa, un prêtre de Hanoï, arrivé très tôt sur les lieux. J’ai vu des vêtements tachés de sang. J’ai encore vu des femmes et des enfants blessés à la tête. »

Pour les catholiques de Hanoï, les autorités sont prêtes à de telles violences pour obliger l’archevêque à réagir et à le prendre ensuite pour cible. Ils notent que les forces de l’ordre n’ont pas laissé le temps aux paroissiens de parlementer pour empêcher la profanation de leur lieu saint. « Elles ont cherché à se battre, c’est tout », raconte un témoin.

Les fidèles s’organisent eux-mêmes pour protester

Ils remarquent également que le pouvoir n’est pas prêt au dialogue. « Un évêque a proposé que la croix soit reconstruite à un endroit moins visible, explique Tiep. Les autorités n’ont pas répondu. Et les violences se sont poursuivies. » Un journaliste catholique qui couvrait les événements a été molesté. Le frère rédemptoriste Tang a été chassé de Dông Chiêm et roué de coups. Il n’a retrouvé ses esprits qu’une heure après la bastonnade.

Prudent, l’archevêque de Hanoï préfère sans doute rester en retrait pour ne pas alimenter la campagne de dénigrement dont il fait l’objet depuis deux ans. Ses paroles sont régulièrement reprises et déformées par des médias proches du pouvoir. Les autorités semblent ne pas lui avoir pardonné la résistance des catholiques de Hanoï qui, fin 2007, refusaient de céder l’ancienne délégation apostolique et quelques hectares de la paroisse de Thai Ha, accaparés par le pouvoir.

Aujourd’hui, les fidèles comprennent la retenue de leur archevêque. Ils s’organisent eux-mêmes pour protester contre les violences. Dans une lettre adressée aux autorités, la paroisse de Dông Chiêm demande la levée du siège de l’église et la remise en liberté de ceux qui ont été arbitrairement arrêtés.

« Nous avons besoin d’être encadrés »

Les fidèles bataillent aussi sur Internet. « Je dis aux témoins de photographier les violences », explique le P. Khoa, qui met en ligne ces images. De leur côté, les autorités vietnamiennes vilipendent les médias étrangers qui reprennent ces informations. « Il n’y a pas eu de persécutions à Dông Chiêm », claironnent-elles.

Cependant, les paroissiens regrettent l’absence de leur archevêque. « Nous avons besoin d’être encadrés car nous sommes parfois trop véhéments », reconnaît un fidèle qui avait manifesté en 2007 à la délégation apostolique. Là, il avait osé enjamber le mur de la propriété devant les forces de l’ordre. Aujourd’hui, il mesure la portée de son geste, spontané. Et il aimerait que la protestation de Dông Chiêm soit plus organisée, afin qu’elle gagne en efficacité.

Rémy FAVRE (à Phnom Penh)

http://www.la-croix.com/Le-gouvernement-vietnamien-recourt-a-la-violence-contre-les-/article/2411959/4078

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