Le siège de la modernité

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Le 16 octobre 2007, le Viêt Nam et la Libye ont été élus aux sièges non permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU. Leur mandat de deux ans commencera le 1er janvier 2008. La propagande communiste vietnamienne fait déjà l’éloge de cette « grande réussite diplomatique » qui « apportera beaucoup de bienfaits au pays » et « montre la compétence du Parti Communiste dans sa direction du pays… »

Et comment cet événement est-il perçu en dehors du Viêt Nam ?

En premier lieu, l’arrivée du Viêt Nam et de la Libye au Conseil de Sécurité de l’ONU n’a pas fait couler beaucoup d’encre, sans doute parce qu’elle laisse une impression bizarre. Cette phrase d’un analyste occidental pourrait résumer toute la situation : « L’arrivée de ces deux pays [au Conseil de Sécurité] fait penser à deux vieux voyous qui, après des années de mauvaise conduite, s’aperçoivent qu’ils ne peuvent plus continuer ainsi, se résignent à contre cœur à rentrer dans le rang et à faire la paix avec les autres. »

Effectivement, lorsqu’on évoque la Libye, on pense immédiatement aux images d’un Boeing 747 de la PanAm déchiqueté sur les plaines d’Ecosse en 1988 et à ses 270 victimes, ou encore celles du DC-10 d’UTA dans le désert du Ténéré et à ses 170 victimes. Ces deux attentats ont été ordonnés par le Colonel Khadafi. Aujourd’hui, le dictateur au pouvoir en Libye depuis 25 ans veut faire la paix avec la communauté internationale pour préparer son fils à sa propre succession. De même, en parlant du Viêt Nam ces temps-ci, on ne pense qu’à cette image d’un prêtre catholique bâillonné en plein tribunal. A elle seule, cette image montre la brutalité, l’absence de lois, et le caractère arriéré du régime communiste vietnamien. Le monde sait bien que Hà Nôi, tout comme Pékin, n’a pas changé sa nature mais s’efforce de montrer une image moderne pour des raisons mercantiles.

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L’attention portée par la communauté internationale sur cette nouvelle s’arrête là. La raison en est que les sièges non permanents du Conseil de Sécurité ne valent plus grande chose. Il est aisé d’en faire le constat. Tout d’abord, Hà Nôi est le seul gouvernement en Asie à avoir déposé candidature pour ce mandat. Cela montre qu’aucun autre pays ne cherche à briguer ce siège. Ensuite, sur la liste des pays n’ayant jamais occupé un siège non permanent au Conseil de Sécurité, on remarque qu’il ne reste que des micro-états ou bien de nouveaux pays issus de la dislocation du bloc communiste.

Mais la raison principale de ce désintéressement réside peut être dans le fait que les membres non permanents n’ont aucun poids face aux cinq membres permanents. Sur les quinze membres du Conseil, les cinq membres fondateurs sont permanents. Ce sont les vainqueurs de la Deuxième Guerre Mondiale : les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine. Seuls ces cinq pays ont un droit de veto. Cela veut dire que même si 14 membres du Conseil votent pour une résolution, il suffit que l’un des membres permanents oppose son veto pour tout bloquer. On mesure ainsi le peu de poids des membres non permanents au sein de l’institution.

Mais cela n’a pas toujours été ainsi. Durant la guerre froide, le Conseil de Sécurité des Nations Unies était le théâtre d’affrontements des deux blocs capitaliste et communiste, comme ce fut le cas lorsque l’Union Soviétique abattit un avion civil sud-coréen ou bien lorsque Israël envahissait le Liban. Durant cette période, les sièges non permanents du Conseil de Sécurité faisaient l’objet de toutes les attentions de la part des deux blocs. Ce n’est plus le cas de nos jours.

Cela montre que le siège que les autorités communistes vietnamiennes viennent de gagner n’apportera pas grande chose pour le Viêt Nam, même sur le plan de la propagande. Le monde regarde toujours le régime communiste vietnamien à travers l’image du père Nguyen Van Ly et des militants pour la démocratie actuellement en prison.

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Il faut être très optimiste pour espérer qu’avec ce siège du monde civilisé, les dirigeants vietnamiens auront l’occasion de se familiariser avec les standards internationaux de l’humanité du 21e siècle. Espérons qu’ils se rendront compte du caractère rétrograde de leur gouvernance, avec des procès sans avocats, avec des interdictions de réunions au-delà de cinq personnes sans autorisation administrative, avec l’interdiction de célébrer une messe en dehors d’un lieu de culte déclaré et autorisé, de créer des journaux indépendants, des syndicats indépendants, des partis politiques, etc.

On sait bien que l’habit ne fait pas le moine. Mais si ce siège pouvait ouvrir les yeux à celui qui s’apprête à s’y asseoir, ce serait déjà bien.

Vũ Thạch

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