Le Vietnam n’est plus l’ami de Facebook

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21 décembre 2009

Hanoï – Le Vietnam est un paradis pour les réseaux sociaux, un village géant de 86 millions d’habitants où tout le monde semble être connecté à un ou deux niveaux avec tout le monde. C’est soit le type de société que les concepteurs de sites web de réseau social comme Facebook en rêve, ou bien le type de société où personne n’a besoin de tels sites web.

Durant les 10 premiers mois de cette année, il semble que ce soit le premier type qui a prévalu. Facebook, qui avait du mal à mettre un pied au Vietnam, a décollé en 2009, et prétend aujourd’hui avoir 3 millions de membres. Le service a reçu un coup de pouce en juillet, quand Yahoo a fermé la branche vietnamienne de son plateforme de réseau social Yahoo360.

Puis, au début de novembre, les utilisateurs de Facebook ont commencé à avoir des difficultés à accéder au site. Le gouvernement avait ordonné son blocage, disent les employés de fournisseurs d’accès à Internet.

Les représentants du gouvernement ont d’abord refusé de confirmer. Mais, le 1er décembre, le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères Nguyen Phuong Nga a dit que le gouvernement a bloqué certains sites Web « qui étaient utilisés pour fournir des informations préjudiciables à la République Socialiste du Vietnam. »

Facebook ? Où les gens achètent leurs articles préférés sur The Onion, jouent aux quizz testant les connaissances des groupes de rock chevelus des années 80, et regardent les dernières photos prisent par un orang-outang au zoo de Berlin ? Ce Facebook là ?

Les utilisateurs Vietnamiens de Facebook, qui ont investi du temps et des efforts dans leur profil en ligne, ont réagi avec consternation. Certains ont suggéré que la véritable raison derrière le blocage était de forcer les utilisateurs à migrer vers un site en vietnamien de réseau social, YuMe.vn. Avec 2 millions d’utilisateurs, il est le principal concurrent de Facebook.

Mais un certain nombre de vietnamiens, dans le pays et à l’extérieur, avaient commencé à utiliser Facebook à des fins politiques. Suite à l’arrestation en juin d’un jeune dissident, Nguyen Tien Trung, accusé de crimes politiques, ses amis ont créé un groupe sur Facebook, Libérer Nguyen Tien Trung, qui a attiré des centaines de fans.

D’autres groupes sur Facebook soutiennent les moines et les nonnes du monastère de Bat Nha, qui ont été forcés de quitter leur pagode par la police dans un conflit avec l’église bouddhiste officielle du gouvernement. D’autres encore soutiennent un avocat, Le Cong Dinh, qui a été arrêté en juin pour des activités pro-démocratie, et pour protester contre les controversées mines de bauxite opérées par des chinois sur les hauts plateaux du centre du pays.

L’organisation exilée Viet Tan, qui prône la démocratie multipartite, entretient aussi une page sur Facebook.

Vietnam reçoit chaque année des milliards de dollars d’aide publique au développement en provenance des pays démocratiques, et l’interdiction de ce site Web est emblématique des restrictions à la liberté d’expression dont se plaignent les donateurs depuis longtemps. Lorsque les donateurs se sont réunis pour leur réunion annuelle du Groupe Consultatif au début de décembre à Hanoi, Facebook était à l’ordre du jour.

« Il ne s’agit pas du chat en ligne des adolescents », dit l’ambassadeur américain à Hanoï, Michael Michalak. « Il est question du droit des gens à communiquer entre eux, partager des idées et faire des affaires ».

En octobre, le Congrès américain a adopté une résolution appelant le Vietnam à mettre fin aux restrictions à Internet. À la fin novembre, le Parlement Européen a fait de même.

Facebook est devenu un autre nœud dans une relation de plus en plus compliquée entre le Vietnam et Internet, et avec le reste du monde.

Depuis qu’elle a pris la route vers une économie de marché orientée à l’exportation à la fin des années 80, le Vietnam a eu du mal à équilibrer son besoin de se connecter avec le monde contre son désir de contrôler l’information à l’intérieur de ses frontières.

Facebook est devenu un autre nœud dans une relation de plus en plus compliquée entre le Vietnam et Internet, et avec le reste du monde.

Cette lutte est devenue plus difficile avec l’utilisation quasi universelle d’Internet. En mars, le gouvernement a publié un nouveau règlement interdisant les blogueurs de faire des commentaires sur la politique.

Au cours de l’année, au moins six blogueurs ont été détenus, arrêtés ou condamnés à la prison, et un septième a été renvoyé de son travail de journaliste.

Le Vietnam prend modèle sur la Chine pour censurer le contenu d’Internet, mais il manque les ressources qui permettent à la Chine d’employer 50 000 techniciens qualifiés pour surveiller le monde en ligne. Le gouvernement a une sale habitude de bloquer les sites Web au contenu potentiellement gênant. Des sites Web comme ceux de Voice of America et Human Rights Watch sont souvent bloqués par certains fournisseurs d’accès à Internet, mais restent accessibles avec d’autres.

Les techniques maladroites utilisées par le gouvernement pour bloquer Facebook sont faciles à contourner. À la fin novembre, des membres vietnamiens de Facebook ont utilisé de simples solutions de contournement pour accéder au site.

« J’ai seulement eu des difficultés dans les premiers jours après lorsque le site a été bloqué, puis j’ai configuré quelque chose », déclare Dang Huong Tra, 23 ans.

Un ancien utilisateur, Nguyen Van Tung, 28 ans, dit qu’il comprend pourquoi le gouvernement a bloqué le site. « Je pense que si les gens utilisent ces sites pour parler de la politique, et ce qu’ils disent influence négativement l’état, le gouvernement devrait les bloquer. »

Lors de la réunion du Groupe consultatif, les donateurs occidentaux essayé d’insister pour dire au Vietnam que, sans la libre circulation de l’information, la compétitivité du Vietnam en souffrirait.

Mais le ministre de la Planification et de l’Investissement Vo Hong Phuc a déclaré que le pays a déjà fait assez pour améliorer le flux d’informations, puisque le nombre d’internautes continue d’augmenter.

Les donateurs qui s’étaient opposés à la limitation d’utilisation d’Internet dans le pays et de l’emprisonnement des blogueurs ont alors annoncé leur intention d’augmenter les promesses d’aide publique au développement l’année prochaine, passant de 5 milliards à 8 milliards de dollars.

http://www.earthtimes.org/articles/show/300350,yearender-vietnam-is-no-longer-friends-with-facebook.html

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