Le Vietnam s’achemine vers une crise monétaire

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La monnaie vietnamienne, le dong, pourrait faire face à une importante dévaluation étant donné la dégradation de la situation macro-économique et la détérioration des fondamentaux financiers. Traditionnellement, le Vietnam finance ses énormes déficits budgétaires et commerciaux par des apports étrangers, mais il y a de plus en plus de signes qui montrent que les déséquilibres ne sont plus tenables.

Les racines de la crise actuelle datent de fin 2007 et début 2008, lorsque les autorités vietnamiennes ont perdu le contrôle de leur masse monétaire. Les autorités ont mal géré l’afflux de dollars américains dans l’économie vietnamienne en imprimant excessivement le dong, oubliant la règle technocratique qui est la stérilisation de l’afflux de devises étrangères par l’absorption des excès de liquidités.

L’inflation s’est accélérée de façon prévisible, bondissant à près de 30% à la mi-2008, et Hanoi a réagi en augmentant les taux à court terme, mettant en œuvre un contrôle des prix et annoncé des coupes dans les « inefficaces » dépenses publiques. La crise financière mondiale à la fin de 2008 a sauvé le pays de l’inflation galopante, en dépréciant les prix mondiaux des matières premières et baissé la demande.

Presque du jour au lendemain, le Vietnam est passé d’une économie surchauffée à une économie trop refroidie. En réponse, le Premier ministre Nguyen Tan Dung a annoncé un vaste programme de relance budgétaire—rétablissant ironiquement les grands projets d’infrastructure qui, quelques mois auparavant, étaient qualifiés de gaspillage et devaient être stoppés.

La plupart des gouvernements du monde ont également boosté la dépense pour relancer leur économie nationale, mais le Vietnam est confronté à des contraintes techniques et politiques qui limitent fortement l’efficacité de sa relance. L’énorme déficit budgétaire de Hanoi, estimé par Fitch Ratings à 9,3% du produit intérieur brut (PIB), doit être financé à tout prix.

Mise à part davantage d’aide des donateurs étrangers, la principale solution est la traditionnelle aggravation de la dette publique. Mais le gouvernement vietnamien n’a pas réussi à vendre ses obligations dans les cinq ventes aux enchères publiques tenues consécutivement entre mars et août de cette année. Les investisseurs locaux n’ont pas voulu acheter des bons à 9% de taux d’intérêt, ce qui témoigne du pessimisme généralisé quant aux risques d’inflation futurs.

La plus récente vente d’obligations s’est tenue fin août, le ministère vietnamien de l’économie n’a réussi à collecter seulement 57 millions de dollars sur les 150 espérés. La dette publique joue un rôle vital dans les emprunts des entreprises et des consommateurs, et sans une certaine organisation du marché des obligations d’État, l’expérience au niveau international montre que les marchés de capitaux se retrouvent souvent paralysés.

Incapable de collecter des capitaux par des émissions obligataires, Hanoi déchargera probablement sa dette sur les institutions financières publiques et le secteur privé, semant les germes d’une crise bancaire à venir. Aujourd’hui, le Vietnam ne peut pas accéder aux marchés internationaux de la dette : son projet d’émettre des obligations internationales a été siné dié mis au placard après la dégradation du Vietnam par les agences dans la catégorie spéculative, à égalité avec la Serbie ou le Kenya.

Peu de gens seraient surpris si Hanoi décide faire tourner les planches de billet pour combler énorme son déficit budgétaire. La Banque Mondiale estime qu’en raison d’un manque de transparence, elle ne sait pas exactement à quels niveaux se trouvent les dépenses du gouvernement vietnamien, mais qu’elles sont « trop élevées par rapport aux financements disponibles. »

Manque de transparence

Hanoi considère que les informations sur ses niveaux de réserves de change relèvent du secret d’État

La situation budgétaire précaire du Vietnam est encore aggravée par un important et volatile déficit commercial. Selon une récente prévision de Standard Chartered Bank, les importations dépasseront les exportations de 7 milliards de dollars cette année, représentant près de 10% du PIB. Cela aussi, a des conséquences potentiellement graves pour la valeur future du dong vietnamien.

Les principales sources du pays en devises étrangères reposent dans les exportations, les investissements directs étrangers, les envois de fonds des Vietnamiens de l’étranger et l’aide des donateurs. Avec le ralentissement mondial, l’ensemble de ces sources de revenus – à l’exception notable des flux des donateurs – se sont raréfiées. Les journaux locaux signalent maintenant une pénurie généralisée de dollars pour les transactions commerciales.

Parce que Hanoi considère que les informations sur ses niveaux de réserves de change relèvent du secret d’État, les investisseurs ne peuvent qu’estimer à quels niveaux se trouvent les coffres nationaux pour défendre le dong contre les attaques spéculatives. Selon la Citibank, les réserves de change sont probablement tombées de 23 milliards de dollars à la fin de l’année 2008 à 17,6 milliards en juin 2009.

Tous ces facteurs — un déficit public intenable, la réduction des flux de capitaux étrangers, et un manque de transparence — ont conduit à une baisse régulière du dong. Le taux de change oscille actuellement à 18 300 dongs pour un dollar américain, qui est à la limite supérieure de la marge de fluctuation fixée par la banque centrale. Les citoyens vietnamiens et les entreprises sont réputés pour thésauriser leurs dollars ou bien les échange le marché noir aux taux 19 000 dong pour un dollar, bien supérieur à la limite autorisée par le gouvernement.

La ligne officielle est qu’il n’y aura pas de dévaluation du dong. En effet, la banque centrale a vendu des dollars pour soutenir le dong, mais on ignore combien de temps elle peut maintenir ses interventions avant que ses réserves en devises étrangères ne soient épuisées. En maintenant la monnaie nationale à un niveau de change anormalement haut et en ignorant les déséquilibres financiers sous-jacents, les autorités augmentent de jour en jour la probabilité d’une crise monétaire.

Il est possible que le gouvernement ne soit pas sûr de la façon de gérer sa politique de taux de change. Dans une interview du 16 septembre, l’ancien gouverneur de la banque centrale Lê Duc Thuy, qui conseille actuellement le Premier ministre, a recommandé une faible dévaluation de la monnaie locale. Le lendemain, lorsqu’on demande si la banque centrale a prévu de déprécier sa monnaie, l’actuel gouverneur de Nguyen Van Giau a simplement déclaré que le dong serait « géré avec souplesse, comme d’habitude. »

Un nouveau décret du Premier ministre est entré en vigueur le 15 septembre limitant les recherches scientifiques et techniques à 317 sujets spécifiquement approuvés

Le pilotage des taux de change a toujours été un défi technique délicat, surtout pour un pays en transition d’une économie planifiée à une économie de marché. Avec des manœuvres souterraines en vue du prochain Congrès du Parti communiste, il est peu probable qu’il y aura peu de décisions économiques audacieuses. Mais de nombreux analystes pensent que faire le dos rond en attendant que la crise passe pourrait se révéler désastreux.

Pour aggraver ces craintes, le gouvernement a effectivement interdit aux groupes indépendants au Vietnam de publier des recherches sur les questions économiques. Un nouveau décret du Premier ministre est entré en vigueur le 15 septembre limitant les recherches scientifiques et techniques à 317 sujets spécifiquement approuvés ; la macro-économie est scandaleusement absente de la liste.

L’Institut des Etudes pour le Développement (Institute of Development Studies – IDS), le seul cercle de réflexion privé au Vietnam, a décidé de se dissoudre en signe de protestation le jour de la parution du décret. L’IDS rassemblait certains des plus éminents économistes du pays et avait proposé des solutions pour lutter contre le désordre financier actuel. Avec un débat public sur les questions économiques qui est désormais interdit, il est difficile de voir comment le gouvernement entend poursuivre des politiques éclairées pour stabiliser une situation de crise qui s’accélère.

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