Les combines du parti [communiste] à Hanoi

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Par Carlyle A. Thayer [101]

Jeudi, Juin 19, 2008 – Editorial & Opinion

The Wall Street Journal

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Le Vietnam a gagné la réputation d’être une nation progressiste, à l’esprit réformé, qui est capable de faire oublier rapidement ses racines communistes. Les investissements étrangers arrivant en masse, la croissance économique du Vietnam dépasse celle de ses voisins. Une grande partie de ces progrès peuvent être attribués à son dynamique Premier ministre, Nguyen Tan Dung, qui a fait des réformes et la lutte contre la corruption ses priorités depuis son entrée en fonction en 2007. Mais en dépit de l’image progressiste de M. Dung, il se bat dans une bataille difficile – et perds souvent.

Prenons, en premier lieu, le champ de bataille clé entre conservateurs et progressistes : les médias. Les progressistes ne sont en aucune manière en faveur de l’indépendance totale des médias. Mais ils une vision comme quoi une certaine liberté de la presse est potentiellement utile dans la lutte contre la corruption et permet de minimiser les sources de mécontentement populaire à l’encontre du parti. La vision des conservateurs est que les médias constituent un défi inacceptable pour le parti, et pour l’instant, les conservateurs semblent gagner.

Le mois dernier, deux journalistes – Nguyen Viet Chien du journal Thanh Nien (Jeunes), et Nguyen Van Hai du journal Tuoi Tre (Jeunesse) – ont été arrêtés et accusés d’abus de pouvoir. Tous deux enquêtaient sur un scandale de corruption au sein du ministère des Transports où 7 millions de dollars ont été détournés pour parier sur des matchs de football européens. En vertu de la loi vietnamienne, les journalistes pourraient être détenus pendant quatre mois avant que des chefs d’accusations ne soient prononcés et en cas de condamnation, ils risquent un minimum de un an d’emprisonnement.

Ces arrestations signifient beaucoup plus qu’une simple répression des médias. Ils soulignent que le Premier ministre Dung perd le contrôle sur les institutions du pouvoir qui comptent vraiment dans la bureaucratie du parti. Les factions conservatrices, par exemple, contrôlent le Ministère de l’Information et de la communication, qui supervise également la censure de la presse. En 2007, ils ont bloqué les tentatives de M. Dung visant à promouvoir ses jeunes protégés dans ce ministère. Ils ont également bloqué la nomination du secrétaire de l’ancien Premier ministre Vo Van Kiet comme ministre du tout nouveau ministère de l’information et des communications. Et c’est Le Doan Hop, un vieux conservateur, issu de la même province que Ho Chi Minh, Nghe An, qui a été nommé à ce poste.

Dirigé par le Secrétaire général du parti, Nong Duc Manh, les conservateurs ont une base politique solide. Ils forment un bloc dominant au Politburo et au Comité central du parti, où le secteur de la sécurité publique a une forte représentation. Lors de l’élection du Comité central durant le dernier Congrès du parti en 2006, le Ministre de la sécurité publique, Le Hong Anh, a reçu le deuxième plus grand nombre de voix après M. Manh. Parmi les huit nouveaux vice-ministres élus au Comité central, trois venaient du Ministère de la Sécurité publique. Ils apprécient la stabilité politique et leur maintien au pouvoir au-dessus de tout, et sont préoccupés par l’incapacité du Premier ministre Dung à faire face efficacement contre la hausse de l’inflation et aux autres désordres sociaux.

M. Dung a également perdu rapidement le soutien populaire. Beaucoup de citadins vietnamiens sont désenchantés devant l’incapacité de M. Dung à faire face contre la pollution, les embouteillages ou la corruption. Plus récemment, l’inflation a frappé durement leur porte-monnaie. Cela, bien sûr, n’est pas entièrement la faute de M. Dung. Depuis sa prise de fonction l’an dernier, il a nommé un comité de haut niveau pour lutter contre la corruption et insisté publiquement sur le fait que le ministère de la Sécurité publique doive intensifier les enquêtes internes sur les affaires de corruption touchant des cadres supérieurs du parti. Mais ses efforts seront bientôt au point mort, en raison de l’opposition de ligne dure.

Il y a beaucoup de choses en jeu dans cette lutte pour le pouvoir. Les conservateurs du parti ont entravé l’ouverture du Vietnam en affirmant que les questions de droits de l’homme et de liberté religieuse font partie du complot de l’évolution pacifique. En d’autres termes, ils ont essayé d’effrayer le plus largement possible les cadres du parti avec l’idée que l’ouverture économique, en particulier vers les États-Unis, conduira inévitablement à une ouverture politique. Selon cette théorie, les forces hostiles à l’outre-mer ont établi des liens avec des dissidents nationaux en vue de renverser le système à parti unique du Vietnam. L’effet immédiat a été un processus de réforme qui piétine.

Les conservateurs du parti ont également pris un rôle important dans la construction des relations du Vietnam avec la Chine. La fin de l’année dernière a vu des manifestations d’étudiants sans précédentes à Hanoi et à Saigon contre la Chine à propos des disputes dans la mer de Chine du Sud. Lorsque M. Manh s’est rendu à Beijing pour des discussions de haut niveau, les conservateurs ont profité de l’occasion pour resserrer les liens de parti à parti, y compris dans les relations idéologiques.

Depuis plusieurs mois maintenant, il y a eu des rumeurs comme quoi les divisions internes du parti sont devenues si intenses qu’un congrès à mi-mandat pourrait être convoqué pour les résoudre. Un seul congrès de ce type s’est déjà tenu dans l’histoire du parti, en 1994. Si un tel congrès se tenait, le leadership et les politiques du Premier ministre Dung se verraient attaquées. Cela représenterait également un revers aux tentatives de longue date de sortir l’état vietnamien du contrôle du parti communiste et de développer un système de la responsabilité ministérielle.

Pour que le Vietnam à réussisse son cheminement actuel, il est essentiel que les députés à l’Assemblée nationale, pas l’arrière-salle des conservateurs du parti, affirment leur autorité pour examiner la politique du gouvernement et la direction du Premier ministre. S’ils ne le font pas, les récents succès du Vietnam pourraient bientôt se terminer.

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