Les Etats-Unis et le Vietnam n’ont pas la même vision des droits de l’homme

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Chris Brummitt et Matthew Penningto

19 avril 2013

HANOI – Les autorités vietnamiennes souhaitaient empêcher un célèbre activiste pour la démocratie de rencontrer un diplomate américain le week-end dernier et ont déployé une arme inhabituelle – un groupe de dames âgées.

Les femmes ont bloqué la route menant au domicile du dissident, empêchant le véhicule de l’Ambassade américaine de parvenir jusqu’à chez lui. La voiture était sensée conduire le dissident à un hôtel du centre-ville pour rencontrer le Secrétaire d’Etat adjoint Dan Baer, qui souhaitait recueillir des témoignages de la part d’activistes et des familles des personnes emprisonnées dans ce pays totalitaire à parti unique.

Un autre activiste figurant parmi la liste des invités a été traîné au commissariat de police jusqu’à la fin de la visite de l’Américain.

Les efforts déployés par les autorités vietnamiennes pour les empêcher de témoigner montrent le gouffre entre les deux pays s’agissant des droits de l’homme et demeurent un obstacle majeur au renforcement des liens entre Washington et un pays devant équilibrer l’influence de la Chine en Asie.

Baer était au Vietnam dans le cadre d’un « dialogue en matière de droits de l’homme » entre les deux gouvernements formalisant les efforts des Etats-Unis à demander que le Vietnam assouplisse son contrôle sur la liberté d’expression politique et religieuse et cesse d’arrêter les personnes appelant à une démocratie pluripartite. Baer avait organisé ces rencontres avec les dissidents samedi après que les deux gouvernements se soient entretenus vendredi à ce sujet.

« Bien sûr, cela gâche tout » et soulève des doutes quant aux promesses du gouvernement vietnamien de faire des progrès en matière de droits de l’homme, déclarait Baer au téléphone, d’Oslo où il s’est arrêté sur son retour de Hanoï.

« Ce qui aurait pu représenter un point de départ solide a maintenant été gâché par un comportement qui remet en question la sincérité de tous les engagements qu’ils pourraient faire » a-t-il indiqué.

En plaçant l’Asie de plus en plus en avant dans sa politique étrangère, les États-Unis souhaitent renforcer leurs relations diplomatiques, économiques et sécuritaires avec le Vietnam. Mais les États-Unis ont également précisé que les progrès du Vietnam en matière de droits de l’homme est nécessaire si on souhaite que cet engagement survienne pleinement et rapidement. Jusqu’à maintenant, le Parti communiste ne semble pas vouloir fléchir. Alors que certains membres semblent ouverts aux discussions et à un changement graduel, ses leaders n’écoutent pas, inquiets de perdre le pouvoir et l’accès à des parties lucratives de l’économie.

Le dialogue des droits de l’homme avait été retardé de plusieurs mois cette année parce que les Etats-Unis se posaient des questions quant au bien-fondé de la session précédente qui avait eu lieu à Washington en novembre 2011 et n’avait apporté aucun changement substantiel. Selon Human Rights Watch, en 2012, au moins 40 dissidents ont été reconnus coupables et condamnés à la prison ; 40 autres ont été arrêtés dans les six premières semaines de 2013. Baer souhaitait rencontrer Nguyen Van Dai et Pham Hong Son, deux dissidents bien connus des gouvernements Occidentaux et des organisations de défense des droits de l’homme. Ils ont chacun déjà purgé une peine de quatre ans de prison et sont tous les deux sous surveillance constante et souvent harcelés. Ils continuent pourtant à défier publiquement le parti et, en faisant de la sorte, sont prêts à accepter les risques pour eux et leur famille.

Dai a déclaré qu’il avait informé le responsable politique de l’Ambassade américaine que la police ainsi que d’autres agents de la sécurité étaient devant chez lui et l’empêchaient de se rendre à la réunion. L’officier lui a indiqué qu’il passerait le prendre chez lui. Mais quand la voiture est arrivée, elle a été bloquée par environ une dizaine de femmes du quartier à qui les autorités avaient demandé de se tenir sur la route.

« Je ne sais pas pourquoi ils ont fait un truc aussi dingue » a dit Dai. « Je pense que c’est la première fois. »

Questionné à ce sujet, le gouvernement vietnamien a répondu dans un communiqué : « les autorités vietnamiennes ont créé les conditions pour que la délégation menée par Daniel Baer rencontre les personnes que les Etats-Unis souhaitaient rencontrer ».”

Baer a déclaré qu’il avait été en mesure de rencontrer les familles de deux prisonniers politiques – Le Quoc Quan et Cu Huy Ha Vu – durant une heure et demie jeudi bien que les autorités aient fait leur possible pour qu’ils ne puissent par quitter leur domicile et le rencontrer. Quan, un avocat qui a étudié aux États-Unis, a été arrêté à la fin de l’année dernière après des mois de harcèlement pour lui et sa famille. Baer a également visité une prison et rencontré le Révérend Ly, un prêtre catholique purgeant une peine de huit ans.

En utilisant des personnes du public pour bloquer la voiture de l’ambassade, le gouvernement vietnamien cherche peut être une manière plausible de nier qu’elle a pu jouer un rôle dans cette affaire et empêcher Baer de rencontrer Dai.

« Si le gouvernement n’avait pas voulu que cette route soit bloquée, ils auraient pu la faire évacuer » dit Phil Robertson de Human Rights Watch. « Ils sont parvenus au résultat qu’ils souhaitaient sans générer de rejet ou de critique contre le gouvernement, ce qui aurait été le cas si la police avait elle-même arrêté la voiture. »

Aussi bien Dai que Son avaient déjà rencontré des officiels américains dans le passé et Baer était étonné qu’on ait empêché que ces réunions aient lieu.

« Je n’ai pas l’habitude de demander l’autorisation de rencontrer des citoyens », a dit Baer. « Nous ne leur interdisons certainement pas de rencontrer qui ils veulent aux Etats-Unis. » Plusieurs journalistes vietnamiens ont assisté à une conférence de presse que donnait Baer vendredi soir, mais l’événement n’a pas été couvert par les médias locaux, qui sont détenus et contrôlés par le Parti communiste. Un commentaire publié dans le principal journal du parti, Nhan Dan ou « le Peuple », quelques jours avant l’arrivée de Baer suggérait qu’il serait malmené.

Le journal demandait si « Daniel Baer ne voyait pas de problème à se pencher sur la question des droits de l’homme au Vietnam au travers le regard d’extrémistes anti-communistes américains d’origine vietnamienne », répétant ce que beaucoup pensent, à savoir que les Vietnamiens du Sud qui ont fui le pays après la Guerre du Vietnam étaient la cause des animosités des États-Unis envers Hanoi. « On ne peut pas croire un groupe de personnes qui ont encore le goût amer de leur défaite d’il y a près de 40 ans. Daniel Baer et quelques politiciens américains devraient bientôt changer leur position sur le sujet. »

Les États-Unis sont reconnus pour défendre les droits de l’homme dans le monde, mais une poignée de membres du Congrès comptent une grande communauté de Vietnamiens du Sud dans leurs circonscriptions et font pression sur l’administration pour donner une attention particulière au Vietnam. La diaspora vietnamienne s’est enfuie aux États-Unis après la défaite des États-Unis et de ses alliés vietnamiens du Sud contre l’armée Communiste du Nord Vietnam.

Son a déclaré qu’il avait rencontré Baer en 2010 et 2012 lors de ses précédentes visites au Vietnam et l’a décrit comme quelqu’un « de très agréable et de passionné quand il s’agit de parler de ses craintes en matière de droits de l’homme ».

Le dissident a indiqué que les policiers étaient venus chez lui dans la matinée de samedi et lui avaient ordonné de venir au commissariat local, parce qu’un résident se serait apparemment plaint qu’il avait accordé un entretien au correspondant radio vietnamien de la BBC et qu’il aurait parlé des projets d’amendement de la constitution du pays. Il les a suivis, mais n’a jamais été interrogé au sujet de cette soi-disant plainte.

« J’ai juste ri », a-t-il dit. « Ce genre d’incidents m’est souvent arrivé. Notre gouvernement, notre parti pour être plus précis, a toute une panoplie de ruses pour harceler les gens. Le parti ne veut pas que des gens comme moi rencontrent des personnes de l’étranger comme Monsieur Baer ».

Souce : ABC News

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