Les États-Unis ne devraient pas brader les droits de l’homme au Vietnam

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Tribune publiée sur le Washington Post le 27 août 2012

La Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a annoncé à Hanoi le mois dernier que les Etats-Unis signeraient un nouvel accord commercial régional, le Partenariat Trans-Pacifique, avec le Vietnam vers la fin d’année. Le désir du Vietnam de promouvoir le développement économique à travers l’expansion commerciale est compréhensible, et la volonté américaine de soutenir le progrès économique au Vietnam est louable. Mais alors même que le Vietnam cherche à avancer économiquement, son système politique reste embourbé dans un passé répressif et autoritaire. En effet, l’annonce de Clinton est venue peu de temps avant le premier anniversaire de la détention par le gouvernement vietnamien de militants dont le « crime » a été de demander l’action gouvernementale sur un large éventail de sujets : les droits de l’homme, la justice sociale, et les préoccupations sur l’environnement, la justice, la politique, la corruption, la santé et les problèmes fonciers. Plus d’un an plus tard, presque tous restent en détention, l’un est en résidence surveillée. Les progrès réels ne viendront au Vietnam que lorsque la réforme politique et l’état de droit accompagneront le progrès économique.

Depuis un an, le gouvernement vietnamien a arrêté des membres d’un réseau informel de militants sociaux et politiques. Les personnes détenues sont affiliées à l’Église catholique romaine rédemptoriste du Vietnam – un reflet de la tendance à la discrimination contre les minorités religieuses dans ce pays. Onze des militants sont accusés d’être membres de Viet Tan, un parti vietnamien pro-démocratie. Les détenus ont subi une série de violations des droits de l’homme, dont la violation à leurs libertés fondamentales d’expression, de réunion et d’association. En outre, les arrestations et détentions de ces militants violent leurs droits à une procédure régulière et un procès équitable garanti par le Pacte International Relatif aux Droits Civils et Politiques et autres accords juridiques internationaux ; violent les normes internationales dont les arrestations sans mandat et les longues détentions préventives sans charges précises. Après leur arrestation, les prisonniers ont été détenus au secret pendant des mois. Certains ont même été condamnés dans un « procès » au cours duquel ils n’ont pas été autorisés à avoir un avocat. Aujourd’hui, la plupart de ces militants se morfondent en prison sans contact avec l’extérieur et parfois sans même savoir les raisons pour lesquelles ils ont été arrêtés et détenus. Ils ont un accès limité aux membres de leur famille. Certains n’ont eu aucun contact avec leur famille.

Conformément à une tendance croissante des violations des droits de l’homme commises par le gouvernement vietnamien, ces militants ont été arrêtés pour avoir enfreint des lois pénales qui interdisent les « activités visant à renverser le gouvernement populaire », « porter atteinte à l’unité nationale » et participer à la « propagande contre le République socialiste du Vietnam. »

Les détenus sont tous des journalistes en ligne, des blogueurs ou d’autres personnes qui ont participé à des activités de formation au journalisme citoyen. Ils ont publié des messages sur les blogs, signé des pétitions et pris part aux protestations non-violentes liées à une série de sujets, dont des appels à la démocratie multipartite et d’opposition aux grands projets d’exploitation de la bauxite qui causeraient des dommages irréparables sur l’environnement et déplaceraient des résidents locaux. En bref, ils sont engagés dans des formes légitimes d’expression politique.

Les Etats-Unis doivent aller au-delà d’une rhétorique de défense des droits de l’homme au Vietnam.

Une telle expression politique est protégée par le droit international des droits de l’homme et par la Constitution du Vietnam, qui prévoit dans son article 53 que les citoyens « ont le droit de prendre part à la gestion de l’État et de la société, dans le débat sur les questions générales de l’ensemble du pays ou de la localité. » L’article 69 de la Constitution vietnamienne soutient que les citoyens « ont le droit à la liberté d’expression et à la liberté de la presse » et ont « le droit de réunion, d’association et de manifestation, conformément à la loi. » Au lieu de protéger ces droits, cependant, le gouvernement vietnamien utilise la loi pour interdire les libertés fondamentales d’expression, de réunion et d’association.

A son crédit, Clinton a soulevé les préoccupations sur le bilan du Vietnam en matière de droits de l’homme au cours de son récent voyage, dont la détention de militants, des avocats et des blogueurs dont le seul crime est l’expression pacifique d’idées. « Je sais qu’il y a des gens qui prétendent que le développement économique a besoin d’abord d’une croissance économique et s’inquiéteront des réformes politiques et de la démocratie plus tard, mais c’est un raisonnement de court terme », dit-elle.

Les Etats-Unis doivent aller au-delà d’une rhétorique de défense des droits de l’homme au Vietnam. Notre pays ne doit pas contribuer à ce « raisonnement de court terme » a Clinton averti en promouvant des liens commerciaux plus profonds sans insister simultanément sur le fait que le Vietnam doive honorer ses obligations internationales relatives aux droits de l’homme. Les responsables américains devraient exiger que le Vietnam commence par libérer les militants arrêtés l’année dernière et d’autres qui sont détenus uniquement pour la recherche d’une voie pour l’avenir de leur pays. Les Etats-Unis ne devrait pas récompenser le Vietnam en l’incluant dans le Partenariat Trans-Pacifique, tant que le gouvernement de Hanoi utilise son système juridique pour réprimer la dissidence et perpétrer des violations des droits de l’homme.


Allen S. Weiner est maître de conférences en droit à la Stanford Law School, où il officie en tant que directeur du Programme de Droit International et Comparatif. Il a déposé une requête auprès du Groupe de Travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire pour contester la légalité de l’arrestation et la détention l’année dernière de 17 militants vietnamiens.

Source : The Washington Post

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