Les manifestations révèlent les limites de la liberté au Vietnam

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22 juillet 2011

Par Ian Timberlake

HANOI – Le Vietnam a connu sept semaines sans précédentes de manifestations anti-chinoises, mais les militants disent que les manifestations révèlent essentiellement les limites à la liberté d’expression dans ce pays autoritaire.

Dans le sillage des pourparlers entre Hanoi et Pékin en juin, les autorités de Hanoi ont toléré cinq petites manifestations pacifiques près de l’ambassade chinoise, mais la police a dispersé par la force les deux dernières manifestations et des gens ont été détenus brièvement.

Dans un pays qui se rappelle amèrement d’un millénaire d’occupation chinoise et, plus récemment, une guerre à la frontière en 1979, beaucoup expriment leur hostilité envers les Chinois et le géant voisin est une cible facile pour les protestations.

« Jusqu’à maintenant, la seule chose qui pouvait inciter aux manifestations sont les relations entre le Vietnam et la Chine », dit un blogueur qui a requis l’anonymat.

Les pays voisins ont un différend de longue date sur la souveraineté des archipels Paracel et Spratly, potentiellement riche en pétrole, qui sont en travers des vitales routes maritimes commerciales dans la mer de Chine méridionale.

Les tensions ont éclaté en mai, quand le Vietnam a déclaré que des navires chinois de surveillance maritime ont coupé les câbles d’exploration d’un navire vietnamien de prospection pétrolière à l’intérieur de la zone économique exclusive du pays. Des activistes disent que les appels aux manifestations se sont répandus à travers les médias sociaux et l’Internet, où des commentaires indépendants fleurissent malgré les arrestations de certains blogueurs et les tentatives officielles pour bloquer Facebook.

Le différend maritime a provoqué une explosion de sentiments patriotiques sur le web, conduisant Pham Duy Hien, un scientifique de 74 ans, à s’attendre à une plus grande participation dans les manifestations. Mais la plupart des rassemblements ont attiré seulement entre 50 et 100 personnes.

Les manifestations ouvertement politiques sont rares au Vietnam, alors que les protestations pour les droits fonciers sous la forme de rassemblements devant les bureaux du gouvernement et les grèves des ouvriers sont assez fréquentes. Ceux qui prennent part à ces manifestations risquent l’arrestation et l’emprisonnement – une des raisons pourquoi les rassemblements contre la Chine sont inhabituels. « C’est quelque chose politique, car il concerne la relation entre deux frères, » communiste voisins : le Vietnam et la Chine, déclare Hien, qui faisait partie des intellectuels ayant participé aux rassemblements.

A Ho Chi Minh-Ville, la métropole du sud du Vietnam, les protestations ont été moins fréquentes et les manifestants ont décrit une forte réponse initiale des forces de sécurité.

Le blogueur dit la répression policière rend difficile l’élargissement du mouvement de protestation au Vietnam, en particulier dans un Etat à parti unique où il manque encore une conscience politique. Nguyen Quang A, un analyste économique qui s’est joint aux rassemblements de Hanoi, a déclaré l’action de la police « sape l’image du gouvernement ».

Il dit les manifestants ont été encadrés et tous ceux qui voulaient « élargir les revendications » au-delà de la question avec la Chine ont été rappelés à l’ordre par les autres manifestants que leur rassemblement n’avait qu’un seul but. Hien a également tenu à souligner que les protestations liées au différend maritime ne sont pas contre le gouvernement vietnamien ou le peuple chinois, mais contre l’ « agression » de la Chine. « Notre pays est aujourd’hui en danger. Nous avons donc appelé les uns les autres d’y aller pour exprimer nos inquiétudes, notre colère », dit-il.

Certains militants pensent que le gouvernement peut désormais craindre des manifestations politiques inspirées par des soulèvements de cette année contre l’autoritarisme en Afrique du Nord et du Moyen Orient.

Alors que les autorités ont largement réussi dans le musèlement des critiques publiques ouvertes, le gouvernement n’est pas totalement à l’abri de l’opprobre du peuple vietnamien.

Beaucoup d’intellectuels engagés dans les récentes manifestations se sont exprimés il y a deux ans contre un projet chinois d’extraction de bauxite, suscitant une vague de critiques sans précédente venant d’une large coalition dirigée par les scientifiques, chercheurs et écrivains.

Des sources au Parti disent que la question de la bauxite a contribué à affaiblir le Premier ministre Nguyen Tan Dung, mais il a survécu et on s’attend qu’il soit réélu mardi prochain par l’Assemblée nationale pour un autre mandat de cinq ans.

La constitution du Vietnam permet le droit de manifester.

« Mais il n’y a pas de loi ni de décret pour préciser la procédure … comment pouvez-vous organiser une manifestation, » dit Quang A, exhortant un « sage » gouvernement de publier une loi qui permettra les protestations « de manière civilisée. »

Les militants n’ont pas exclu une autre manifestation de ce dimanche.

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