Les réactions mitigées de Hà Nôi

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A l’occasion de la Fête Nationale du Viêt Nam Communiste (2 septembre), les dirigeants communistes ont annoncé que 5000 prisonniers de toutes catégories étaient « amnistiés ». Parmi eux, 2 noms retiennent l’attention. Il s’agit du jeune docteur Pham Hong Son, auteur du texte « Qu’est ce que la Démocratie » et de M. Ma Van Bay, pasteur évangélique de la minorité éthnique H’mong, arrêté après les révoltes sur les hauts plateaux au printemps 2001. Ces deux personnes figurent sur la liste des 21 personnes que les Etats-Unis réclament la remise en liberté immédiate et inconditionnelle. Contrairement à 2005, les autorités communistes n’ont pas fait grand bruit autour de ces libérations, tout en gardant prisonnier le jeune journaliste Nguyen Vu Binh, qui, entre 2001 et 2002, a écrit de nombreux textes demandant la liberté d’expression, la liberté d’association. Le fait que Pham Hong Son ait été libéré alors que Nguyen Vu Binh reste en prison montre que le Parti Communiste Vietnamien (PCV) est très prudent dans ses mouvements car il se doit de contenter les Etats-Unis afin d’espérer adhérer l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et obtenir la clause de la nation la plus favorisée. Certes, l’adhésion à l’OMC et l’obtention de la clause de la nation la plus favorisée ne sont pas liées. Mais si Hà Nôi n’obtiens pas cette clause, alors les relations commerciales avec les Etats-Unis resteront compliquées à gérer pendant que le Viêt Nam est très occupé à organiser la prochaine conférence de l’APEC (…) en novembre prochain.

Quand on observe la position de Hà Nôi vis-à-vis de cette libération des prisonniers de conscience, l’on remarque que les dirigeants vietnamiens – Nong Duc Manh (1er Secrétaire), Nguyen Minh Triet (Président du Viêt Nam) et Nguyen Tan Dung (1er Ministre), récemment désignés en avril 2006, sont dans une situation de conflits de pouvoir avec les autres factions, hésitant entre la stabilité politique à tout prix, qui passent par la répression des dissidents, et l’ouverture économique, qui passe par des relations apaisées avec la communauté internationale, et donc, ne pas réprimer la dissidence. Le voyage en Chine Populaire de Nong Duc Manh pour renouveler son allégeance aux communisme auprès de Pékin, mais aussi pour demander le soutien du grand frère chinois dans l’adhésion du Viêt Nam à l’OMC, réflète ce conflit d’intérêt. Cette position est officialisée par une déclaration de presse commune la semaine dernière et démontre plus que jamais le choix ambivalent du PCV devant les grands changements que connaît le pays.

Primo, les violences policières à l’encontre des jeunes et nouveaux démocrates qui ont signés la Déclaration 2006 pour la Liberté et la Démocratie au Viêt Nam, montrent que les autorités communistes cherchent plus à intimider que réellement bloquer le vent de démocratie qui souffle depuis 4 mois. De plus, les autorités n’ont quasiment pas inquiété les démocrates célèbres qui ont créé le Bloc 8406, à savoir les pères Nguyen Van Ly, Chan Tin, Do Nam Hai ou Tran Anh Kim. Ceci montre qu’à l’intérieur du PCV, il n’y a pas de position commune quand à la façon de contrer la vague de dissension de ces derniers mois.

Deuxio, les réactions de Hà Nôi en harcelant les jeunes démocrates ou bien en bloquant certaines activités de l’opposition ressemblent à des demi-mesures, timorées en comparaison avec la répression des années passées. Les autorités communistes n’ont pas réagissent à la naissance, il y a deux mois, du bi-hebdomadaire « Liberté d’Expression » dont le père Chân Tin est le rédacteur en chef. En revanche, elles empêchent fermement la parution du journal « Démocratie », en cours de création par messsieurs Hoang Tien, Nguyen Khac Toan et Nguyen Van Dai. Par ailleurs, Ha Nôi a libéré le docteur Pham Hong Son tout en gardant en prison le journaliste Nguyen Vu Binh, qui a déposé une dossier de création d’un parti politique d’opposition voici 6 ans, le Parti Démocrate. Ces réactions mitigées montrent que les dirigeants communistes subissent de nombreuses pressions et n’agissent prudemment qu’au cas pas cas, de manière opportuniste.

Tierco, dans son effort pour organiser le sommet de l’APEC comme dans sa démarche d’adhésion à l’OMC, Hà Nôi joue sur deux tableaux à la fois : contenter les Etats-Unis tout en restant fidèle à la Chine. Cependant, ces derniers temps, la balance penche plus du côté de Pékin que Washington. Cette situation perdurera au moins jusqu’à la fin novembre. La récente excursion pékinoise de Nong Duc Manh n’est pas seulement un acte d’obéissance à la Chine après les rapprochements avec les Etats-Unis depuis 2005, c’est surtout un signe que le PCV n’est plus maître de ses décisions et qu’il ne peut plus freiner l’influence grandissante de Pékin.

Tout ceci montre que les nouveaux dirigeants vietnamiens font face à deux problèmes cruciaux : le manque d’unité dans la gestion des affaires domestiques et la perte d’autonomie dans les relations internationales, en particulier dans ses relations avec Washington et Pékin. Cette situation est causée par les graves dissensions entre les différentes factions du comité central du PCV, à propos des intérêts des uns et des autres générés par l’ouverture économique. Ces dissensions sont exacerbées par les influences externes, notamment du grand frère communiste chinois. De là, les factions se sont réfugiées derrière les vieux slogans comme la protection du parti, la protection des acquis de la révolution pour attaquer toutes les catégories qui auraient des idées divergentes. Mais comme aucune faction n’est majoritaire, cela conduit à des demi-mesures dans de nombreux domaines. C’est la conséquence de 20 ans d’ouverture économique et pas d’assouplissement politique. Cette marche forcée vers le capitalisme sauvage tout en voulant rester fidèle au communisme a habitué les dirigeants à prendre des décisions opportunistes, sans réelle vision à long terme. Cette situation a largement favorisé une corruption à tous les niveaux de l’administration, une bureaucratie monstrueuse qui méprise et maltraite les citoyens lambdas. L’on peut dire que ce sont là les signes du commencement de la fin d’un régime totalitaire, à bout de souffle.

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