Lettre du Congrès demandant au nouvel Ambassadeur des Etats-Unis de donner la priorité aux droits de l’homme

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Alors que le nouvel Ambassadeur américain vient de prendre ses fonctions, 14 membres du Congrès lui adressent un message lui priant de prendre en considération les droits de l’homme dans leurs relations bilatérales.

Rédigée sur l’impulsion du Congrès du Caucus sur le Vietnam (les députés Loretta Sanchez, Zoe Lofgren, Chris Smith et Frank Wolf), leur courrier demande à l’Ambassadeur David Shear de non seulement renforcer les liens diplomatiques qui existent entre les deux pays, mais également d’aborder les questions critiques concernant l’état de droit, la liberté d’internet et la répression envers les dissidents politiques.


20 septembre 2011

Son Excellence David Shear
Ambassadeur des Etats-Unis auprès de la République Socialiste du Vietnam
Département d’Etat
2201 C Street, NW
Washington, DC 20520

Monsieur l’Ambassadeur Shear,

Nous souhaiterions vous féliciter pour votre récente nomination en tant que cinquième Ambassadeur américain auprès de la République Socialiste du Vietnam depuis la normalisation officielle des relations diplomatiques entre nos deux pays en 1995. Votre nomination intervient à un moment charnière car le Vietnam espère tirer de nombreux avantages économiques de ses relations bilatérales avec les Etats-Unis, mais continue à bafouer ce que les États-Unis considèrent pourtant comme une priorité : le respect des droits fondamentaux pour ses citoyens.

Avant votre départ pour Hanoï, nous espérons pouvoir vous fournir un bref aperçu du Vietnam à travers les yeux du Congrès et exprimer nos profondes inquiétudes concernant toute l’énergie que met le Vietnam pour renforcer son contrôle sur internet, sur la presse et la liberté d’expression, pour réprimer toute dissidence politique, toute liberté de religion, de réunion et d’association. Nous sommes également très inquiets du fait que le Gouvernement vietnamien semble apparemment ne pas se préoccuper de l’état de droit et de son incapacité à faire preuve de volonté politique dans la lutte contre le trafic humain, en particulier contre le trafic de main-d’œuvre. Vous allez bientôt faire votre possible pour renforcer nos liens diplomatiques, nous espérons que vous pourrez également être le défenseur de ce que ce pays a de mieux à offrir : son peuple.

La liberté de se connecter pour renforcer les liens dans l’éducation Votre désir de continuer l’engagement de votre prédécesseur dans sa coopération U.S.-Vietnam pour l’éducation doit également s’accompagner d’un discours pour la défense de la liberté d’internet. Quand le gouvernement vietnamien met des barrières à la liberté d’internet, il impose des limites aussi bien sur l’avenir économique du pays que sur l’évolution sociale et l’éducation de son peuple.

Le développement rapide des réseaux internet au Vietnam depuis 2000 est encourageant. Avec plus d’internautes connectés et passant du temps en ligne, le net est devenu l’espace où la société civile se développe, mais cet espace devient également de plus en plus la cible de la répression.

Malgré le barrage intermittent du site Facebook depuis 2009, de plus en plus de gens s’y connecte, prouvant leur grand désir de liberté de pouvoir se connecter. Toutefois, et peut-être en raison de l’augmentation des citoyens en ligne à la recherche d’informations ou de connectivité, Hanoï utilise les mêmes méthodes de répression envers les cyber-journalistes qu’il utilise déjà avec les médias traditionnels, en publiant récemment un décret gouvernemental qui étouffera significativement la libre-expression en ligne. Il a également été largement rapporté que des cyber-attaques provenant du Vietnam ont endommagé des sites web dissidents. Mais le plus alarmant réside sur le fait que la restriction de liberté sur internet a été sortie de son contexte virtuel : des douzaines de blogueurs et de cyber-activistes ont été harcelés et emprisonnés ces dernières années.

Comprenant l’impact d’internet, les Membres du Congrès du Caucus sur le Vietnam ont pris des mesures proactives durant toute l’année pour défendre la liberté d’internet au Vietnam et demander aux fournisseurs d’accès internet (FAI) tels que Google et Yahoo de protéger la vie privée des internautes au Vietnam, alors que le Gouvernement vietnamien a pris des mesures illégales pour resserrer son contrôle sur internet.

Ainsi que la Secrétaire d’État Clinton l’a mentionné dans son discours de cette année sur la liberté d’internet, “il n’y a pas d’internet économique ni d’internet social ni encore d’internet politique ; il y a juste Internet”. Nous vous prions de bien vouloir demander au Gouvernement vietnamien d’accorder l’accès internet à ses citoyens, sans intrusion et sans intimidation de la police en ligne.

Répression des dissidents

Les pare-feux au Vietnam étant de plus en plus puissants, le régime de Hanoï a pris des mesures afin de réduire au silence les voix de conscience au Vietnam. Le Gouvernement vietnamien détient dans ses cellules des centaines de prisonniers politiques et religieux qui ont pour “crime” d’avoir défendu de manière pacifique la justice sociale et la liberté de religion.

Nous nous inquiétons en particulier du sort de sept religieux et militants pour la démocratie de la province de Ben Tre qui ont récemment été condamnés le 30 mai 2011. A ce jour, et selon les organisations de défense des droits de l’homme, leur procès a été l’un des plus grands procès politiques au Vietnam. Les accusés n’ont pas pu avoir droit à un procès juste et équitable conformément à la Constitution vietnamienne et les normes internationales. Ce n’est que l’un des nombreux cas où la lutte pacifique pour la démocratie a mené à l’emprisonnement politique. D’autres cas, pour n’en citer que quelques-uns, concernent notamment Cu Huy Ha Vu, Le Cong Dinh, Nguyen Van Hai, Phan Thanh Hai et le Père Nguyen Van Ly qui est en liberté conditionnelle pour raison médicale du fait que sa santé se détériore, et qui continue pourtant à purger sa peine. Ce ne sont que quelques uns des nombreux cas où la lutte pour la démocratie a mené à l’emprisonnement politique.

Les pasteurs, les prêtres et les membres des diverses communautés religieuses au Vietnam font de plus en plus l’objet d’un contrôle minutieux. On les oblige par la force à renoncer à leur foi, on les harcèle, les arrête et les emprisonne pour leurs convictions religieuses. Les catholiques, les Protestants, l’Église Bouddhiste Unifiée du Vietnam (UBCV), l’Eglise Cao Dai, Hoa Hao, les Montagnards, les Hmongs Protestants, les Bouddhistes khmers et bien d’autres encore ont rapporté de graves abus, des confiscations et des destructions de propriété de l’Eglise ainsi qu’une surveillance intense de la part du Gouvernement dans les services religieux, les réunions des congrégations et au cours de leurs activités. Plutôt que d’encourager l’expression religieuse, le Gouvernement vietnamien continue à réprimer ceux qui ont la foi.

Nous vous prions instamment d’appeler le gouvernement vietnamien à libérer sans condition les prisonniers détenus pour la défense pacifique de leurs croyances et d’arrêter de réprimer la liberté de religion. En tant qu’Ambassadeur des Etats-Unis au Vietnam, nous vous encourageons à rencontrer le plus souvent les prisonniers politiques et leur famille. Cela démontrerait clairement que les États-Unis considèrent les droits de l’homme comme une priorité dans les relations U.S.-Vietnam. En outre, ces visites vous donneront l’occasion de vous faire votre propre idée de ce à quoi les citoyens vietnamiens doivent faire face en matière des droits de l’homme.

Etat de droit

Nous vous encourageons à mettre l’accent sur une réforme juridique et à insister pour que le Gouvernement vietnamien abroge ou révise les ordonnances ou les décrets – notamment les dispositions floues de la sécurité nationale telles que les Articles 79, 88 et 258 qui sont fréquemment utilisés pour arrêter et placer en détention les citoyens pacifiques qui défendent la liberté de religion, la liberté d’expression et la liberté d’association. Nous vous encourageons également vivement à travailler avec le gouvernement vietnamien pour s’assurer que les lois telle que l’Ordonnance 2004 sur les Croyances Religieuses et les Organisations Religieuses ne limitent pas la pratique de la liberté de religion et que les lois sur l’exportation du travail ainsi que sur la législation nouvellement adoptée sur le trafic humain soit strictement mis en application afin de punir les trafiquants et protéger les victimes. Nous attendons avec impatience le jour où le Vietnam pourra vivre selon les termes de sa constitution et selon le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP) adopté par le Vietnam et accordera à son peuple tout entier la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de religion et le droit d’association.

Notre souhait est de pouvoir travailler avec vous et avec l’Administration afin que l’on considère les droits de l’homme comme une partie intégrante de nos relations U.S.-Vietnam et que l’on donne la parole aux nombreux défenseurs et militants vietnamiens qui ne recherchent qu’à établir dans leur patrie et de manière pacifique les droits de l’homme qui sont mondialement reconnus.

Cordialement,

Loretta Sanchez
Membre du Congrès

Christopher Smith
Membre du Congrès

Zoe Lofgren
Membre du Congrès

Frank Wolf
Membre du Congrès

Gerald E. Connolly
Membre du Congrès

Daniel Lungren
Membre du Congrès

Susan Davis
Membre du Congrès

Edward Royce
Membre du Congrès

Michael Honda
Membre du Congrès

Mike Coffman
Membre du Congrès

Madeleine Bordallo
Membre du Congrès

Bob Filner
Membre du Congrès

Al Green
Membre du Congrès

Brad Miller
Membre du Congrès

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Lettre des Membres du Congrès au nouvel ambassadeur David Shear

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