Ngoc Tung a remplacé Thi Hau !

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« Ngoc Tung a remplacé Thi Hau » pour tenter de redorer l’image ternie de la CGTV (et du Parti)…

Le 28 décembre 2006, la réunion plenière du Comité Exécutif de la Confédération Générale des Travailleurs Vietnamiens (CGTV, sous le contrôle du Parti Communiste Vietnamien) s’est terminée sur une décision importante. Il s’agit de remplacer madame Cu Thi Hau par monsieur Dang Ngoc Tung dans le rôle de président de la CGTV. Selon les sources officielles, madame Thi Hau a atteint la limite d’âge. Mais selon les sources des travailleurs du textile à Binh Duong, si « Ngoc Tung a remplacé Thi Hau », c’est pour tenter de redorer l’image ternie de la CGTV (et du Parti) après les grèves massives survenues en 2006.

Malheureux hasard ou pas, ce remplacement a lieu le 28 décembre 2006, soit un an jour pour jour après la première grève. Ce jour là, les 18 000 ouvriers de la société Freetrend, dans la zone industrielle Linh Trung, Thu Duc, banlieue de Sài Gòn se sont mis en grève, outrepassant les ordres de la CGTV pour demander des salaires et conditions de travail décents. Cet arrêt de travail a été le détonateur d’une série de grèves survenues dans toute l’année 2006, touchant aussi bien les sociétés à capitaux étrangers que les entreprises domestiques, dans des régions aussi diverses que Bien Hoa, Thuc Duc, Hai Phong. En particulier à Hai Phong, les grèves ont touché des dizaines de milliers de travailleurs.

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Les 18 000 ouvrières de la société Freetrend se sont mises en grève le 28 décembre 2005 pour demander des hausses de salaires et des conditions de travails décents.

Fait étrange, les grèves de 2006 constituent un événement sans précédent dans l’histoire syndicale vietnamienne, attirant l’attention des médias nationaux et étrangers. Or, elles n’ont pas été abordées une seule fois dans le rapport annuel du Comité Exécutif de la Confédération Générale Vietnamienne du Travail. En parcourant ce rapport, les lecteurs n’y trouvent que des actions positives, comme ce passage « en 2006, les fédérations de tous niveaux se sont améliorées dans leur fonctionnement, organisant brillamment des concours du meilleur travailleur, du travailleur le plus innovant, dans les secteurs des ouvriers, des fonctionnaires, et des salariés ; elles se sont engagé dans l’amélioration des conditions de travail, dans la défense des intérêts des travailleurs. » Dans « l’euphorie de l’auto-satisfaction » des réalisations de 2006, le Comité Exécutif de la CGTV a défini les objectifs de 2007 : « Se concentrer sur la propagande et la formation » des salariés, ouvriers, et fonctionnaires. Un autre objectif important a été défini : « la Confédération Générale Vietnamienne du Travail doit mobiliser les travailleurs, fonctionnaires et ouvriers à construire le Parti [Communiste], à construire une administration transparente et solide. »

En lisant ces lignes d’autosatisfaction, les travailleurs et salariés vietnamiens doivent rougir de honte. L’humanité est entrée dans le 21ème siècle, mais il semblerait que certains soient encore restés au milieu du 20ème siècle. De nos jours, qui fait encore des concours du meilleur travailleur au Viêt Nam ? S’il s’agissait de concours du meilleur abus de bien sociaux, ou bien du meilleur receveur de pots de vins, alors ce serait dans l’air du temps ! Par ailleurs, l’objectif 2007 de la CGVT étant de « faire de la propagande et de former les travailleurs, de les pousser à construire le Parti », elle doit prendre la population active vietnamienne pour des moutons soumis au bourrage de crâne continuel du Parti Communiste Vietnamien !

Il est clair que l’autosatisfaction est une « maladie » commune aux différents organismes de l’administration communiste, et sa tradition de « montrer ce qui est bien, cacher le reste » reste bien ancrée dans ce régime. Est-ce parce que madame Cu Thi Hau aurait dérogée à cette tradition qu’elle est remplacée ? Après tout, en octobre 2006, lorsque le Syndicat Indépendant s’est créé et qu’à Varsovie se tenait la Conférence pour la protection des travailleurs vietnamiens, madame Thi Hau n’a pas pu cacher ses craintes devant le parlement : « si on ne donne pas aux fédérations locales le droit d’organiser les grèves, alors ce sont les travailleurs qui les organiseront eux-mêmes et dès lors, nous perdrons le contrôle. »

Le pire cauchemar des dirigeants du PCV est bien de « perdre le contrôle ». Ils se sont hérissés en entendant ces mots. Dès lors, les jours de madame Thi Hau à la tête de la CGTV étaient comptés. Mais ce remplacement ne permettra pas au syndicat à la botte du régime de redorer son blason aux yeux des travailleurs. « La perte de contrôle » est déjà en marche, comme l’avait annoncé madame Thi Hau. Les grèves se sont poursuivies durant toute l’année 2006, avec une perte de confiance grandissante des travailleurs envers la CGTV pour défendre leurs droits. La dernière grève en date touchant 3500 ouvriers de l’usine de chaussures Dong Anh, à Hà Nôi a obligé les autorités à mobiliser de nombreux policiers pour restaurer l’ordre. Les représentants des grévistes précisent qu’ils ont écrit plusieurs lettres à la CGTV pour demander la défense de leurs droits. N’ayant jamais reçu de réponse, les ouvriers se sont mis en grève spontanément.

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Le député australien Luke Donnellan rend visite aux grévistes vietnamiens en mars 2006. Photo : www.avhrc.org

Se mettre en grève spontanément pour défendre ses droits commence à devenir une réaction naturelle chez les ouvriers et salariés vietnamiens. Car là où il y a exploitation, il y aura une lutte ouvrière. Quelle ironie ! C’est justement un slogan souvent utilisé chez les communistes du monde entier .Aujourd’hui, ce slogan devient un réflexe naturel, une réalité sociale qui se révèle au grand jour et se transforme peu à peu en un couteau qui vise un point névralgique du Parti Communiste Vietnamien. Ce couteau, comme d’autres, vont acculer la dictature à la « perte de contrôle totale ». Alors, remplacer un tel par tel autre ne suffira plus à sauver le Parti Communiste du destin réservé aux dictatures : la fin.

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