Témoignage de Do Hoang Diem devant le Caucus du Congrès sur le Vietnam

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Témoignage devant le Caucus du Congrès sur le Vietnam

Audition sur les droits de l’homme au Vietnam et suggestions pour le dialogue États-Unis/Vietnam sur les droits de l’homme

Madame la députée Lofgren, mesdames et messieurs les députés,

Je vous remercie d’avoir organisé cette audition tout à fait opportune. Les récents développements au Vietnam et le prochain dialogue sur les droits de l’homme à Hanoi offre aux États-Unis une occasion de faire pression sur le gouvernement du Vietnam pour obtenir des améliorations concrètes.

Au Vietnam, dans un procès à huis clos pas plus tard qu’hier, le 13 mai, les autorités communistes ont condamné trois membres et sympathisants du Viet Tan sur des accusations de « terrorisme ». Les trois militants – le Dr Nguyen Quoc Quan, un citoyen américain ; MM. Somsak Khunmi et Nguyen The Vu – ont été arrêtés en novembre 2007 alors qu’ils se préparaient à distribuer des brochures pour la promotion de la démocratie par des moyens non violents. Arguant de vagues lois sur la sécurité nationale, les autorités vietnamiennes considèrent l’expression politique comme un crime.

Le procès d’hier a été juste un prétexte pour rendre un verdict pré-déterminé. En fait, le ministère vietnamien de la sécurité publique avait déjà déclaré coupables ces membres et sympathisants du Viet Tan dans les médias d’État quelques jours après leur arrestation, lorsqu’une avalanche d’articles avaient repris les accusations du gouvernement, souvent en y ajoutant quelques inventions. À l’aéroport Tan Son Nhat de Saigon, la police est allée jusqu’à placer une arme et quelques balles dans les bagages d’un innocent couple américano-vietnamien en provenance de LAX [l’aéroport de Los Angeles – NDT]. Les autorités ont concocté une histoire présentant ce couple comme étant lié aux militants du Viet Tan cités plus haut, afin de pouvoir les présenter comme des terroristes. Comme le montage avec ce pauvre couple innocent n’était pas crédible à l’extérieur du Vietnam, le gouvernement vietnamien les a rapidement libérés et aucune charge n’a jamais été retenue contre eux.

Il n’y a pas que le message de la lutte non-violente du Viet Tan que le régime considère comme une menace. Le 29 avril, la torche olympique est arrivée à Saigon. Dans les semaines qui avaient précédé, les autorités vietnamiennes avaient lancé une campagne de répression contre les bloggeurs qui appelle à protester contre la Chine pour l’annexion des îles Paracel et Spratly, îles qui appartiennent historiquement au Vietnam. Contrairement aux autres pays qui ne cherchaient qu’à assurer un relais dans le calme, tout en respectant le droit de manifester pacifiquement, le gouvernement vietnamien a mobilisé son appareil de sécurité pour étouffer les manifestations, afin de ne pas froisser Pékin. Pourtant, une manifestation s’est tenue à Hanoi, où des militants pour la démocratie, des étudiants et les familles des pêcheurs tués par la marine chinoise ont déployé des banderoles protestant contre les Jeux Olympiques de Pékin. Bien que les manifestants aient été rapidement arrêtés et, plusieurs d’entre eux, frappés par la police, il est évident qu’un nombre croissant de Vietnamiens sont prêts à s’engager dans des actes de désobéissance civique.

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De gauche à droite :
. Dr Nguyen Binh (Mouvement non violent pour la Démocratie au Vietnam)
. M. Do Hoang Diem (Viet Tan)
. Mme Tran Tammy (Alliance Vietnamienne contre le Traffic des Femmes et des Enfants)

Depuis 1986, confronté à la faillite économique du pays mais voulant assurer la survie du régime, le Parti Communiste Vietnamien a ouvert les échanges commerciaux avec le monde extérieur et lancé des réformes économiques. Mais il interdit de parler de toute réforme politique et maintint le régime du parti unique. Néanmoins, les forces démocratiques ont résisté à la persécution et continué de se développer, créant de nombreux groupes politiques qui s’opposent ouvertement à la dictature actuelle. En outre, en raison de la corruption et de l’injustice, et comme nous l’avons signalé précédemment, la population se joint aux actions de désobéissance civique, malgré la répression.

Le gouvernement s’appuie sur des lois et des décrets pour restreindre les droits civiques et violer les droits de l’homme, par exemple en arrêtant arbitrairement des personnes qui osent mettre en doute son autorité. L’article 88 du code pénal vietnamien, traitant de la prétendue « propagande contre l’État », sert fréquemment d’argument fourre-tout pour enfermer les citoyens qui s’expriment contre le régime du parti unique. Même la Constitution est détournée pour assurer au Parti communiste le monopole du pouvoir. L’article 4 de la Constitution garantit au parti communiste d’être la « principale » et, dans la pratique, la seule organisation politique légale.

Ainsi, la réforme judiciaire au Vietnam est un domaine qui exige, lui aussi, une attention particulière pour assurer le respect des droits de l’homme et des libertés politiques. Plus important encore, l’amélioration du système judiciaire à elle seule ne résoudra pas tout, à moins que l’état de droit soit respecté au Vietnam. Cela signifie que le système judiciaire, la police et l’appareil législatif doivent être tous libérés du contrôle du Parti communiste.

Recommandations pour le dialogue sur les droits de l’homme

Dans ce contexte, le dialogue USA-Vietnam sur les droits de l’homme à la fin de ce mois peut être une occasion pour insister sur une plus grande liberté politique au Vietnam. Voici cinq suggestions que le Congrès et le gouvernement américain devraient demander instamment au gouvernement de Hanoi :

1) Cesser d’invoquer systématiquement la sécurité nationale

Il y a des lois qui ont pour effet de criminaliser la dissidence politique. Non seulement ces dispositions sont anachroniques et incompatibles avec un Vietnam qui souhaite intégrer le monde civilisé, mais elles constituent franchement un obstacle au débat, tellement nécessaire, sur l’avenir du pays.

2) Autoriser les médias indépendants

Parce que le Vietnam affronte de nombreux grands défis, comme la construction d’une économie fondée sur la connaissance et débarrassée de la corruption, qui requièrent la transparence et la libre circulation de l’information, l’existence de médias indépendants est essentielle. Il y a deux choses que le régime devrait être encouragé à faire immédiatement : arrêter le brouillage des émissions de Radio Free Asia et respecter la liberté d’Internet.

3) Respecter la liberté d’association et les réunions publiques

Ces droits fondamentaux sont essentiels pour le développement de la société civile. Contrairement à ce que le gouvernement vietnamien prétend, la liberté de réunion et d’association ne conduit pas à l’instabilité sociale. Au contraire, c’est la répression de ces droits qui favorise l’agitation sociale.

4) Libérer les prisonniers politiques

Il existe des dizaines de citoyens vietnamiens bien-connus – et d’innombrables inconnus – qui sont emprisonnés pour leurs opinions politiques. Ce sont des personnes comme les avocats défenseurs des droits de l’homme Nguyen Van Dai, l’avocate Le Thi Cong Nhan, le père Nguyen Van Ly, l’ingénieur Phong Nguyen, le docteur Le Nguyen Sang, le cyber-dissident Truong Quoc Huy, le syndicaliste Nguyen Tan Hoang, et en particulier le journaliste Truong Minh Duc qui souffre d’atroces douleurs au bras à cause d’une blessure mal soignée. Ces dissidents ont tellement à apporter au Vietnam mais, au lieu de cela, ils languissent en prison.

5) Mettre fin aux détentions secrètes et aux harcèlements des proches

Le gouvernement vietnamien se rend compte qu’il a un problème avec les droits de l’homme et il est sensible à la pression internationale. Au lieu d’emprisonner purement et simplement un défenseur de la démocratie, les autorités exercent souvent le harcèlement psychologique et des rétorsions économiques à l’encontre des proches d’un militant pour le faire taire. Une autre pratique inquiétante consiste à placer en détention des militants, puis de les obliger, eux et leurs familles, à signer des engagements à ne pas révéler à quiconque l’interrogatoire ou la détention.

Feuille de route pour le Vietnam

À l’évidence, un Vietnam démocratique et respectant les droits de l’homme serait dans l’intérêt supérieur des Vietnamiens et des Américains. Le prochain dialogue sur les droits de l’homme et des auditions comme celle-ci sont nécessaires pour maintenir la question des droits de l’homme au premier plan.

En fin de compte, les parties concernées doivent examiner quelle serait la meilleure voie pour les relations USA-Vietnam. Je voudrais terminer mon témoignage en présentant quelques principes pour établir une telle feuille de route.

. L’utilisation de carottes : Il est clair que Hanoi a plus besoin de Washington que l’inverse. Les États-Unis devraient offrir et être prêts à retirer diverses carottes comme les aides économiques non humanitaires afin d’inciter le gouvernement vietnamien à faire des progrès concrets sur le plan de la liberté politique.

. Avoir des repères : Les indicateurs de ces progrès doivent être spécifiques et explicites.

. La cohérence : la politique américaine devra être cohérente par rapport à la défense des droits de l’homme. Sur la question de la liberté religieuse, le Département d’État devrait être prêt à remettre le Vietnam sur la liste CPC comme l’a recommandée la Commission Américaine sur la Liberté Religieuse dans le Monde.

. L’implication : Pour promouvoir la démocratie au Vietnam, le choix pour la politique américaine devrait être de s’engager aux côtés des organisations de la société civile, des éléments réformistes et des forces démocratiques.

Pour promouvoir les droits de l’homme au Vietnam, il y a encore de nombreuses tâches urgentes qui doivent être accomplies. Votre soutien constant a été d’un grand secours. Merci pour la tenue de cette audition et pour votre rôle moteur sur cette question importante.

Do Hoang Diem
Président du Viet Tan

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