Témoignage sur la situation des Droits de l’Homme au Viêt Nam

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Ce témoignage écrit de Nguyen Vu Binh date du 19 juillet 2002. C’est en grande partie à cause de ce texte que deux mois plus tard, il a mis en prison d’où il ne ressortira que le 9 juin 2007.


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Le journaliste Nguyen Vu Binh.

Hà Nôi, 19 juillet 2002

Adressé respectueusement à : La Commission (Caucus) des Droits de l’Homme du Congrès

J’apprécie beaucoup l’invitation de témoigner devant le Congrès des USA. Je remercie vivement le député Loretta Sanchez et la Commission des Droits de l’Homme du Congrès pour cette occasion précieuse de présenter mes vues sur la situation des droits de l’homme au Vietnam.

Au sujet des violations des droits de l’homme, nous, les militants pour la démocratie et les familles de ceux qui ont été arrêtés arbitrairement et de manière insensée, avons signé le rapport commun du 6 juillet 2002 pour alerter [l’opinion publique] sur les nombreux cas de violations de droits de l’homme, illustrés par les incidents suivants :

1. Le 25 avril 2001, deux jours après l’accession de M. Nong Duc Manh au poste de Premier Secrétaire [du Parti Communiste Vietnamien – PCV], la sûreté publique de Hai Phong a arrêté M. Vu Cao Quan et l’a interrogé durant 9 jours sur ses écrits, entre autres.

2. Le 12 juillet 2001, la sûreté publique de Sài Gòn a arrêté et volé des manuscrits du Général à la retraite Tran Do, contenant ses opinions sur le 9ème Congrès [du PCV].

3. Le 5 septembre 2001, pour avoir déposé une demande de création de « l’association du peuple pour soutenir la lutte de l’État contre la corruption, » MM. Pham Que Duong, Tran Khue, Hoang Minh Chinh et près de vingt autres personnes ont été arrêtées ou harcelées.

4. Tout au long de septembre et octobre 2001, l’État a rétabli des séances de dénonciations publiques contre MM. Hoang Minh Chinh, Pham Que Duong, Nguyen Thanh Giang, et Le Chi Quang, dénonciations de voisinage.

5. Vers la fin de 2001, la sécurité publique a appréhendé l’écrivain Bui Minh Quoc après qu’il eut entrepris un voyage à la recherche de renseignements le long de la frontière sino-vietnamienne. Il purge actuellement une peine de deux ans d’assignation à résidence. Sont aussi assignés à résidence le sociologue Tran Khue et le biologiste Ha Si Phu.

6. En janvier 2002, le Vice-ministre de la culture et de l’information Phan Khac Hai a publié une directive ordonnant une campagne de recherche et destruction des livres écrits par les militants pour la démocratie. Cette directive est une violation flagrante de la liberté de pensée et de la liberté d’expression.

7. Durant ces derniers mois, les autorités ont arrêté nombre de jeunes [militants pour la démocratie] comme Nguyen Khac Toan, Le Chi Quang et Pham Hong, sans raisons valables.

8. Les autorités ont coupé les lignes téléphoniques des familles de Hoang Minh Chinh, Pham Que Duong, Hoang Tien, Tran Khue, Tran Dung Tien, Ha Si Phu, Nguyen Dan Que, Bui Minh Quoc, Nguyen Thanh Giang, Nguyen vu Binh, entre autres.

9. Les autorités ont harcelé et emprisonné beaucoup de laïcs et de fidèles de diverses religions.

À partir de ces faits, mais aussi de beaucoup d’autres, j’ai tiré quelques conclusions sur la situation des droits de l’homme au Viêt Nam :

- Les autorités vietnamiennes violent fréquemment, continuellement et systématiquement les droits de l’homme. Grâce à l’ouverture [au monde extérieur] et à une meilleure information, la conscience collective des vietnamiens s’est élevée considérablement. Cela mène automatiquement à des voix plus nombreuses et plus fortes qui exigent fortement la liberté, la démocratie, les libertés religieuses, et ainsi de suite. Parallèlement à cette évolution, le gouvernement emploie toutes sortes de tactiques sophistiquées et déloyales. Une telle oppression viole les droits fondamentaux des personnes qui sont définis dans la constitution et dans divers engagements sur les droits de l’homme signés par le gouvernement vietnamien. Ces dernières années, les violations des droits de l’homme augmentent en gravité et en audace au fur et à mesure de l’augmentation du nombre des militants pour la démocratie et de leur capacité à s’allier. Cette tendance va se poursuivre dans l’avenir.

- Le niveau des violations de droits de l’homme par les autorités vietnamiennes fluctue avec le temps, avec quelque amélioration par moments et de brusques montées à d’autres moments. Les condamnations et les interventions des gouvernements démocratiques et des organisations de défense des droits de l’homme ont apporté quelques résultats limités mais, la plupart du temps, elles ont été inefficaces. La situation actuelle résulte de deux causes : la force démocratique dans le pays n’est pas assez forte pour se protéger elle-même et la pression internationale sur le gouvernement vietnamien demeure dispersée et irrégulière.

Après avoir étudié, observé, et recherché le problème des violations de droits de l’homme ainsi que le mouvement démocratique, je voudrais proposer quelques mesures qui pourraient réduire, empêcher, ou arrêter graduellement les violations de droits de l’homme.

En premier lieu, les individus et les groupes dont les droit fondamentaux sont fréquemment violés doivent pouvoir se protéger. Le but final du gouvernement vietnamien est d’isoler, séparer, et diviser les militants de la démocratie pour empêcher leur coopération à tout prix. Ils poursuivent ce but en employant des tactiques soigneusement conçues et appliquées à chaque cible. Pour faire face à cette situation, les gens dont les idéaux sont de se battre pour la démocratie n’ont d’autre choix que de s’allier et de s’épauler mutuellement. Cette coalition doit tenir compte de la situation du pays, du monde ainsi que du mouvement démocratique lui-même. À mon avis, une telle alliance devrait être publique et basée sur les buts communs soutenus par la plupart des personnes [au Vietnam].

La coalition de personnes courageuses militant pour des droits de l’homme, dans un pays où ces droits existent seulement sur le papier, non seulement permet de générer une force d’auto-défense face aux autorités mais fournit également une entité que les gouvernements démocratiques et les organismes de droits de l’homme peuvent aider à protéger beaucoup plus efficacement. En outre, une telle coalition, avec ses promesses crédibles, pourrait très bien favoriser les pressions et les interventions [de la communauté internationale].

Quant aux gouvernements démocratiques et aux organisations de défense des droits de l’homme, il est impératif pour eux de trouver le talon d’Achille des communistes vietnamiens et la manière la plus efficace pour faire pression dans la défense des droits de l’homme. Ce n’est pas vraiment facile parce qu’il y a trop de contradictions au Vietnam, assez pour embrouiller toute une armada d’analystes. Cependant, on peut dégager la logique suivante : le régime a besoin de dollars, beaucoup de dollars car le pays traverse un processus d’industrialisation et de modernisation, et aussi pour payer le nombre gigantesque de cadres du parti, du gouvernement, des administrations centrales et locales. Il est très important pour le régime de maintenir sous perfusion ce système (et non pas sur les projets pour lesquels ils ont emprunté l’argent) pour rester en vie.

Cependant, étant donné son entêtement et sa volonté de survivre à n’importe quel prix, ce gouvernement communiste ne fera des concessions que sous une pression internationale constante et déterminée. J’ai appris que la Chambre des Représentants des USA a adopté la Résolution sur les Droits de l’Homme au Viêt Nam par 410 voix contre une. Les militants pour la démocratie au Viêt Nam sont fortement encouragés par cette action et voudraient exprimer leur gratitude envers les députés qui ont soutenu cette résolution. Le parti communiste vietnamien a protesté avec véhémence et fait pression pour écarter ce texte. Je pense que c’est le bon moment pour les USA d’exprimer leur détermination à soutenir les vietnamiens en adoptant officiellement ce texte au Sénat. Je crois que cette résolution aidera à améliorer la situation des droits de l’homme au Viêt Nam.

Honorables membres de la Commission,

La situation actuelle du Viêt Nam est relativement favorable à la réalisation d’une percée dans la défense des droits de l’homme et dans la lutte pour la démocratie. La crédibilité du parti communiste vietnamien est tombée à un niveau pathétique suite aux retombées judiciaires du scandale de corruption impliquant Truong Van Cam et ses complices (l’affaire Nam Cam) ; la réduction des taxes sur les marchandises importées de l’AFTA (American Free Trade Association) commencera bientôt.

En conclusion, je crois toujours que lorsque nous pourrons arrêter et empêcher avec succès les violations de droits de l’homme à travers le pays, nous aurons également réussi à démocratiser cette nation. Toutes les mesures pour faire avancer le respect des droits de l’homme devraient donc également viser les buts ultimes si longtemps espérés par les vietnamiens : les libertés individuelles et une société démocratique.

Je vous remercie beaucoup !

Nguyen Vu Binh
Hà Nôi

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