Thanh est-il l’homme de la situation ?

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Un parti entaché par des scandales s’en prend à la dissidence et tente de lutter contre la corruption

26 janvier 2013 – HANOI

Ce mois ci, les tribunaux vietnamiens ont condamné 14 jeunes militants pour la démocratie ainsi que des blogueurs à de longues peines de prison, pour tentative de renversement de l’état sans aucune preuve convaincante. Même selon les normes des dirigeants du Parti Communiste Vietnamien (PCV), ceci démontre encore une répression impitoyable et disproportionnée. Il semble que leur crime serait d’avoir assistés à une session de formation à Bangkok menée par un parti politique interdit.

Le PCV pourrait avoir organisé ce procès à grand spectacle pour démontrer sa puissance politique, et intimider toute opposition, mais la plupart des Vietnamiens voient le coté cynique de cet événement, une sorte d’acte de désespoir d’un parti de plus en plus paranoïaque. Malgré le progrès économique dû à un quart de siècle de réformes et de relative ouverture, le PCV risque de perdre l’autorité morale dont il a besoin pour gouverner.

La presse étant totalement sous le contrôle du gouvernement, les mesures de répression contre les dissidents sont en grande partie dirigées contre le net. A un moment donné, il existait au moins 2 millions de blogs au Vietnam – la plupart traitant de sujets “de la vie” inoffensifs, mais un nombre important de ces blogs abordaient les questions sociales, économiques et politiques sensibles d’une façon que le parti n’a pas apprécié. Les mesures de répression ont farouchement augmenté au cours des deux dernières années, apparemment proportionnellement à la croissance des problèmes du pays. En termes de liberté du net, le Vietnam se classe maintenant presqu’au bas des classements mondiaux, juste avant la Chine et l’Iran. Dans une région en pleine mutation, notamment au Myanmar, le Vietnam ressemble plus que jamais à un dinosaure politique – allant également dans la mauvaise direction.

La raison principale de l’attitude défensive du PCV est la mauvaise gestion de son économie. Il y a cinq ans seulement, le pays était salué comme le nouveau tigre asiatique, enregistrant des taux de croissance record. Pourtant maintenant les vieux problèmes structurels d’un système économique socialiste en grande partie non reformé ont pris le dessus – donnant rapidement et successivement naissance à une inflation naissante, à une chute du cours de la monnaie, à des banques profondément endettées et à la dégringolade de la croissance économique, jusqu’à environ un modeste 5 % l’année dernière. Tout le monde, même les leaders communistes, reconnaît que les principaux coupables sont les entreprises d’Etat à travers lesquelles le Parti tente de gérer l’économie dans le mode socialiste traditionnel. Celles-ci représentent environ 40 % de la production nationale et sont pourtant mal gérées, inutiles et non compétitives. En 2011, une des plus grandes entreprises d’Etat, le constructeur naval Vinashin, s’est quasi effondrée.

Plus préjudiciable cependant, les opérations des entreprises d’Etat semblent être salies par la corruption. C’est ce qui a affaibli l’autorité du Parti fondé par l’ascétique Ho Chi Minh. Les cadres supérieurs sont tous nommés par le gouvernement. Les entreprises d’Etat semblent souvent être dirigées principalement par les membres du Parti, dont beaucoup sont aujourd’hui très riches. L’année dernière a été terrible pour la réputation des entreprises d’Etat ainsi que pour le PCV, avec plusieurs cas où des cadres se sont enfuis à l’étranger ou ont été envoyés en prison. La corruption a longtemps été systémique. Un rapport de la Chambre de commerce et d’industrie du Vietnam paru l’année dernière indiquait que 50 % des hommes d’affaires avaient reconnu avoir soudoyé des fonctionnaires afin d’obtenir des contrats. La proportion réelle est probablement plus élevée.

Tout comme il y a eu beaucoup de discussions sur la façon de réformer les entreprises d’Etat, il y a eu beaucoup de discussions sur la façon d’aborder la corruption – mais peu d’action. Enfin, cependant, le Parti a réagi, mais de façon typique. Plutôt que de pousser à la démission ou de licencier les coupables, ce qui endommagerait l’image d’infaillibilité du Parti, celui-ci a envoyé un des leurs pour faire le ménage.

L’homme appelé à la rescousse est Nguyen Ba Thanh, 59 ans, cadre dirigeant du Parti à Da Nang, troisième ville du pays. Il vient d’être nommé à la tête d’une puissante cellule du Parti, la Commission d’Affaires Interne Centrale, avec pour mission de réduire la corruption. M. Thanh arrivera à Hanoï avec une réputation de charisme, de droiture, et de franc-parler. Il porte les espoirs des réformateurs qui espèrent qu’il pourra reproduire ces valeurs au niveau national.

Il aura du pain sur la planche. Il marche tout droit dans une lutte de pouvoir acharnée entre, d’une part, le Premier Ministre, Nguyen Tan Dung et, d’autre part, le président, Truong Tan Sang, avec le secrétaire général du PCV, Nguyen Phu Trong. La réputation de M. Dung a été ternie par le fiasco Vinashin et d’autres scandales. On dit qu’il était proche de plusieurs cadres de Vinashin et aussi d’un banquier, Nguyen Duc Kien, qui a été arrêté en août dernier pour “violations économiques”. M. Dung a gardé ses fonctions de justesse. L’arrivée de M. Thanh semble destinée à lui couper les ailes. Néanmoins M. Dung contre-attaque. Une agence gouvernementale a publié un rapport inhabituel ce mois ci attaquant la mauvaise gestion et la corruption régnant à Danang qui est sous la responsabilité de M. Thanh.

Que de telles disputes au sommet deviennent publiques démontre les tensions du système politique au Vietnam. En attendant, la colère et la frustration du public gonflent contre le Parti, quoique pas encore à un niveau de révolution. Néanmoins, les confrontations avec les autorités, par exemple concernant les expropriations de terres par le gouvernement, peuvent maintenant devenir violentes. Selon toute vraisemblance, M. Thanh ne pourra qu’essayer de remanier le système actuel. Les changements plus importants devront attendre, ou viendront contre la volonté du Parti.

Source : The Economist

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