Trois vietnamiens parmi les 100 héros de l’information de RSF

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29 avril 2014

À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse 2014, Reporters sans frontières (RSF) publie pour la première fois une liste de “100 héros de l’information”. Dotés d’un courage exemplaire, ces “100 héros” contribuent, par leur travail ou leur combat, à promouvoir la liberté prévue par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, celle de “chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit”. Les “100 héros” mettent leur idéal “au service du bien commun”. À ce titre, ils ont valeur d’exemple. “La Journée mondiale de la liberté de la presse, dont Reporters sans frontières fut à l’origine, doit être l’occasion de saluer le courage de ces journalistes et blogueurs qui sacrifient chaque jour leur sécurité et parfois leur vie à leur vocation, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Les “héros de l’information” sont une source d’inspiration pour toutes les femmes et tous les hommes qui aspirent à la liberté. Sans leur détermination et celle de tous leurs semblables, il ne serait pas possible d’étendre le domaine de la liberté tout court”.

La liste de Reporters sans frontières, naturellement non exhaustive, est une reconnaissance et un hommage non seulement pour les 100 personnalités citées, célèbres ou méconnues, mais pour tous les journalistes, professionnels ou non, qui participent chaque jour à éclairer le monde et à rendre compte du réel sous toutes ses formes. Cette initiative a pour objet de démontrer que le combat pour la défense et la promotion de la liberté de l’information passe par un soutien intense aux victimes d’exactions mais aussi par l’érection de figures qui peuvent servir de références. La liste des “100 héros de l’information” comprend des femmes et des hommes de tous âges (de 25 à 75 ans) et de toutes nationalités (65 nationalités représentées). Le cadet, Oudom Tat, est cambodgien, et l’aîné, Muhammed Ziauddin, pakistanais. Vingt-cinq des héros sont issus de la zone Asie-Pacifique, vingt du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, contre 8 du continent européen. L’Iran, la Russie, la Chine, l’Érythrée, l’Azerbaïdjan, le Mexique et le Vietnam, sont représentés par au moins trois héros chacun. Figurent dans la liste des 100 des personnalités aussi différentes qu’Anabel Hernandez, auteur d’un best-seller sur la collusion de personnalités politiques mexicaines avec le crime organisé, Ismail Saymaz, journaliste turc poursuivi en justice une vingtaine de fois pour ses reportages, Hassan Ruvakuki, emprisonné pendant 15 mois au Burundi pour avoir tendu son micro à des mouvements rebelles, et Gerard Ryle, directeur de l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ), qui a contribué à l’émergence d’enquêtes journalistiques globales. Certains travaillent dans des démocraties. C’est le cas de Glenn Greenwald et Laura Poitras, ressortissants américains à l’origine de la révélation des pratiques de surveillance massive des services de renseignement de sécurité américains et britanniques. D’autres exercent dans les régimes les plus autoritaires qui soient, comme la journaliste iranienne Jila Bani Yaghoob. Tous ne sont pas journalistes professionnels. Ainsi, le citoyen journaliste vietnamien Le Ngoc Thanh est aussi prêtre catholique. Nombre d’entre eux, à l’instar du journaliste italien spécialisé dans le crime organisé Lirio Abbate, ont fait de la corruption et de la criminalité dans leur pays leur cheval de bataille. C’est le cas de Peter John Jaban, animateur radio en Malaisie longtemps exilé à Londres, de Serhiy Lechtchenko, journaliste d’investigation ukrainien, et du Bulgare Assen Yordanov, qui fait régulièrement l’objet de menaces de mort. Parmi ces portraits, Reporters sans frontières a également tenu à faire figurer des militants tels que María Pía Matta, engagée auprès de l’AMARC pendant près de 10 ans pour la liberté des radios communautaires d’Amériques du Sud.

Le courage est le dénominateur commun à toutes ces personnalités. En Ouzbékistan, les autorités n’ont pas hésité à torturer Muhammad Bekjanov pour lui extorquer des aveux. Il est détenu depuis 15 ans, privé de soins malgré sa tuberculose. En Érythrée, dernier pays au classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières pour la septième fois en 2014, Dawit Isaac croupit dans les geôles du dictateur Afeworki depuis 13 ans. Mazen Darwish, fondateur du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression et lauréat du prix RSF 2012, est incarcéré depuis plus de deux ans par le régime de Bachar Al-Assad.

Source : Reporters sans frontières


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Le Ngoc Thanh

Le Ngoc Thanh

Anton Le Ngoc Thanh est à la fois journaliste et prêtre catholique. Son travail pour le Vietnam Redemporist News, un média catholique pour lequel il travaille depuis les années 1990, lui a déjà valu de nombreux problèmes avec les autorités vietnamiennes. En 2012, il est interpellé alors qu’il se rend à Bac Lieu, dans le sud du pays, où une femme s’est immolée par le feu pour protester contre le procès de sa fille blogueuse, la célèbre Ta Phong Tan. Il est alors détenu plusieurs heures pour avoir « causé un accident de la route » en se déplaçant à pieds. En 2013, il est à nouveau arrêté au cours d’une manifestation de soutien à Dinh Nhat Uy, jugé pour avoir organisé une campagne de libération de son jeune frère. Le Ngoc Thanh fait l’objet d’une surveillance policière constante et se voit régulièrement empêché de couvrir et de faire connaître les infractions aux droits humains dont il est témoin.


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Truong Duy Nhat

Truong Duy Nhat

Après avoir commencé sa carrière de journaliste dans des publications régionales de la police puis au quotidien Đại Đoàn Kết (« Grande solidarité »), Truong Duy Nhat est devenu un blogueur aguerri. En 2010 il démissionne et lance son propre blog « Un autre point de vue » (truongduynhat.vn), puis un an plus tard truongduynhat.org. Il a publié en trois ans plus de 1 000 articles en ligne, la plupart de son cru. Après quatre injonctions de fermer ses blogs, la sentence est tombée en mai 2013 : arrestation et condamnation à deux ans de prison pour 12 articles sulfureux. En octobre 2012, il avait écrit : « Je ne suis ni un criminel ni un réactionnaire. Les menottes et les pistolets ne devraient pas être utilisés contre les blogueurs qui sacrifient leurs intérêts personnels en écrivant sans détours pour aider à des changements dans le parti et dans le peuple. »


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Pham Chi Dung

Pham Chi Dung

Comme certains ayant vu de près les malversations perpétrées par la Nomenklatura, Pham Chi Dung a rendu sa carte du Parti pour se consacrer à l’écriture et développer une pensée critique du pouvoir. Longtemps officier, Pham Chi Dung a travaillé à Ho Chi Minh Ville comme assistant de Truong Tan Sang, devenu président de la République en 2011. Il y effectue des recherches sur la sécurité publique et l’idéologie culturelle, économique et religieuse dominante. Ses articles dénonçant la corruption et les défaillances du pouvoir lui valent une arrestation en juillet 2012, pour « conspiration visant à renverser le gouvernement » et « propagande contre l’Etat ». Il sort de prison 7 mois plus tard, l’enquête ayant été suspendue. Mais son doctorat d’économie, ses 11 livres et ses innombrables interventions à la BBC, à RFI et à Radio Free Asia ne le protègent toujours pas : en février 2014, son passeport lui a été confisqué au moment où il embarquait pour Genève, invité à une conférence sur les droits et les libertés au Vietnam.

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