Un militant vietnamien pour la démocratie entame une grève de la faim en prison

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20 novembre 2012

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Nguyen Quoc Quan dans une manifestation à Washington en 2010.

Aujourd’hui, mon mari fêtera ses 59 ans loin de ses deux enfants. Nous ne fêterons pas son anniversaire comme nous en avons l’habitude : avec un gâteau tout simple, un dîner tranquille au restaurant, et la lecture de ses nombreuses lettres d’amour. Au lieu de cela, il se trouve dans une cellule au Vietnam, accusé « d’avoir essayé de renverser le gouvernement ».

Il n’a droit à aucune visite, pas même à celle de son avocat, si ce n’est les visites mensuelles du Consulat des Etats-Unis qui sont contrôlées et surveillées. Parce que c’est un intellectuel, on lui refuse tout stylo ou feuille de papier. Il peut seulement et de temps à temps lire quelques livres « autorisés ». N’ayant que très peu de recours juridique – la seule déclaration jusqu’ici étant une reconnaissance de ses ‘crimes’ publiée par les autorités vietnamiennes, il a entamé aujourd’hui une grève de la faim pour qu’on lui reconnaisse le droit d’avoir un avocat. Il avait déjà refusé de s’alimenter à plusieurs reprises pour protester contre la violation de ses droits en prison.

Mon mari est le Dr. Nguyen Quoc Quan. Il est mathématicien, ancien professeur de lycée et militant de longue date. Son rêve de construire des écoles pour les enfants défavorisés et de venir en aide à la jeunesse lui est venu bien après qu’il se soit installé aux États-Unis il y a 30 ans. Il est membre du parti pour la démocratie Viet Tan, un mouvement politique interdit par l’état à parti unique vietnamien. Il a été arrêté le 17 avril 2012 à l’aéroport de Saigon.

Pour son anniversaire, cela fera sept mois que mon mari croupit en prison pour avoir fait la promotion de la démocratie et des droits de l’homme. Les quatre premiers mois, aucun avocat ne pouvait lui rendre visite parce qu’il faisait l’objet d’une « enquête pour terrorisme ». J’avais espéré que la visite de la Secrétaire d’État Hillary Clinton à Hanoï en juillet apporterait un mieux, une position plus ferme en ce qui concerne les voix de conscience qui sont emprisonnées au Vietnam. Mais il n’a pas été libéré et encore plus de militants pour les droits de l’homme ont rempli les prisons vietnamiennes.

Il a d’abord été qualifié de ‘terroriste’ par les médias d’Etat alors que ses armes de prédilection sont les principes de Martin Luther King Jr. Il a d’ailleurs consacré ces dernières années à la formation des activistes dans les méthodes de résistance passive. Les autorités ont peut-être réalisé que leurs allégations étaient sans fondement puisque en août l’accusation a été changée en ‘subversion’, qui est également passible de la peine de mort. Aucun mandat ou acte officiel n’a été produit ; et toutes les demandes pour faire valoir ses droits ont été rejetées. Aussi douloureux que cette épreuve peut l’être pour notre famille, je suis encore plus triste de savoir que mon mari n’est juste que l’un des nombreux défenseurs des droits de l’homme qui croupissent actuellement dans les prisons vietnamiennes. Les journalistes citoyens, les blogueurs et les dissidents sont maintenus en garde à vue prolongée, sans aucune visite de leurs familles ou de leurs avocats. Certains, comme l’auteur-compositeur Viet Khang, qui a été enlevé discrètement avant Noël 2011, sont condamnés à de longues peines de prison pour raison de ‘sécurité nationale’.

L’unique définition du gouvernement vietnamien pour ‘terrorisme’ et son application étrange des lois de sécurité nationale sont les dernières armes de son arsenal pour supprimer les pères, les mères, les guides spirituels et les jeunes activistes qui osent de nos jours lever la voix et prendre le chemin de la dissidence.

Ce n’est pas la première fois que mon mari fête son anniversaire dans une prison vietnamienne. En 2007 déjà, il avait été détenu pendant six mois pour avoir distribué des prospectus sur la lutte non violente, une période remplie d’incertitudes mais qui l’a conforté dans son combat pour la défense des droits de l’homme.

On m’a souvent demandé pourquoi il continuait à défendre les intérêts des autres, malgré la répression croissante du gouvernement vietnamien envers les défenseurs des droits de l’homme. Il m’est difficile d’imaginer qu’il puisse arrêter un jour.

Il m’a dit un jour : « Voir les paysans et les militants se faire frapper par la police de sécurité me donne envie d’être avec eux. Je sais que chacun d’eux est beaucoup plus fort que n’importe quel régime si seulement ils avaient confiance en eux et savaient comment défendre leurs droits de manière pacifique et collective. »

Je suis déchirée de savoir qu’il va encore rater un anniversaire avec nos deux fils, mais je suis encore plus déterminée à me battre pour sa libération et que pour que son cas soit connu de tout le monde. Je suis très reconnaissante envers beaucoup de nos membres du Parlement – qui sont des champions quand il s’agit de défendre les droits de l’homme au Vietnam et qui ont appelé à la libération de mon mari. Mais il reste encore beaucoup à faire. Cette injustice contre mon mari ne devrait pas être tolérée.

Le dialogue Etats-Unis-Vietnam concernant les droits de l’homme se tiendra en décembre. Je prie instamment l’administration de M. Obama de ne pas seulement demander la libération de mon mari, mais de demander la libération de tous ceux qui sont injustement détenus. Le gouvernement vietnamien continue à défier les Etats-Unis de manière insolente en détenant arbitrairement non seulement les militants des droits de l’homme, mais également les citoyens américains. À ce stade, le problème est plus important que toute question économique ou politique. Il s’agit de principe.

Souce : Wagin Non Violence

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