Au début des années 80, alors que le Parti communiste vietnamien (PCV) accélérait les transformations de la société pour construire rapidement un Etat socialiste, les dirigeants fondateurs de Viet Tan déjà était conscients de l’absolue nécessité d’une révolution afin de rénover complètement le Vietnam. La révolution afin de rénover a pour but final de rendre “le peuple prospère, la Nation puissante”.
Selon les fondateurs de Viet Tan, “un peuple prospère” ne signifie pas simplement des richesses matérielles. Aussi, le futur Etat vietnamien devra tout mettre en oeuvre pour assurer un développement durable et équitable pour tous, pour que chaque Vietnamien ait accès à l’emploi, jouissent du fruit de leur travail, mais aussi pour que les Vietnamiens aient une vie spirituelle riche, se comportent en êtres responsables, développent leur esprit d’initiative, d’autonomie, de solidarité et de tolérance.
“Une Nation puissante” ne signifie pas que le Vietnam doit simplement disposer d’une puissante armée. Selon les fondateurs, un pays puissant est un pays respecté et écouté sur l’échiquier mondial. Un pays puissant est avant tout celui qui dispose d’une économie performante et innovante, capable de mobiliser l’ensemble des forces vives de la nation, est en situation de coopérer sur un pied d’égalité avec tous les autres pays, et capable de défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale.
Il est impossible de construire une société civilisée, de rendre les gens heureux sur la base d’une économie en faillite. A l’inverse, si le développement économique n’accompagne pas le développement humain, les inégaliés, injustices sociales apparaitront, les valeurs morales en pâtiront et la stabilité de la société sera menacée.
A travers la vision “Un peuple prospère, une Nation puissante”, Viet Tan place l’homme au coeur de ses préoccupations et actions. Le Vietnam est puissant parce que les Vietnamiens sont riches, et non l’inverse. Riches parce qu’ils sont libres, jouissent de tous leurs droits, notamment celui de choisir le type de société, de régime politique qu’ils entendent mettre en place. C’est ce que Viet Tan appelle la démocratie véritable.
10 ans après Viet Tan, lors de la IVème Session du Comité Central du PCV en 1993, M. Do Muoi, Premier Secrétaire à cette époque, a déclaré que le but de la politique de rénovation du PCV était de rendre “les Vietnamiens riches, le Vietnam puissant, la société civilisée”.
Par rapport à 1986, date à laquelle le PCV avait officiellement lancé sa politique de changement, la déclaration de M. Do Muoi en 1993 dénote sans conteste un changement dans la prise de conscience des problèmes du Vietnam. De la prise de conscience en 1986 de s’ouvrir vers l’extérieur pour sauver une économie en faillite et préserver le monopôle du pouvoir, le PCV en 1993 a passé à celle qui reconnait la nécessité du développement humain pour construire une société civilisée. Cette prise de conscience tardive est une auto-condamnation des erreurs que le PCV a commises dans le passé, notamment la politique de “prolétarisation” forcenée de la société vietnamienne, qui non seulement a été une grande erreur, mais a aussi laissé de graves séquelles et une société exangue.
Avec le changement de cap opéré en 1993, le PCV espère qu’en 2020, le Vietnam sera un grand pays industriellement développé en Asie du Sud-Est et aura la place qu’il mérite dans le concert des nations.
Pourtant, si on regarde la situation du Vietnam les 10 dernières années (1994-2004), force est de constater un grand écart entre les réalisations et l’objectif fixé pour 2020 par le PCV.
Si en 1984, avant le lancement de la politique de rénovation, le Vietnam était classé parmi les 10 pays les plus pauvres du monde, en 2004, la situation s’est améliorée, mais trop lentement. Selon le dernier rapport sur le Développement Humain des Nations-Unies, sur 174 nations dans le monde, le Vietnam est classé :
147/174 pour le rapport Produit Intérieur Brut / habitant 124/174 pour les équipements téléphoniques 157/174 pour le nombre d’enfants en situation de sous-alimentation 161/174 pour l’accès à un réseau d’eau potable 162/174 pour les connexions à la toile électronique mondiale …..
10 ans d’application “d’une économie de marché à orientation socaliste” a pour seuls résultats des progrès limités à une catégorie de population proche du régime, une corruption à grande échelle, des injustices sociales criantes, un grand déséquilibre entre les régions, un secteur d’entreprises d’Etat en grande difficulté mais toujours en place et protégées par le régime qui asphyxie le secteur privé en drainant vers elles la majorité des crédits.
En 1993, le PCV a reconnu la nécessité du développement humain pour la construction d’une société civilisée. A ce jour, il n’a toujours pas reconnu la necessité d’une démocratie véritable pour assurer un développement humain durable. Mais sans démocratie véritable, il est impossible de construire une société tolérante, solidaire et humaine.
