Un tigre aux abois

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15 septembre 2012

Avec peu d’espoir de réforme significative, l’économie pourrait être encore plus fragile.

HANOI – Pour les dirigeants communistes qui se targuent d’assurer la stabilité politique et économique à ses 90 millions sujets, ces dernières semaines au Vietnam ont dû paraître comme un cauchemar. Il y a eu plus de paniques bancaires, de cadres en cavale, d’arrestations et de crises du crédit que le pays n’ait jamais connu depuis des années. Donc, le 7 Septembre, c’est dans une ambiance fébrile que le vice gouverneur de la banque centrale a dû précipitamment réfuter les rumeurs selon lesquels le gouvernement venait de demander un renflouement au FMI.

La simple présence d’une équipe du FMI à Hanoi, la capitale, semble avoir déclenché le dernier vacillement. Pourtant, le malaise récent a vraiment commencé avec l’arrestation, le 20 août, de Nguyen Duc Kien, un homme flamboyant d’affaires et fondateur de l’Asia Commercial Joint-Stock Bank (ACB), l’une des plus grandes banques du pays. Même s’il a quitté le conseil d’administration de l’ACB l’année dernière, la détention de M. Kien sur de vagues accusations de « commerce illégal » a suffi pour déclencher un mouvement de panique bancaire et un plongeon de l’indice boursier du Vietnam-HCM (qu’aurait pensé le marxiste de voir ainsi son nom accolé à une place boursière). La confiance s’est encore dégradée lorsque le directeur général de l’ACB a été arrêté pour une prétendue « mauvaise gestion économique ». Cet épisode a rappelé aux investisseurs que, après des années de gestion bâclée et prêts exubérants, les banques vietnamiennes sont dans une forme désastreuse, et que la corruption et le gaspillage envahissent l’économie.

Cela n’a jamais été un secret, mais pendant les années fastes au milieu de la dernière décennie, alors que l’économie croissait de 8% par an et que les investissements étrangers affluaient, personne ne s’en souciait beaucoup. Maintenant, avec une croissance plus lente, d’énormes dettes des entreprises et la concurrence plus dure des pays tels que le Cambodge, l’Indonésie et la Birmanie, les problèmes paraissent beaucoup plus grands. Cela n’a pas aidé quand il y a deux mois, la banque centrale a admis que les mauvaises créances s’élèvent jusqu’à 10% de tous les prêts bancaires, soit le double du niveau précédemment admis. Le chiffre réel pourrait être deux ou trois fois plus.

La clique à Hanoi

Et donc la confiance dans l’économie vietnamienne, en particulier parmi les investisseurs occidentaux, dégringole. L’investissement direct étranger (IDE) au Vietnam, s’élevait à 8 milliards de dollars pour les sept premiers mois de l’année, est inférieur d’un tiers par rapport à un an plus tôt. Le Japon représente au moins la moitié de tous les investissements.

Essayant de regarder le bon côté des choses, certains hommes d’affaires locaux applaudissent que la banque centrale ait finalement admis les chiffres lamentables – dans le passé, cela ne s’était jamais vu. De même, ils disent que l’arrestation de M. Kien montre une nouvelle détermination du gouvernement à réprimer les excès.

En effet, d’autres arrestations et licenciements très médiatisés ont eu lieu cette année. Neuf dirigeants de Vinashin, un constructeur naval et l’une des plus grandes entreprises publiques, qui domine l’économie, ont été condamnés pour 20 ans de prison suite à la quasi-faillite de la compagnie avec une dette de 4,5 milliards de dollars. La tête d’une autre entreprise géante, Electricité du Vietnam, a été limogée après avoir perdu plus de 1 milliard de dollars l’année dernière. La police a arrêté ce mois-ci l’ancien chef de la compagnie maritime nationale qui a quitté la société en mars après une enquête sur la corruption au sein de son établissement. Dans ce contexte, un investisseur étranger de longue date dans le pays affirme que l’arrestation de M. Kien était « globalement positif et nécessaire », une indication qu’une campagne anti-corruption est en train de s’accélérer.

D’autres analystes de la situation sont plus sceptiques, estimant que les arrestations sont moins une poussée contre la corruption que la conséquence d’une lutte de pouvoir au sommet du Parti communiste, notamment entre le Premier ministre Nguyen Tan Dung et le président Truong Tan Sang. Les dirigeants Vinashin et Nguyen Duc Kien ont été étroitement associés avec le Premier ministre, et leur chute va affaiblir sa position.

Qui plus est, un économiste indépendant, Nguyen Quang A, fait valoir que même si ces arrestations annoncent en effet une campagne concertée visant à se débarrasser des patrons corrompus, il va juste gratter la surface des problèmes économiques profondément enracinés dans le pays. La place privilégiée des entreprises d’état – comptant pour les deux cinquièmes richesse du pays – est principalement responsable du problème, de la mauvaise répartition des ressources et des dépenses folles qui entraînent le Vietnam vers le bas. Les cadres étrangers disent que c’est un cauchemar faire des affaires là-bas. L’ensemble du système doit être changé, dit M. [Nguyen Quang] A, et pas seulement les quelques personnes jetées en prison.

Comme en Chine, les communistes s’accrochent aux entreprises publiques comme un moyen de garder un contrôle politique sur l’économie. Cela veut dire que des les gestionnaires incompétents, mais avec de bonnes relations politiques, ont été autorisés à construire des empires tentaculaires, typiquement des sociétés de taxis, des banques, des hôtels et plus encore – qui n’ont que peu de sens économiques. Cela enrichit quelques patrons, mais alourdit les entreprises publiques avec des dettes énormes, qui en fin de compte, retombent sur le gouvernement qui en est responsable.

Le Parti communiste ne montre aucun signe de lâcher les piteuses entreprises d’Etat. L’année dernière encore, il a répété sa rhétorique qu’elles doivent continuer à jouer un « rôle de premier plan » dans l’économie. Le Parti semble maintenant être plus déterminé que jamais à exercer son contrôle politique. Cette année, les autorités ont été inhabituellement agressives dans la répression contre les voix dissidentes, en particulier contre ceux qui appellent à plus de démocratie. Les blogueurs en particulier ont été ciblés, écopant de longues peines de prison pour « propagande contre l’État ». Cela ne semble guère être le comportement d’un gouvernement qui cherche à secouer le système.

Source : The Economist

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