VIETNAM : la hausse de l’inflation met à mal les pauvres et sape les succès contre la pauvreté

Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print
Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print

12 Juin 2008 13:39:49 GMT

JPEG - 34.8 ko
© Martha Ann Overland/IRIN

HANOI, 11 Juin 2008 (IRIN) – Avec son visage appuyé contre le tableau des emplois, Duong Thi Chinh scrute les centaines de noms qui sont inscrits sur les listes. Lorsqu’elle arrive à la fin de la dernière page, elle est au bord des larmes. « J’ai pris un bus pour venir depuis la province de Bac Can, à 100 kilomètres d’ici, à la recherche de mon nom, » dit-elle, « mais il n’est pas inscrit. »

Chinh a postulé pour travailler chez Canon Vietnam, l’une des dizaines de nouvelles usines à capitaux étrangers qui ont proliféré aux abords de la capitale. Avec seulement un diplôme d’études secondaires, elle a espéré pouvoir travailler sur une chaîne de montage. Bien que le salaire soit au minimul légal et suffit à peine pour sa subsistance, elle est suffisamment désespérée pour accepter n’importe quelle offre d’emploi. Mais, avec 1,2 millions d’autres jeunes vietnamiens qui arrivent sur le marché du travail chaque année, l’entrée dans la vie active, même avec un emploi faiblement rémunéré n’est pas facile.

Les bas salaires et une grande main-d’œuvre motivée ont fait du Vietnam une destination prisée par les multinationales. Cependant, la crise pour les travailleurs est que le taux d’inflation est maintenant de 25,2%. L’essence est en hausse de 30%. L’alimentation, la principale dépense pour les familles pauvres, coûte 42% de plus que l’année dernière. Le salaire mensuel de 60 dollars d’un ouvrier d’usine à Hanoi pouvait auparavant nourrir une famille. Mais maintenant, même en partageant une chambre-dortoir et de la nourriture et les services avec les autres travailleurs, le salaire couvre à peine les dépenses des travailleurs célibataires, déclare un ouvrier d’usine, interrogé par IRIN.

« Que je fasse attention ou non, » dit Dinh To Trinh, qui travaille dans une usine japonaise de caoutchouc, « à la fin du mois, il ne me reste rien. »

L’inflation explose

JPEG - 21.5 ko
© Martha Ann Overland/IRIN

Après une décennie de croissance économique impressionnante, une rapide sortie du Vietnam de la pauvreté est compromise par l’apparition brutale d’une forte inflation, un déficit commercial massif et une baisse de la monnaie, déclare Jonathan Pincus à IRIN, qui est économiste en chef pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à Hanoi. Hier connu pour la plus forte croissance économique en Asie du Sud-Est, le Vietnam est maintenant connu pour avoir le plus haut taux d’inflation dans la région.

Les progrès accomplis pour atteindre les Objectifs du Millénaire des Nations Unies pour le développement – réduire de moitié la pauvreté et la faim d’ici à 2015 – sont compromis, déclare Pincus. « Des prix du riz plus élevés signifieront certainement qu’un certain nombre de ménages qui sont passés au-dessus du seuil de pauvreté vont retomber en-dessous de ce seuil. Mais nous n’avons pas encore suffisamment de données pour savoir combien. »

La famille de Nguyen Thuy Lien ressent les effets néfastes. Son père est à l’hôpital Thanh Nhan de Hanoï pour des calculs rénaux. Bien que la famille ait une assurance, ils doivent encore débourser jusqu’à 20 dollars par jour pour les médicaments.

« C’est beaucoup pour les pauvres gens comme nous, » dit Lien, 21 ans. « Pire encore, nous devons puiser dans nos économies pour payer les factures médicales. Notre famille dépend de ma mère, qui travaille dans les champs, pour payer la nourriture et les dépenses. La vie est très difficile. Nous avons besoin que le gouvernement contrôle l’inflation. »

Le mois dernier, le Premier ministre Nguyen Tan Dung s’est présenté devant l’Assemblée nationale du Vietnam pour reconnaître les problèmes économiques. Il a dit aux députés qu’une inflation galopante a mis à mal les pauvres du Vietnam. Selon des fonctionnaires à Hanoi, le nombre de ménages connaissant la faim a doublé par rapport à l’année précédente. « Le gouvernement partage les difficultés avec les gens, » a déclaré Dung, « et est consciente de ses responsabilités à l’égard de la lutte contre l’inflation. »

Le défi que le Vietnam doit faire face, est de ne pas trop surcharger les pauvres lorsqu’il remettre de l’ordre dans son économie, disent les économistes à IRIN.

Expiration du plafonnement des prix

JPEG - 27.9 ko
© Martha Ann Overland/IRIN

Les efforts du gouvernement pour atténuer le choc comprennent la réduction temporaire des exportations de riz pour augmenter l’offre sur le marché domestique et baisser les prix. En mars, le gouvernement a également gelé les prix de 10 produits de base, comme le ciment et l’essence. Ces plafonds sont arrivés à échéance ce mois-ci et beaucoup s’inquiètent que lorsqu’ils seront levées, ce sont les pauvres qui en souffriront le plus.

Pressé par la hausse des prix, des dizaines de milliers d’ouvriers des usines se sont mis en grève pour des salaires plus élevés. Selon le gouvernement, plus de 300 grèves ont éclatées cette année, soit un doublement par rapport à la même période l’année dernière. Le gouvernement, qui s’oppose à des salaires plus élevés, les a déclarées illégales parce que les augmentations de salaires et l’inflation du carburant rendent le Vietnam moins attrayant pour les investisseurs étrangers, ce qui générera moins d’emploi.

Seul le temps nous dira si le Vietnam pourra freiner la tendance inflationniste. Mais pour Chinh, qui désespérait de travailler chez Canon, un emploi mal rémunéré est mieux que rien du tout. Elle est bouleversée à l’idée de retourner dans son village les mains vides. Mais sans se décourager, elle postulera pour plusieurs emplois qu’elle a repéré sur le tableau avant de prendre l’autobus du retour. Dans quelques jours, elle sera de retour à nouveau, en espérant cette fois, trouver son nom sur la liste.


Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print

Derniers articles

Action collective pour les îles Paracel et Spratly

Aujourd’hui, la communauté internationale s’accorde à dire que la République populaire de Chine mène des actions de plus en plus agressives dans la région indo-pacifique, notamment en mer de Chine méridionale. Ces hostilités ont commencé il y a 49 ans avec l’invasion chinoise des îles Paracels (Hoàng Sa) le 19 janvier 1974,