Vietnam : la réforme du système bancaire dans la tourmente

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11 juin 2012

Le Vietnam a lancé l’an dernier une restructuration de son système bancaire, plongé dans une crise profonde, mais la réforme est aujourd’hui en danger, freinée selon les experts par des groupes d’intérêts puissants et un manque criant de volonté politique.

Après une décennie de libéralisation rapide et chaotique sur fond de gestion défaillante, le secteur bancaire vietnamien s’est retrouvé avec une quarantaine d’institutions publiques et privées dont beaucoup sont à la dérive.

Face à une inflation à deux chiffres et un manque de liquidités dans certaines banques, le régime communiste avait annoncé en 2011 un plan de restructuration agressif. Mais l’inflation a ralenti d’un pic de 23% en août à 8,3% en mai et la Banque centrale a pu abaisser ses taux directeurs. Résultat, les efforts de réformes sont aujourd’hui en berne.

“Les choses se sont calmées un peu à cause de la baisse de l’inflation. Ils pensent qu’ils n’ont pas besoin d’être aussi agressifs+”, explique l’économiste Nguyen Xuan Thanh, directeur du programme de politique publique à l’Ecole Fulbright d’HCM-Ville (sud, ex-Saïgon).

Plus grave peut-être est “la résistance des banques, de leurs propriétaires”, ajoute-t-il, estimant que le contexte politico-économique “ne permet pas au gouvernement d’agir de façon décisive sur une banque en la reprenant pour faire le ménage et la vendre”.

Aux côtés de cinq institutions étrangères dont les géants ANZ et HSBC, le secteur est dominé par de grandes banques d’Etat et des dizaines de petites, au capital public ou privé.

Mais après des années de hausse rapide du crédit beaucoup d’entre elles sont criblées de créances douteuses, la plupart liées à des entreprises d’Etat mal gérées et à des investissements immobiliers spéculatifs.

Et si les banques d’Etat bénéficient de garanties implicites du gouvernement et de la confiance des investisseurs, nombre d’autres ont toutes les peines du monde à se maintenir à flot.

Du coup, les crédits aux petites et moyennes entreprises se sont taris et 18.000 d’entre elles ont mis la clé sous la porte cette année. A moins d’une véritable restructuration bancaire, “l’économie entière souffrira”, met en garde Thanh.

Les analystes soulignent que l’issue passera nécessairement par des mesures radicale. Le gouvernement doit “reprendre les banques les plus faibles, les fusionner, vendre les créances douteuses et ensuite revendre la banque fusionnée”, préconise Jonathan Pincus, économiste de la Harvard Kennedy School.

“Ce serait plus rapide et moins risqué pour le système dans son ensemble, mais les propriétaires de banques s’y opposeraient”.

Beaucoup de petites banques sont aujourd’hui la propriété de filiales d’entreprises d’Etat ou de groupes d’investisseurs bien connectés qui, malgré la loi, possèdent plusieurs banques. Résultat, des structures complexes et croisées “politiquement difficiles à démêler”, note Pincus.

Le projet de réforme s’appuie sur des fusions volontaires dans le privé, faisant absorber les banques en déroute par celle ayant de meilleurs résultats. Mais beaucoup dissimulent leur véritable état de santé.

Et si les autorités avaient indiqué que cinq à huit banques seraient fusionnées cette année, elles semblent désormais “embarrassées” par cette promesse, estime Le Tham Duong, de l’Université des banques d’Ho Chi Minh-Ville.

Ce dont le pays a réellement besoin est d’une véritable restructuration dirigée par l’Etat et pas de fusions volontaires du secteur privé, souligne pour sa part Nguyen Xuan Thanh. Mais une telle réforme coûterait très cher et demanderait beaucoup d’audace. “D’abord, on a besoin de la volonté politique, qui fait toujours défaut”, relève-t-il.

Source : Les Echos

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