Vietnam : les voitures de luxe prolifèrent, les inégalités aussi

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6 juillet 2011

HANOI — Une jeune femme en robe argentée moulante pose devant une berline haut-de-gamme, au salon de l’automobile de Hanoï. Cette voiture représente près de deux siècles de salaire pour un Vietnamien moyen, mais les Audi et autres Mercedes se multiplient dans les rues de la capitale. Un signe des inégalités sociales grandissantes et de la “consommation ostentatoire” dans un pays communiste qui s’est ouvert progressivement à l’économie de marché depuis 1986, selon John Hendra.

“L’écart de richesse augmente entre les riches et les pauvres”, soulignait-il récemment avant de quitter son poste de patron de l’ONU dans le pays.

Jadis, le communisme vietnamien considérait les bourgeois comme des ennemis du peuple. Mais désormais, la richesse est acceptable, qu’elle provienne de la bulle immobilière, du commerce, de l’industrie ou d’une corruption endémique. Et les vendeurs de voitures en profitent.

“Nous doublons nos ventes chaque année et je pense que nous allons continuer”, se réjouit Laurent Genet, directeur général d’Automotive Asia Ltd, importateur officiel d’Audi.

Le constructeur allemand a même présenté à Vietnam Auto Expo son Audi A6, qui coûte un peu moins de 100.000 euros, soit environ 180 ans du salaire mensuel vietnamien moyen de 1.365.000 dongs (45 euros).

Ford, Toyota, Mercedes-Benz et d’autres assemblent déjà des voitures dans le pays depuis plusieurs années. Et depuis son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2007, le pays s’est ouvert aux importateurs officiels. De nouvelles marques font donc leur entrée sur un marché en pleine expansion.

Renault vend depuis l’an dernier son 4X4 Koleos pour 1.429 millions de dongs (environ 47.000 euros). “Les ventes ont plutôt bien démarré”, assure Xavier Casin, patron d’Auto Motors Vietnam, importateur de la marque française.

Une question de prestige

Range Rover aussi se porte bien. La marque est présente depuis trois ans et ses ventes ont augmenté d’environ 50% en 2011, même si les modèles exposés au salon approchaient les 200.000 dollars.

Au total, la vente de voitures particulières et de 4×4 a augmenté de 38% sur un an lors des quatre premiers mois de l’année, selon l’Association des constructeurs automobiles du Vietnam.

Quelques modèles de Bentley ou de Rolls-Royce côtoient même les innombrables deux-roues qui s’entremêlent dans les rues étroites de Hanoï. Malgré une situation économique difficile.

Car si le Vietnam connaît depuis de nombreuses années une forte croissance, il se bat aussi contre de graves déséquilibres : 12,4 milliards de dollars de déficit commercial en 2010, une monnaie en chute libre et une inflation qui a atteint en juin 21% sur un an.

Dans ses efforts pour stabiliser l’économie, la Banque centrale a donné des directives pour limiter les prêts aux secteurs non productifs, comme la spéculation immobilière et la bourse, et pour maintenir la croissance des crédits en dessous de 20% cette année.

Mais rien qui fasse trembler le marché du luxe, assure Laurent Genet.

“Nous vendons des voitures chères à des gens qui n’ont pas vraiment besoin de prêt”, dit-il. “Pour eux, c’est une question de prestige, c’est presque un investissement”.

Tran Minh Tuan, 28 ans, confirme. “La voiture que vous conduisez est un signe de votre classe sociale, de votre identité”, souligne l’agent immobilier.

“Je pense que la demande pour les voitures de luxe au Vietnam a toujours été importante. Même si parfois l’économie n’est pas bonne, il y a toujours beaucoup de gens qui ont de l’argent”. Un étalage de richesse que beaucoup voient comme une manifestation de la corruption endémique dans le pays.

Mais pour la majorité, acheter une de ces voitures de luxe n’est qu’une chimère. “Je conduis une moto”, raconte Nguyen Tuan Hung, 37 ans. “Je n’ai pas d’argent pour acheter une voiture. Mais bien sûr, j’en rêve”.

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