Vietnam : répression systématique des droits de l’homme

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23 janvier 2012

Ce n’est pas un pays pour les défenseurs et les militants des Droits de l’homme

(New York) – Le gouvernement vietnamien a intensifié sa répression des militants et des dissidents en 2011 et a réprimé très sévèrement la liberté d’expression, d’association et de réunion, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch dans son Rapport Mondial 2012. Des blogueurs, des écrivains, des défenseurs des droits de l’homme, des militants des droits fonciers, des militants anti-corruption, des religieux et des défenseurs de la démocratie ont été harcelés, intimidés, arrêtés, torturés et emprisonnés.

En 2011, le gouvernement vietnamien a jugé et condamné 33 militants pacifiques à 185 ans de prison, suivis de 75 ans de liberté surveillée. Parmi les personnes condamnées pour leurs activités pacifiques se trouvaient le Docteur Cu Huy Ha Vu, éminent juriste ; ainsi que Phung Lam, Vi Duc Hoi, Nguyen Ba Dang, Pham Minh Hoang, Lu Van Bay et Ho Thi Bich Khuong ; tous sont connus pour être des défenseurs et/ou des blogueurs pour la démocratie et les droits de l’homme. Au moins 27 autres militants ont été arrêtés par les autorités et sont en attente d’une enquête et/ou d’un procès. Au moins deux blogueurs – Nguyen Van Hai (alias Dieu Cay) et Phan Thanh Hai (alias Anhbasg – sont détenus sans procès depuis 2010.

“La condition des droits de l’homme au Vietnam est difficile et se dégrade de plus en plus, avec un flux constant de personnes qui se font arrêter pour avoir simplement exercé leurs droits” dit Phil Robertson, Directeur Adjoint pour l’Asie de Human Rights Watch. “Les donateurs qui apportent leurs subventions au développement du Vietnam devraient publiquement exprimer leur soutien aux courageux militants vietnamiens et exiger la libération immédiate de tous ceux qui ont été arbitrairement arrêtés et emprisonnés.”

Dans son Rapport Mondial 2012, Human Rights Watch estime que 90 pays se sont améliorés en matière de droits de l’homme l’année dernière, y compris lors des soulèvements populaires du monde arabe que peu auraient imaginé. Dans son rapport, Human Rights Watch précise qu’étant donné les mouvements violents qui résistent au “Printemps Arabe”, la communauté internationale a un important rôle à jouer dans la région pour aider dans la formation de démocraties respectueuses des droits.

Au Vietnam, la plupart des détenus et des prisonniers politiques ont été inculpés en vertu d’articles maladroitement rédigés du Code pénal vietnamien qui criminalisent toute opposition pacifique. Ces crimes incluent “subversion de l’administration du peuple” (Article 79), “Entraves à la mise en œuvre des politiques de solidarité” (Article 87) ; “propagande contre l’Etat” (Article 88 du Code pénal), et “abus des libertés démocratiques” pour “porter atteinte aux intérêts de l’État” (Article 258).

“Le Vietnam nie emprisonner les gens pour avoir simplement exprimé des opinions politiques divergentes, mais il n’hésite pas à utiliser des lois draconiennes pour frapper les dissidents politiques”, dit Robertson. “Si le Vietnam veut être considéré comme un pays qui respecte les droits, il devrait respecter ses engagements internationaux en matière de droits de l’homme en supprimant ces lois et en arrêtant de criminaliser les activistes pacifiques.” La liberté de religion n’est pas mieux lotie puisque les membres des groupes religieux indépendants sont constamment harcelés, intimidés et arrêtés par la police. Le gouvernement cible les branches indépendantes de l’Eglise Caodaïste, de l’Eglise Bouddhiste Hoa Hao, des congrégations des Protestants et des Mennonites, et de l’Eglise Bouddhiste Unifiée du Vietnam. La Police empêche la célébration publique des manifestations religieuses, les participants sont intimidés et arrêtés et les chefs religieux de ces groupes sont placés en résidence surveillée. Même les organisations religieuses reconnues par le gouvernement telles que les Eglises Rédemptoristes à Hanoï et à Hô Chi Minh-Ville sont constamment harcelées ; une attaque en bande a notamment été perpétrée contre l’Eglise catholique de Thaï Ha à Hanoï.

En avril, huit Montagnards Protestants ont été condamnés à des peines de 8 à 12 ans de prison, pour avoir soi-disant porter atteinte à la politique d’unité nationale. En juillet, malgré les protestations des diplomates et des militants, un prêtre catholique gravement malade, le Père Nguyen Van Ly, a été renvoyé en prison après avoir été assigné à résidence pendant 16 mois dans une des résidences de l’Eglise dans le cadre d’une autorisation de sortie pour raisons médicales.

En novembre, les activistes du Falun Gong Vu Duc Trung et Le Van Thanh ont été respectivement condamnés à trois et deux ans de prison pour avoir diffusé des informations sur le Falun Gong vers la Chine. En décembre, le Tribunal populaire de An Giang a condamné les militants religieux Nguyen Van Lia et Tran Hoai An à, respectivement, cinq et trois ans de prison pour l’apologie pacifique du Bouddhisme Hoa Hao. Egalement en décembre, le Pasteur Protestant Nguyen Trung Ton a été condamné à deux ans de prison pour avoir écrit sur la répression de la religion par les autorités. Au moins dix-neuf autres Catholiques et deux Protestants ont également été arrêtés par la police en 2011.

“Le gouvernement veut séparer la religion de l’activisme dans toutes ses formes, mais la liberté de religion inclut la liberté de parler, d’écrire et de protester sur les questions de croyance religieuse, d’éthique et de droits”, dit Robertson. “Les États-Unis devraient à nouveau désigner le Vietnam comme ’un pays particulièrement préoccupant’ du fait de ses violations continues en matière de liberté religieuse et demander aux autres gouvernements de soulever ces questions auprès des dirigeants de Hanoï.”

La loi vietnamienne autorise toute “détention administrative” arbitraire sans procès. Conformément à l’Ordonnance 44 (2002) et au Décret 76 (2003), les dissidents pacifiques et ceux considérés comme une menace à la sécurité nationale ou à l’ordre public peuvent être placés en établissements psychiatriques, assignés à résidence, ou détenus dans des centres “de réadaptation” ou “d’enseignement” gérés par l’Etat. Les toxicomanes peuvent être détenus jusqu’à quatre ans dans des centres de réadaptation gérés par l’Etat où ils reçoivent peu de soin, mais sont soumis aux coups, à la torture, au travail forcé (sous le couvert de soi-disant “thérapie de travail “) et à l’isolement.

Des personnes ayant été détenues dans des centres dits de désintoxication ont indiqué avoir été forcées à travailler dans le traitement de la noix de cajou ou d’autres formes de production agricole ou dans la fabrication de vêtements ou d’autres formes de fabrication, comme la transformation du bambou et du rotin. Conformément à la loi vietnamienne, les sociétés qui travaillent avec ces centres sont exonérées d’impôt. Certains produits fabriqués grâce au travail forcé ont fait leur chemin et les sociétés qui les fabriquent ont leur place dans la chaîne de l’exportation à l’étranger, notamment vers les États-Unis et l’Europe.

Une étude réalisée début 2011 a révélé que 123 centres de désintoxication répartis à travers le pays ‘employaient’ 40.000 personnes, dont des enfants âgés de 12 ans. En novembre, le Comité populaire de Hanoï a ordonné à la police d’envoyer une militante des droits fonciers, Mme Bui Thi Minh Hang, dans un centre d’éducation pour y purger une peine de 24 mois.

“Personne ne devrait être soumis au travail forcé et au dénigrement quelles en soient les circonstances, encore moins au nom “de thérapie” ou “d’éducation” dit Robertson. “Le Vietnam devrait immédiatement libérer ces détenus, fermer ces centres abusifs et abroger les ordonnances et les décrets autorisant la détention administrative.”

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